"On ne pourrait plus construire comme cela, c’est pour cela qu’il faut conserver ce patrimoine" : à la découverte du Limoges Art déco

Avec la rénovation des façades du centre-ville, Limoges réapparaît de plus en plus dans le style qui est le sien : l'Art déco. Ce courant avant-gardiste de l’entre-deux-guerres n’a d’ailleurs pas marqué que l’architecture de la cité porcelainière. Ces vacances sont l’occasion de belles promenades, et de belles (re)découvertes.

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Avec la rénovation des façades du centre-ville, Limoges réapparaît de plus en plus dans le style qui est le sien : l'Art déco. Ce courant avant-gardiste de l’entre-deux guerres n’a d’ailleurs pas marqué que l’architecture de la cité porcelainière. Ces vacances sont l’occasion de belles balades, et de belles (re)découvertes. Équipe : F Lemaire, A Abalo, P Ruisseaux ©France Télévisions

Limoges, ville résolument Art déco !

La politique de rénovation des façades du centre-ville de Limoges est l’occasion, plus que jamais, de se promener la tête levée.
Lignes géométriques résolument modernes, motifs stylisés, corbeilles, fleurs, céramiques, voire vitraux apparents… L’Art déco est partout ! 

Né juste avant la Première Guerre mondiale, le style prend son envol juste après, au début des années 20. Son point d’orgue est sans doute l’Exposition Universelle de 1925 à Paris, où près de 21 pays le célèbre, et où le Limousin, alors 7ᵉ région économique française, y possède son pavillon, qui met à l’honneur tapisseries d’Aubusson, émaux et porcelaines inspirées par cette modernité. Le fronton du pavillon limousin portait d’ailleurs cette inscription : Limoges, ville porcelainière du monde. 

Plusieurs raisons expliquent ce fait

Pour l’architecture de la ville, deux raisons expliquent ce triomphe de l’Art déco : les ravages de la guerre, et des grands projets urbains.

Les architectes se sont emparés de ce style pour reconstruire sur une période d’après-guerre, avec moins d’artisans, et moins de main d’œuvre qualifiée. Il a donc fallu apporter des matériaux préfabriqués, comme du béton, de la brique, et recomposer avec.

Isaëlle Cornuaud

Architecte-conseil pour le CAUE 87

 

L’art déco, insufflé après-guerre, c’est lié à l’architecture, aux grands projets d’urbanisme. On a rasé le quartier du Viraclaud, (dans la partie haute de l’actuelle rue Jean Jaurès), et celui du Verdurier (dans sa partie basse) … Tout reste à faire. Et il y a cette génération qui voit dans la modernité des choses fonctionnelles, et efficaces.

Eric Boutaud

Guide conférencier à Limoges, Ville d'Art et d'Histoire

Des monuments emblématiques 

C’est ainsi, par exemple, que naît en 1919 le pavillon du Verdurier, avec ses céramiques, ses auvents et ses guirlandes de fleurs.

Ou que cinq ans plus tard, le même architecte, Roger Gonthier, dote de nombreux éléments Art déco l’emblématique gare des Bénédictins, notamment ses vitraux, avec pour volonté évidente de laisser passer la lumière, à travers une composition tout en équilibre de rameaux de chênes et de châtaigniers.

La maison du Peuple, rue Charles Michels, se voit, comme la gare, dotée de mêmes vitraux, également signés Francis Chigot et Pierre Parot, parmi les grands noms du style.

Et la porcelaine s’en empare

La maison Chabrol et Poirier décroche même, pour un service tout en élégance Art déco, un Grand Prix, à l’Exposition de Paris.

On parle de renouveau, dans les années 20, de la porcelaine. Les arts décoratifs ont longtemps été mis à l’écart, dans la hiérarchie des arts, et là, ils viennent sur le devant de la scène. En englobant l’ensemble des productions d’un intérieur, que ce soit la décoration murale, le mobilier ou les arts de la table.

Florence Disson

Conservatrice du patrimoine au musée national Adrien Dubouché

Un style impossible aujourd'hui 

Mais si l’on célèbre l’Art déco, oserait-on encore ce style aujourd’hui ? 

Le coût que cela représenterait… On ne peut plus construire comme cela. On est dans la sobriété, dans l’efficacité, on a des contraintes énergétiques à respecter… Tout cela a disparu, aujourd’hui, on ne pourrait plus. C’est pour cela qu’il faut conserver ce patrimoine.

Elisabeth Chazelas

Chargée de l'embellissement des façades pour la ville de Limoges

Dans ce souci de préservation, la ville propose des subventions aux habitants souhaitant rénover leurs façades. Une manière de transmettre le patrimoine, mais surtout, l’histoire de Limoges.

À découvrir ou redécouvrir, par les habitants, par les touristes, au détour d’une rue, d’une façade ou d’un musée. Car il en va (un peu) de l’Art déco comme (beaucoup) de la porcelaine : c’est du Limoges !

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