Il sert de porte d'entrée historique aux ruines du village martyr d'Oradour-sur-Glane : le Centre de la Mémoire, un espace mémoriel inauguré en 1999 par Jacques Chirac qui permet aux visiteurs, parmi lesquelles les jeunes générations, de comprendre le parcours sanglant de la division SS Das Reich.
À l'entrée d'Oradour, des lames d'acier déchirent le paysage. Ces lames symbolisent le massacre du 10 juin 1944, elles conduisent le visiteur au Centre de la Mémoire. Lieu mémoriel créé il y a 24 ans, une nécessité pour entretenir le devoir de mémoire, comme l'explique Babeth Robert, directrice du Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane (87) : "On a pris conscience que bientôt, des témoins, il n'y en aurait plus. Donc plus de témoins, des traces matérielles modifiées par le temps, ça a provoqué cette prise de conscience et permis au conseil général à l'époque de porter ce projet ambitieux, qui est aujourd'hui encore plus que nécessaire."
En 1989, l'association nationale des familles des martyrs d'Oradour et le conseil général de la Haute-Vienne décident de créer ce lieu. Le Centre de la Mémoire sera inauguré dix ans plus tard par le président Jacques Chirac.
La mémoire d'Oradour appartient à ceux qui ont souffert dans leur chair et dans leur âme. Mais elle appartient aussi à la mémoire collective.
Jacques ChiracAncien président de la République, le 16 juillet 1999
Pourquoi ce centre ?
Ce lieu permet, avant d'arpenter les ruines du village martyr, de se souvenir et de recontextualiser les faits. Il permet de comprendre pourquoi Oradour fut choisi par les SS. "Les SS n'arrivent pas par hasard, explique Sylvie Ramond, guide conférencière au Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane (87). Il y a eu des réunions préparatoires, et le village d'Oradour va être choisi pour cette opération de grande envergure et ce massacre de la population".
Notre équipe croise Abdourrahmane, élève de 3ᵉ au collège Claude Boucher de Cognac en Charente. Dans les couloirs du Centre de la Mémoire, ce jeune découvre l'histoire tragique du village martyr ce 10 juin 1944 et ne peut qu'être troublé par le récit de la guide : "C'est super triste, je trouve que c'est de la violence qui est non modérée et gratuite. Franchement ça déchire le cœur."
Ce lieu de visite demeure un gardien contre l'oubli, une porte d'entrée indispensable au village martyr.
Un nouveau centre en projet
Les espaces de ce Centre qui accueille 300 000 visiteurs par an, seront totalement reconfigurés avec des travaux débutant à l'automne 2025 pour une durée prévue de dix-huit mois. Pendant les travaux, le musée fermera, mais le village restera accessible.
Le projet de rénovation portera sur la scénographie pour répondre aux nouvelles attentes du public. La directrice, Babeth Robert, précise : "Les dispositifs dont on dispose aujourd’hui permettent de proposer de l’information détaillée, abondante, sans l’imposer à l’ensemble des visiteurs parce que certains souhaiteront avoir le plus de détails possibles et d’autres non."
Le centre rénové fera appel aux nouvelles technologies pour s’adapter à des visiteurs plus jeunes, tout en respectant les familles de victimes. C'est une priorité du projet de rénovation pour Benoit Sadry, président de l’association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane : "Il y a à maintenir le souvenir des familles, c’est vraiment notre action. On participe à cela avec le Centre de mémoire, il y a cette partie dédiée à ce message de souvenir, mais il y a toute cette portée, peut-être plus universelle, d’Oradour qui aujourd’hui est abordée."
Une nouvelle étape pour ce site mémoriel qui doit coûter plus de treize millions d’euros.