C'est au tour des étudiants de faire leur rentrée. Cette année, 3 152 étudiants à l'université de Limoges sont inscrits en première année, soit 18 000 au total, et certaines filières rencontrent plus de succès que d'autres. C'est le cas des sciences qui semblent bouder par les étudiants.
Dans l'amphithéâtre de droit, les places libres se font rares. Cette année encore, plus de 400 nouveaux étudiants ont choisi cette filière, ce qui représente près de 14% des effectifs de premières années, toutes filières confondues.
Le droit en pole position
"Je trouve que le droit ouvre beaucoup de portes. On peut accéder à plein de masters différents. Pour l'instant, c'est une découverte puis nos choix vont s'affiner. Ça va nous amener vers quelque chose de précis. Après oui, forcément, on arrivera à trouver du travail", assure Anna, étudiante en première année de droit.
Les étudiants ne manquent pas d'ambitions et d'envie :
J'aimerais bien m'orienter en droit du sport pour faire de la médiation, tout ce qui concerne le règlement des litiges sportifs. Je voudrais intégrer le Centre de droit et d'économie du sport (CDES).
Anneétudiante en première année de droit
Un autre étudiant commente : "J'espère atteindre au minimum un master, si j'y arrive et que ça accroche. J'ai une idée précise du métier que je souhaiterais faire : au top de la liste, c'est procureur de la République. Je sais que ça va être long. Pour l'instant, je vais voir comment se passe cette première licence en droit."
La filière est accessible à tous les nouveaux bacheliers, et ce, quelles que soient les spécialités choisies en terminale. Le droit offre de nombreuses options professionnelles. "Je pense que le droit est encore vu comme un domaine très large, qui permet d'accéder à un panel de métiers, que ce soit dans le secteur privé que dans le secteur public. Quand on pense au droit, on pense aux métiers d'avocat, de magistrat, mais il y a des juristes dans beaucoup de secteurs. Il peut mener à beaucoup de concours de la fonction publique. Je pense que ça rassure de ne pas s'embarquer dans une filière qui soit trop restrictive", analyse Nadaud Séverine, doyenne de la faculté de droit.
Baisse d'effectif en sciences
En science, en revanche, les effectifs ne cessent de baisser dans toutes les formations. "Peut-être qu'il y a une méconnaissance des finalités, explique Rémy Buzier, enseignant chercheur à Limoges. Il faudrait les faire connaître et savoir qu'on peut s'éclater dans certains métiers après les sciences. Mais, peut-être parce qu'ils voient dans leurs études au lycée, le côté rébarbatif, la rigueur, les connaissances qu'il faut avoir. Finalement, il n'arrive pas à se projeter dans des finalités, ils estiment que certaines finalités sont plus accessibles."
Peut-être qu'il y a une méconnaissance des finalités, il faudrait les faire connaître et savoir qu'on peut s'éclater dans certains métiers après les sciences.
Rémy Buzierenseignant chercheur à la faculté de sciences
Ce dernier regrette également que certains métiers scientifiques ne soient pas assez valorisés, comme dans le domaine de l'eau où les débouchés sont nombreux et les enjeux environnementaux considérables.
Les sciences, des filières d'avenir
Face au manque de candidats, les professionnels cherchent aussi des solutions. "Il faudrait que des entreprises ou organismes viennent auprès de lycéens pour présenter les différents métiers qui existent et ensuite dire que ça existe en alternance. Il faudrait faire le lien avec les maths et la physique, et en quoi ça peut servir après", suggère Sandrine Demas, ingénieur à la SAUR.
Antonin a choisi une licence professionnelle en maintenance des usines et des réseaux d'eau, une formation scientifique. C'est un choix qui s'avère payant : "C'est un métier qui a du sens. L'environnement, c'est un élément essentiel du futur. C'est pour cette raison que je me suis dirigée vers les filières autour de l'eau, plus précisément dans la maintenance. De nos jours, les métiers techniques sont les métiers qui sont les plus délaissés. J'ai déjà eu deux propositions et dans la plupart, c'est pareil. C'est des études dans lesquelles on sait qu'il y aura un débouché derrière. On sait qu'on trouvera du travail sans trop de problèmes."
Malgré de nombreuses débouchées, les enseignants constatent une crise des vocations scientifiques depuis la réforme du bac de 2021.