"On se moque de nous" : le retard du renouvellement des rames sur la ligne POLT provoque stupeur et indignation

Au lendemain de l'annonce d'un nouveau retard de livraison des futures rames Oxygène, censées circuler sur la ligne POLT, les réactions des usagers, élus et acteurs économiques du territoire sont unanimement indignées. Le président du Conseil départemental de la Haute-Vienne rencontrera le ministre des Transports ce lundi 29 avril.

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“Ça veut dire que l'on va rouler là-dedans pendant encore trois ans ? C’est une blague ?!”
À la descente du train la ramenant de Paris, cette usagère ne cache pas sa colère. Comme elle, beaucoup ont appris ce samedi matin 27 avril le nouveau retard de livraison pour les futures rames Oxygène, initialement annoncées pour fin 2024, puis fin 2025.
Désormais, il faudra attendre début 2027 pour voir les premières rames Oxygène circuler sur la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse.
"On était prêt à prendre notre mal en patience, mais 2027... c'est loin. Ce n'est pas bon pour le dynamisme de la région. Ce serait le dernier clou dans le cercueil de Limoges..." ose même cet autre usager régulier de la ligne.

La raison ? Des problèmes techniques constatés lors des essais réalisés en République-Tchèque, en février dernier, comme nous l'a confirmé par téléphone Alain Picard, dirigeant de la branche française du constructeur espagnol CAF, en charge du projet de renouvellement : "Il est apparu que nous avions deux problèmes techniques : un problème technique sur les freins, et un problème technique sur les moteurs. Pour avoir l’homologation, il était nécessaire de résoudre ces problèmes techniques. Le problème technique sur les freins a été résolu.  Le moteur, lui, est en cours d’analyse chez le fournisseur. Une fois qu’on aura résolu tous les problèmes techniques, il faudra reprogrammer tous les essais."

Résultat : les premières rames ne pourront être livrées à la SNCF avant fin 2026. Une échéance à laquelle il faut ajouter deux mois minimum avant la mise en service. "On regrette complètement cette situation." tente de se justifier l'industriel. "On comprend l’effet que ça a pour les usagers. Ça a un effet industriel chez nous aussi : comme la fabrication va prendre du retard, les charges dans les usines sont impactées : on aura moins de travail en 2024 que ce qui était prévu."

Indignation unanime

Les réactions de la classe politique ne se sont pas fait attendre. Le député de la Haute-Vienne Stéphane Delautrette qualifie ce nouveau retard d'"asphyxie" : "Cela n'est pas acceptable. Ici, je le redis, le train c'est la vie. Cette nouvelle avarie est, au-delà d'un coup dur, un coup de grâce. C'est notre territoire qu'on asphyxie."

Même indignation chez le président du Conseil départemental de la Haute-Vienne, Jean-Claude Leblois, qui exprime une nouvelle fois son "ras-le-POLT" : "Les rames actuelles datent de près de 50 ans. Elles sont inconfortables et délabrées. La rouille et les moisissures les rongent. Les toilettes sont à l’avenant. Comment accepter ce nouveau délai de deux années supplémentaires, c’est-à-dire en 2027, alors que le renouvellement du matériel roulant nous est promis depuis plus de 15 ans ?" 

L'élu rencontrera Patrice Vergriete, le ministre des Transports, ce lundi. Une réunion qui s'annonce mouvementée.

"50% de réduction sur les billets" ?

Le maire de Limoges, Emile-Roger Lombertie, ne croit même plus à une mise en service en 2027. Selon lui, l'Etat a fait le mauvais choix en confiant le marché au constructeur espagnol CAF. "Alstom avait des trains en construction qui auraient pu être adaptés à nos lignes, que ce soit le Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, ou le Paris-Clermont-Ferrand. Aujourd’hui, on a fait un choix d’une technologie qu’on ne maîtrise pas. (...) C'est un échec à tous les niveaux." 

L'édile ne décolère pas et demande à la SNCF de mettre en place des trains de substitution : "Aujourd’hui il nous faut des trains fonctionnels. La SNCF n'a qu’à les louer jusqu’à ce que les nouvelles rames soient construites.”
Le maire termine par une autre requête qui a aussi peu de chances d'aboutir : "Qu’on
arrête de mépriser la population. Puisqu’on a des gens qui ne peuvent pas faire autrement que prendre ces trains aléatoires, qu’on réduise le prix du billet de 50%." 

Pour Pierre Massy, président de la Chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Vienne, c'est désormais aux politiques de se mobiliser : "Les élus du territoire doivent mettre leur poids tout entier pour sortir de cette situation absolument scandaleuse et anormale. 

On est en train de sacrifier totalement notre territoire, nos entreprises, nos salariés… dans un silence absolu. Je trouve ça absolument honteux et scandaleux.

Pierre Massy, président de la CCI 87

Pour lui, ce nouveau retard amplifie le risque de départs d'entreprises. "Je ne peux pas parler au nom de Legrand, je ne peux pas parler au nom des entrepreneurs qui sont au quotidien en train de se déplacer, mais je ne vois pas comment ils ne peuvent pas se poser la question tout à fait normale : "où sommes-nous le mieux installés pour pouvoir travailler raisonnablement", surtout pour des gens qui sont de grands exportateurs." 

Fin 2022, Legrand avait menacé de déménager son siège social de Limoges à Paris, en raison des multiples retards et annulations sur la ligne POLT. Cette nouvelle déconvenue sera-t-elle pour l'entreprise du CAC40 le bon prétexte pour mettre sa menace à exécution ?

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