80 ans du massacre d'Oradour : un an de travail, 80 bénévoles, l'histoire de l'arbre généalogique consacré aux victimes et à leurs familles

À l'occasion des commémorations du 80ᵉ anniversaire du massacre d'Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944, "Geneanet", le premier site européen de généalogie, présente un arbre généalogique collaboratif qui regroupe les familles de 643 victimes de la tragédie. Le projet intitulé "Oradour 1944" regroupe ainsi la généalogie de 56 000 personnes.

S'intéresser aux personnes, au-delà de la grande histoire, c'est l'objectif du projet "Oradour 1944" entrepris par Geneanet, en 2019. Cette envie est partie de Frédéric Thébault, le responsable éditorial du site. Il a découvert la commune étant enfant : "Ça m’a marqué. Il y avait des murs brûlés. Je me demandais qui étaient ces gens. Plus tard, j’ai voulu me servir de mon métier pour développer un peu cette question", raconte-t-il.

Après avoir reçu, de la part du Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane, une liste des victimes, Frédéric Thébault, décide de faire un appel à témoin avec une idée en tête : connaître l'histoire des victimes et de leurs familles.

Je me demandais qui étaient ces gens.

Frédéric Thébault

Responsable éditorial de Geneanet

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Quelle méthodologie ? 

"Nous ne sommes pas des historiens, rappelle le responsable éditorial. Nous travaillons à partir de ce que les gens nous apportent. Le site permet à n'importe qui de créer un arbre généalogique et de contribuer à un autre librement", détaille-t-il.

Pendant une année, près de quatre-vingts bénévoles, des proches de victimes ou de parfaits inconnus, ont alimenté l'arbre au fur et à mesure, avec des archives : des actes de mariages, de naissances, de décès, mais aussi des testaments et des témoignages. "Ça permet de reconstituer une famille. On a pu déterminer qui était dans telle ou telle maison, ce qu'elles faisaient le jour de la tragédie", souligne-t-il.

Aujourd'hui, l’arbre généalogique en ligne, contient plus de 56 000 individus, incluant non seulement les victimes, les survivants, mais aussi leurs familles proches et leurs ancêtres sur environ cinq générations en moyenne. Il inclut également les survivants et les habitants des hameaux voisins. Des photos ont été rassemblées pour mettre un visage sur les victimes.

"On a résumé le travail des familles. Elles ont été très émues. C'est la première fois qu'une reconstitution aussi précise et complète est faite. Je suis plutôt fier. C’est un travail assez inédit qui est,  à présent, accessible à n'importe qui, c'est gratifiant. C'est un vrai devoir de mémoire", confie Frédéric Thébault.

Ce travail est, à présent, accessible à n'importe qui, c'est gratifiant. C'est un vrai devoir de mémoire.

Frédéric Thébault

Responsable éditorial de Geneanet

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Un outil de compréhension

Cet arbre généalogique fait partie des outils qui permettent de mieux comprendre le massacre d’Oradour-sur-Glane, une mine d’information, même si, comme toutes sources, il faut garder un regard critique. "Même si le travail a été effectué de manière rigoureuse, personne n'est infaillible. Il faut recouper les sources. Il peut comporter des inexactitudes parfois sur les dates, sur ce que faisaient les victimes", rappelle Sandra Gibouin, documentaliste au Centre de la mémoire. Parmi les sources à disposition du public, le dictionnaire biographique Maitron, en ligne, recense la biographie de personnes décédées, et parmi elles, certaines victimes du massacre.

Le projet de Geneanet permet de mieux comprendre, dans quelques contextes, les martyrs ont perdu la vie et participe ainsi au travail de mémoire."On connaît bien l'histoire d'Oradour-sur-Glane, mais moins celle de ceux qui y habitaient, maintenant, c'est différent", confie Frédéric Thébault.

 

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