"On ne peut pas admettre qu'un patient reste 5-6 jours sur un brancard", les soignants sont désemparés à Limoges

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Face au manque de moyens criant, les infirmiers et aides-soignants sont désemparés. ©I. Rio, A. Jegat et P. Ruisseaux - France 3 Limousin - France Télévisions

Au centre hospitalier universitaire de Limoges, infirmiers et aides-soignants veulent alerter sur la situation des urgences en cette fin d'été. Face au manque de places disponibles, les conditions de soins sont, selon eux, dégradées.

"La vision du soin n'est pas respectée", résume Didier Martinez, infirmier au CHU de Limoges. Pour les patients, comme pour les soignants, les conditions de travail et de soins sont de plus en plus dégradées. 

Ce mercredi 30 août, après un été chargé en fermetures de service d'urgences en Limousin, les infirmiers et aide-soignants du CHU se disent désemparés. 

Des conditions de travail jugées trop difficiles

Thierry Dupont est infirmier. Il ne croit pas que la situation puisse s'améliorer : "Pendant 24-48 heures, on voit une amélioration. Mais dans les semaines qui suivent, on revient à la situation antérieure."

Didier Martinez, également infirmier, dit constater chaque jour les conséquences de ces conditions de travail trop difficiles. "On a du personnel en burn out ou qui veut quitter l'hôpital, car les conditions de travail se dégradent", se désole-t-il.

On ne peut pas admettre qu'un patient reste cinq-six jours sur un brancard au sein des urgences. Sans voir la lumière du jour, sans savoir l'heure qu'il est et en mangeant des repas froids. 

Didier Martinez, infirmier au CHU de Limoges

France 3 Limousin

Des conditions de soins dégradées  ?

Sur une vidéo amateure postée cette semaine sur les réseaux sociaux, une patiente montre des couloirs du CHU, pleins de brancards. 

Les images sont semblables à celles que nous avions filmées en mars 2022, alors que le directeur par intérim, Jean-Christophe Rousseau, avait annoncé l'ouverture de cinq-six lits face à des urgences à bout de nerfs. À ce moment-là, 70 patients étaient admis aux urgences alors que le service ne propose qu'une quinzaine de boxs. 

Michaël Lamarque est admis aux urgences depuis deux jours. "J'ai une infection pulmonaire, donc il faut faire pleins de tests et des analyses. Ils sont pleins, donc il faut patienter."

Lorsqu'il souhaite prendre l'air quelques minutes à l'extérieur, il est pied nu à même le sol. Compréhensif envers les soignants des urgences, ce patient regrette leurs conditions de travail. 

J'ai demandé des sur-chaussures juste avant de sortir, mais ils n'en avaient pas. Je n'ai pas insisté, ce n'est pas bien grave. Ils font ce qu'ils peuvent.

Michaël Lamarque, patient aux urgences

France 3 Limousin

Des réouvertures de lits prévues ? 

À l'origine de cette situation critique, des fermetures de lits dans certains services, réquisitionnés pour servir aux patients dans l'hôpital après leur passage aux urgences.

Selon le responsable CFDT, David Bonnet, ce système ne fonctionne pas : "On restructure l'hôpital, on ferme des lits. Il n'y a plus de lits pour accueillir les patients qui doivent être hospitalisés."

Mais cet été, les trois fermetures des urgences de Saint-Junien, situées à trente kilomètres de Limoges, sont aussi responsables de cet engorgement. Le manque d'embauches, faute de candidats, explique aussi, en partie, l'aggravation des conditions de travail. 

On sait que l'activité est dense, et donc forcément dense pour nos personnels qui y travaillent.

Jean-Christophe Rousseau, directeur général adjoint du CHU

à France 3 Limousin

En termes de chiffres, le nombre de passages a effectivement été élevé aux urgences adultes : de l'ordre de 4000 passages en juillet, soit environ 129 passages par jour. "On sait que l'activité est dense, et donc forcément pour nos personnels qui y travaillent. La charge de travail est importante, mais si la question est un travail plus lourd que les étés précédents, on n'a pas d'indicateur ou d'information particulière pour aller dans ce sens," nous précise le directeur général adjoint du CHU, Jean-Christophe Rousseau. Ce dernier, qui confirme des conditions de travail "pas optimales dans les locaux actuels" avec une "patientèle pas toujours simple à gérer" se dit vigilant et nous précise qu'un projet de reconstruction doit s'engager dans quelques mois pour améliorer la situation dans le service des urgences qui n'est plus adapté pour accueillir des tels flux de patients, compte tenu de l'anciennement des locaux. Le CHU a en effet été construit en 1974. Un projet qui permettrait de doubler la superficie actuelle. 

Sur la question du manque de lits, le directeur général adjoint du CHU, Jean-Christophe Rousseau, est bien conscient du problème. "On a besoin de lits supplémentaires sur des activités de la filière gériatrie ou en matière de médecine polyvalente. On travaille pour réorienter l'ensemble de nos lits pour s'ajuster aux besoins d'aujourd'hui." 

À l'heure où nous écrivons ces lignes, aucune ouverture de lit supplémentaire n'est prévue.

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