Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn se rendront ce vendredi 13 octobre à Châlus pour présenter « le plan du gouvernement pour l’égal accès aux soins dans les territoires ». Un enjeu important en Limousin.
La journée va débuter dès 9h : le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn inaugureront la nouvelle maison de santé de Châlus, à 40 kilomètres au sud-ouest de Limoges.
Selon la préfecture de Haute-Vienne, « ils rencontreront les professionnels de santé exerçant au sein de la structure qui, lors d’un temps d’échanges, témoigneront du caractère essentiel des maisons et centres de santé dans nos territoires. »
C’est à l’issue de cette visite que le nouveau plan du gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux sera présenté. L’intervention se terminera autour de 10h.
La maison de santé de Châlus n’a pas été choisie au hasard : c’est une structure emblématique de ce que voudrait développer le gouvernement. Elle accueille depuis avril plusieurs médecins généralistes ainsi qu’un dentiste, un pédicure-podologue, un cabinet de kinésithérapeutes, deux sages-femmes et un centre de soins infirmiers.
Visite en avant première...
Le Limousin, zone « fragile » ?
Selon les critères de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle Aquitaine pour accorder aux médecins des mesures incitatives à l’installation, la quasi-totalité du Limousin est classé zone "fragile". Seules les agglomérations de Brive et de Limoges ne sont pas concernées.
Mais cette carte devrait évoluer, avec de nouveaux critères, et d’autres études sont moins alarmantes.
L’association de consommateurs UFC que Choisir, qui dénonce depuis longtemps les inégalités d’accès à un médecin, propose une cartographie plus contrastée, et même une évolution positive dans certains secteurs de la région.
Dans une étude de la Dress publiée en mai 2017, le ministère de la Santé précise qu'à l'échelle nationale, "98 % de la population accède à un médecin généraliste en moins de 10 minutes ; seul 0,1 % de la population (57 000 personnes environ) doit faire 20 minutes ou plus pour accéder à un généraliste."
Une question d'organisation
Il faut dire que la question de la désertification médicale n’est pas due à un manque de médecins en France, mais à des problèmes d’organisation.
Il n’y aura plus dans l’avenir un médecin par village, qui travaille seul, avec des horaires harassants. On peut considérer que c’est une bonne nouvelle pour sa santé et pour celle de ses patients...
Les maisons pluri-professionnelles de santé répondent à ce défi d’avenir, et plusieurs exemples positifs sont nés notamment en Corrèze.
Reste à connaître le montant des investissements que la nouvelle ministre de la santé souhaitera mobiliser pour soutenir les professionnels de santé qui porteront les futurs projets.
Quelle efficacité ?
Mais la lutte contre les déserts médicaux ne s’arrêtera pas au développement des maisons de santé.
Le plan du gouvernement prévoit aussi d’améliorer le déploiement de la télémédecine, pour favoriser notamment la collaboration entre les professionnels de santé.
La formation des médecins devrait aussi être adaptée, avec des stages dans des cabinets médicaux.
Une délégation de certains actes sera aussi possible, par exemple le développement de la vaccination par les pharmaciens.
Liberté d'installation
D’autres sujets plus sensibles ne devraient pas faire partie du plan, comme la régulation des nouvelles installations de médecins.
Cette mesure, plusieurs fois proposée notamment par certains parlementaires ou par la cour des comptes viserait à améliorer la répartition des médecins sur le territoire, mais elle provoque toujours une levée de bouclier des syndicats de médecins, et aucun gouvernement n’est jusqu’ici parvenu à la mettre en place.
Les nombreux plans de lutte contre les déserts médicaux mis en place par les précédents gouvernement et basés sur des mesures uniquement incitatives n'ont jusqu'ici abouti qu'à des résultats très mitigés.
Manifestation
La section santé de la CGT de Haute-Vienne a prévu une manifestation et sollicite une rencontre avec Agnès Buzyn.
Parmi les motifs de cette grogne, la diminution du nombre d'emplois aidés, et les coupes budgétaires prévues dans le plan de financement de la sécurité sociale.