Les HLM (habitation à loyer modéré) vont progressivement être réhabilités ou détruits d'ici à la fin de la décennie à Limoges. Cette nouvelle politique de logement vise à rendre ses quartiers plus ouverts. Ces immeubles répondaient, à leur début, à un besoin d'accueillir des travailleurs dans une ville en plein essor.
C'est la fin d'une époque, d'une utopie, celle des grands ensembles. Dans le quartier de Beaubreuil, au nord de Limoges, cinquante ans après la construction des HLM, des immeubles sont détruits.
Trouver des logements après la guerre
À l’époque, des quartiers entiers de HLM étaient sortis de terre en quelques mois. Retour dans les années 60 et 70... Après la guerre, Limoges est en pleine croissance et ne dispose pas de suffisamment de logements pour accueillir tous ses habitants. De là naît l’impérieuse nécessité de revoir globalement une politique de logement.
L'office public de HLM met alors à la disposition des citadins, près de 1 500 logements. Le plus gros chantier est celui de la ZAC (Zone d’aménagement concertée) de Beaubreuil, dont la première tranche comporte 988 logements.
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Dans un autre quartier, les Portes ferrées, 569 logements sont très rapidement habités. L’objectif est bien de normaliser dans les années à venir un problème humain préoccupant : "On ne peut peut-être pas parler de bidonvilles à l'époque, mais il y eut une dégradation de l'habitat, notamment au centre-ville et des quartiers anciens comme l'Abbessaille, autour de la cathédrale, où là vraiment, on a des conditions de logement qui sont déplorables, qui n'ont jamais été modernisés. C'est donc pour répondre à cela qu'on construit, en périphérie, ces immeubles modernes", explique Philippe Grandcoing, un historien limougeaud.
En quelques années, des milliers de logements sociaux vont pousser aux portes de Limoges. La ville se transforme avec un mot d'ordre : construire vite, beaucoup et pas trop cher.
À l'époque, ces logements sont destinés à accueillir des salariés, voire des employés, des cadres qui souffrent du mal logement. Il n'y a pas de différence sociologique radicale, entre les grands ensembles et le reste de la ville. Ce sont des familles avec des enfants, souvent avec les deux parents qui travaillent. Ça n'a rien avoir avec la sociologie des habitants d'aujourd'hui.
Philippe GrandcoingHistorien limougeaud
"Pour construire plus vite, moins cher, on a apporté une densité de population"
Durant les premières années, la diversité des grands ensembles compense les problèmes liés à la concentration. Mais, peu à peu, certains partent. Les quartiers vont alors se transformer et concentrer la pauvreté. Les problèmes s'accumulent et l'ambiance se dégrade.
"On s'est trompé puisqu'en densifiant énormément ces quartiers, pour construire plus vite, moins cher, on a apporté une densité de population. Au départ, cela n'a pas posé de problème, remarque Philippe Grandcoing. Mais, du fait de l'évolution de ces quartiers, on a aussi densifié, en quelque sorte, les problèmes sociaux, liés au quartier : le chômage, éventuellement l'insécurité, les problèmes liés aussi à la scolarisation des enfants issus de l'immigration. C'est devenu des sortes de ghetto."
À Limoges comme ailleurs, l'heure est au changement après près d'un demi-siècle d'une politique de logement tournée vers les grands ensembles. "L'idée de la destruction, c'est à la fois d'ouvrir ces quartiers, ces cités, sur l'extérieur et de diminuer la densité de population et donc de diminuer l'intensité des problèmes qui sont liés", détaille l'historien.
Les pelleteuses n'ont donc pas fini de travailler. Un programme de renouvellement urbain prévoit de réhabiliter ou de détruire des milliers de logements dans les quartiers de Limoges, jusqu'à la fin de la décennie.