Parmi les secteurs fortement touchés par la crise du Covid, celui de l'édition. Les maisons d'éditions régionales, qui n'ont pas les moyens des grandes maisons nationales, ont particulièrement souffert. Etat des lieux en Limousin.
Le Limousin est une terre littéraire. De très nombreux auteurs et des éditeurs depuis des dizaines d'années. Mais comme partout en France, la Covid a bouleversé la chaîne du livre, qui n'a pas forcément les reins très solide, surtout les petites maisons d'édition régionales que l'épidémie a fortement déstabilisées.
Fondées en 1984, les éditions de la Vétizou , spécialisées dans le roman de terroir et les encyclopédies de la Résistance, a payé un lourd tribut à la crise sanitaire comme nous le détaille Pierre Louty : "Voilà 40 ans que j'ai créé ces éditions. Je n'avais jamais vu ça. Nous sommes restés fermés 4 mois sur 12. Nous avons perdu 1/4 de la vente de nos livres et notre chiffre d'affaires a chuté de 30 %. C'est dévastateur. Cela représente 50 000 euros de pertes qu'on ne retrouvera jamais".
Pierre Louty a pourtant pu sauver les meubles en fin d'année, grâce à son dernier livre, "Bons baisers de mon Limousin", qui a connu un joli succès parmi son lectorat, grâce à la vente par correspondance, lorsque les librairies et les salons étaient fermés.
Limiter les dégâts
Une autre maison d'édition, qui fait partie du paysage limousin depuis une quarantaine d'années : les Monédières, récemment reprise par Esther Mérino. Depuis 2 ans, la jeune femme s'applique à dépoussiérer l'image de sa maison d'édition, la rendre plus moderne et plus généraliste, tout en gardant un encrage territorial.
Mais la crise a freiné cette dynamique. Sur la douzaine de livres qu'elle devait sortir en 2020, seulement 2 ont été édités, mais elle a tout de même réussi à limité les dégâts financièrement "avec l'aide des auteurs qui ont accepté de décaler le paiement de leurs droits d'auteur, les aides des institutions comme la DRAC".
Les éditions Lucien Souny ont aussi pu bénéficier d'une aide salutaire de la DRAC, mais la crise a très fortement impacté le chiffre d'affaires, en baisse de 53% sur l'année 2020 et 23 livres édité sur les 42 initialement programmés.
Y croire...
Du côté des Ardents éditeurs, ils accusent une baisse de leur chiffre d'affaires de 57% à la fin du premier semestre. "Nous avons manqué tous les grands événements comme le salon du livre de Bruxelles, celui de Paris, Lire à Limoges puis Brive. Ces événements sont très importants pour une maison d'édition indépendante comme la nôtre. Heureusement, il y a eu un bon rattrapage estival avec des préconisations touristiques et patrimoniales sur le Limousin".
La fin de l'année et la période des fêtes ont permis, là aussi, de limiter les dégâts mais l'avenir reste très incertain. Mais tous les éditeurs se disent optimistes pour l'avenir, à l'image de Pierre Louty à qui revient le mot de la fin : "Le Limousin, c'est une terre de Résistance, je crois que livre finira par l'emporter sur le virus !".