"On sent vraiment une grosse, grosse fatigue." Ouvriers, cuisiniers, employés de pressing, ces métiers qui souffrent des fortes chaleurs

Météo France l'annonce : durant la semaine du 19 août, le thermomètre va dépasser les 30 degrés par endroit dans le Limousin. Des températures difficiles à supporter, encore pire quand on travaille dans la chaleur. Comment y remédier ? Et quelles sont les obligations des employeurs vis-à-vis de leurs salariés ?

Jeudi sera la journée la plus chaude de la semaine du 19 août : le thermomètre va flirter avec les 30 degrés à Guéret et à Limoges. Il atteindra les 32 degrés à Brive

Des températures estivales qui donneront envie aux vacanciers de profiter des plans d'eau de la région pour se rafraîchir. Il n'en est pas de même pour ceux qui ont repris le travail. En extérieur ou à proximité de sources de chaleur, tenir son poste toute une journée peut s'avérer vraiment pénible. 

"Grosse fatigue"

Les salariés du BTP ou des travaux publics en savent quelque chose. Les températures sont démultipliées au contact du béton ou du bitume. Celui-ci, pour sa pose, doit être chaud, entre 130 et 160 degrés. Une source de chaleur supplémentaire parfois difficile à supporter, lorsque les températures extérieures avoisinent déjà les 30 degrés et que l'équipement, casque et gilet, sont obligatoires. Des conditions extrêmes pour ces ouvriers qui doivent, de surcroît, fournir un effort physique intense. 

Sur ce chantier de Limoges, les ouvriers boivent donc beaucoup et rallongent les pauses. Dans certains cas, les horaires peuvent également être décalés pour profiter de la fraîcheur du matin. Un compromis qui conserve tout de même ses inconvénients : travailler aux aurores engendre souvent une fatigue accrue. 

Sur la fin de la semaine, on sent vraiment une grosse, grosse fatigue auprès des équipes.

Mélanie Monharoul

directrice des travaux publics

"Les ouvriers commencent plus tôt donc c'est très bien parce qu'il fait plus frais. Mais du coup, ils se lèvent pour certains vers quatre ou cinq heures du matin, et comme ils n'arrivent pas à s'endormir plus tôt, ils dorment moins et sont parfois plus fatigués", explique Mélanie Monharoul, directrice des travaux publics. 

D'autres travaillent en lieu clos, et sont toute l'année confrontés à la chaleur. C'est le cas pour les métiers de bouche, du boulanger au cuisinier, qui œuvrent à proximité des fours par exemple. Dans les pressings, dans lesquels les machines à laver tournent, sans compter la vapeur des fers à repasser, la chaleur peut devenir suffocante. Des difficultés amplifiées quand les températures extérieures sont élevées, notamment lorsque la climatisation n'est pas présente. "On a un ventilateur, on s'hydrate beaucoup, énormément, on s'habille léger", explique Élodie Labouchet, responsable d'un pressing à Boisseuil, près de Limoges. 

durée de la vidéo : 00h01mn17s
De nombreux travailleurs en extérieur ou dans des lieux clos sont confrontés à la hausse des températures. Comment s'adaptent-ils et que font leurs employeurs ? Eléments de réponse dans ce reportage du 12 août 2024. Intervenantes dans le reportage : Mélanie Monharoul, directrice Travaux Publics de SOPCZ et Elodie Labouchet, responsable de Nigéria Pressing à Boisseuil Un reportage de Jean-Marie Arnal, Frédérique Bordes et Chantal Cogne ©France Télévisions
 

Que dit la loi ?

L'INRS (l'Institut national de recherche et de sécurité) est une association fondée en 1947 sous l'égide de la Sécurité sociale. Sa mission est la prévention des risques professionnels. Parmi ceux-là, les risques liés à la chaleur sont répertoriés. L'INRS est donc chargé de rappeler leurs devoirs aux employeurs vis-à-vis des conditions de travail en cas de chaleur. "L’évaluation des risques professionnels liés à la chaleur doit s’inscrire dans la démarche globale de prévention à l’initiative de l’employeur. En effet, la loi impose à ce dernier de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des travailleurs et protéger leur santé", indique Jennifer Shettle, responsable du pôle informations juridiques à l’INRS.

Le Code du travail ne fixe pas de température maximale au-delà de laquelle il est interdit de travailler.

Institut National de Recherche et de Sécurité

De son côté, en lien avec l'INRS, le gouvernement rappelle clairement les obligations des employeurs envers leurs salariés : les mesures doivent figurer dans le document unique d'évaluation des risques.

L'employeur doit ainsi mettre à disposition de l'eau fraîche, renouveler l'air dans les locaux de travail fermés et fournir aux salariés des moyens de protection contre la chaleur. 

Dans le BTP, particulièrement exposé, l'employeur doit proposer aux travailleurs un local de repos adapté ou aménager le chantier pour permettre des pauses. Il doit aussi fournir au minimum trois litres d'eau fraîche par jour à chaque salarié et doit s'assurer que les protections individuelles et celles pour les engins sont compatibles avec de fortes chaleurs. Enfin, les employeurs peuvent, lorsque la météo l'oblige, adapter les horaires.  Depuis le 28 juin, un décret publié au journal officiel, inscrit, après la neige, le gel ou encore le vent, la canicule comme un motif de chômage technique pour les ouvriers du bâtiment.

    Les fortes chaleurs peuvent être à l'origine de nombreux troubles, certains très dangereux. Les principaux sont les nausées, les vertiges, des pertes de vigilance. Selon Santé Publique France“près de la moitié des accidents du travail mortels liés à la chaleur sont survenus dans le cadre d’une activité professionnelle de construction et de travaux”. Des coups de chaleur ou de la déshydratation mortels, d'autant que certains salariés peuvent être porteurs de pathologies ou suivre des traitements médicaux qui les empêchent de thermoréguler leurs corps. 

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