Témoignage. Massacre d'Oradour :"Quand je passais à vélo, j'avais très peur !" Madeleine, 80 ans, premier bébé né au lendemain du massacre

Publié le Écrit par Martial Codet-Boisse
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C'est la première fois qu'elle témoigne, 80 ans après. Madeleine Ayrault, née Raymongue, est le premier bébé à être né à Oradour-sur-Glane, le 11 juin 1944. Le lendemain du massacre où des soldats SS de la Division Das Reich tuèrent méthodiquement 643 hommes, femmes et enfants.

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Les cendres d'Oradour sont encore fumantes que, non loin du village martyr, un cri jaillit : celui d'un bébé, le premier, né le lendemain du massacre. Madeleine Solange Raymongue naît à 9 h 30 du matin, le 11 juin 1944, au premier étage d'une maison du hameau des Bordes sur la commune d'Oradour-sur-Glane.

La veille, ce dramatique 10 juin, peu avant le drame, le docteur du village était venu voir sa mère.

Et c'est là qu'il lui a dit, petite, c'est pour bientôt !

Madeleine Ayrault, née Raymongue

Quelques heures après sa visite, le docteur Desourteaux meurt lors du massacre d'Oradour-sur-Glane, ainsi que 642 autres victimes.

Des hommes, des femmes et des enfants tués méthodiquement par des SS de la Division Das Reich.

 Oradour se retrouve sans médecin, la population des alentours se cache, terrifiée. Le père de Madeleine et son oncle vont alors chercher un autre praticien à quelques kilomètres, à Cieux.

À travers champs, car les Allemands sont toujours là...

Mon père m'a dit. Ils se cachaient partout, dans les fossés, où ils pouvaient. Ils ont vu passer les camions allemands qui revenaient vers Oradour.

Madeleine Ayrault, née Raymongue

durée de la vidéo : 00h02mn30s
C'est la première fois qu'elle témoigne, 80 ans après. Madeleine Ayrault, née Raymongue, est le premier bébé à être né à Oradour-sur-Glane, le 11 juin 1944. Le lendemain du massacre où des soldats SS de la Division Das Reich tuèrent méthodiquement 643 hommes, femmes et enfants. Équipe : Martial Codet-Boisse, André Abalo, Sébastien Bugeaud. ©FTV

Une enfance dans le souvenir d'Oradour 

La mère de Madeleine perdra son frère, sa nièce. De ces victimes restent quelques photos familiales... et une dinette. "Ma tante l'avait donnée à maman. C'est une dinette avec laquelle on n'a jamais joué, il ne fallait pas la casser, raconte Madeleine. De temps en temps, maman nous faisait du chocolat avec ma sœur. Elle nous servait le chocolat dans la petite dinette. C'était extraordinaire, mais on n'avait pas le droit de jouer."

On parle peu du massacre

À la maison, les grands-parents, les parents, parlent peu du 10 juin 1944, mais le traumatisme lié au massacre est bien là, omniprésent. 

"Les ruines étaient beaucoup plus impressionnantes. Ce n'était pas nettoyé comme maintenant. Les ruines étaient encore très noires. Quand je passais à vélo, j'avais très peur, se souvient Madeleine. Je me retournais, je pédalais à toute vitesse jusqu'à la grille du cimetière. Quand j'ouvrais la porte du cimetière, j'apercevais les maisons de l'autre côté. Je disais, ça y est, c'est bon, tu es sauvée. C'est tout bête, mais j'avais toujours l'impression que quelqu'un allait ressortir." 

Madeleine grandira, déménagera à Paris, se mariera et aura deux enfants, quatre petits-enfants. Elle travaillera au Trésor Public jusqu'à sa retraite.

Quatre-vingts ans après le massacre perpétré à Oradour-sur-Glane, Madeleine Ayrault reste attachée à son bourg. Avec son époux Jean-Claude, elle accueille souvent sa famille dans leur maisonnette des bords de Glane. Ici, à Oradour, sa terre natale... sa terre de cœur. 

 

 

 

 

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