Depuis trente ans, grâce à l'association L'Outil en Main, les plus jeunes découvrent de nombreux savoir-faire. À Panazol, une trentaine de bénévoles, tous retraités, transmettent avec bienveillance leurs connaissances aux jeunes générations, créant parfois des vocations.
S'il nage encore dans sa blouse, Hector a déjà de l’or entre les mains. Ou plutôt du cuivre : le jeune garçon de neuf ans est en train de former un bougeoir à partir de tubes de cuivre. "On a lustré, on a brasé. On a tordu du cuivre et à la fin, ça donne un beau bougeoir qui brille," raconte-t-il, tout fier.
Son bougeoir, Hector le réalise au centre de formation des compagnons du Tour de France à Panazol (Haute-Vienne), près de Limoges, épaulé par Jean-François Jouanneau, bénévole à l'association L'Outil en main. Lui est retraité d’une entreprise de chauffage et a toujours eu à cœur de transmettre son savoir-faire.
On leur tient la main, mais ce sont eux qui brasent, qui font tout. On leur montre, et puis après c'est parti !
Jean-François JouaneauBénévole de l'association L'Outil en Main
"Dans l'entreprise, on avait des jeunes qui arrivaient, ils avaient seize ans. Bon, là, c'est pas pareil : on enseigne à la famille, et puis à des enfants qui ont l'âge de nos petits-enfants. Et puis c'est un plaisir aussi," garantit le septuagénaire. "J'aime bien la plomberie : ça donne très envie de braser, tenir un chalumeau, c'est une grande sensation," assure Hector.
La maçonnerie dans le sang
À quinze ans, Philomène entame sa deuxième année à L’Outil en main. Elle a maintenant un peu d’expérience, et surtout beaucoup de talent. "Elle est exceptionnelle, s'émerveille Raymond Cominelli, bénévole à L'Outil en main, en charge de la maçonnerie. La première séance, on a fait un mur en pierre sèche. Elle n'avait jamais touché une pierre de sa vie et elle a fait ça en une fois, alors qu'il faut souvent s'y prendre à deux, voire trois fois."
"Depuis que je suis petite, je suis pas attirée par les choses intellectuelles, à part lire. J'aimais bien réparer mes poupées, avoue l'adolescente. On a une maison assez vieille qu'on essaie de reconstruire un peu. Tous les enfants y mettent du leur et c'est assez intéressant parce qu'on découvre ce qu'on est capable de faire avec nos mains."
On est ici avec des gens de notre âge, mais aussi des gens de métier qui nous aident, qui nous comprennent et nous encouragent, alors que parfois, à l'école, les profs sont pas très ouverts.
Philomène15 ans
Devenu vitrailliste à la soixantaine
À 91 ans, André Gaudillère est le doyen des "gens de métier", comme on les appelle ici. Ancien travailleur social, ce touche-à-tout s’est reconverti comme vitrailliste la soixantaine passée. "C'était surtout pour redonner du sens à la vie, parce que si on ne fait rien... Je pense qu'on ne vieillit pas bien !" sourit-il.
Très concentré, Daniel applique scrupuleusement chaque consigne : il réalise, avec l'aide de son mentor, une mouette en vitrail. "André me fait pratiquer, j'essaie une fois ou deux. Et après, c'est bon !" décrit le jeune garçon. "Ce qu'on veut transmettre, c'est le rapport entre la main et la pensée, que les deux sont liés. On ne peut rien faire sans la tête, ni sans ses mains," ajoute André Gaudillère.
Lorsque l'atelier est terminé, ces jeunes repartent avec leur création. Durant deux ans, ils découvriront une vingtaine de métiers différents.