Or, cuivre, lithium : l'exploration des mines, nécessité ou mise en danger de l'évolution des territoires ?

Les métaux rares indispensables à la production de batteries et autres équipements électroniques ne sont plus extraits en France depuis bien longtemps. Ces dernières années, l'État français a concédé à plusieurs entreprises étrangères des permis d'exploration minière sur le territoire, notamment en Limousin. Les défenseurs de l'environnement contestent la nécessité de ces projets.

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"Nous sommes des chercheurs, pas des exploitants, nous mettons nos savoir-faire à disposition pour enrichir les connaissances sur les gisements", affirme Yves Guise, président de la Compagnie des Mines Arédiennes (CMA). Aujourd'hui âgé de 76 ans, cet ingénieur des Mines a fait toute sa carrière aux Charbonnages de France, entreprise publique dissoute en 2007, où il dirigeait l'exploitation minière.

Depuis 2022, la CMA, filiale française de la société canadienne Aquitaine Metals Corp., spécialisée dans l’exploration minérale et l’exploitation minière, dispose de trois permis exclusifs de recherches de mines (PERM) en Haute-Vienne. Des autorisations d'explorer accordées par l'État sur les anciens sites miniers exploités par Orano, dans les secteurs de Douillac, Pierrepinet et Fayat, soit une zone de 40 km2 environ.

En juin 2024, la CMA a déposé une demande d’extension de son périmètre d'étude, portant la superficie totale à 297,98 km².

Des intentions contestées

Selon Yves Guise, ces prospections répondent à une demande de l'État français "d'élargir les connaissances du sous-sol".

Des intentions purement cartographiques que conteste vivement Antoine Gatet, actuel président de France Nature Environnement. "Vous croyez qu'ils font ça pour l'amour de l'art ? La cartographie des zones minières, on l'a déjà. Elle a été faite par le BRGM et les anciens exploitants. La Compagnie des Mines Arédiennes cherche à savoir si les concentrations en minerais sont suffisantes pour que l'exploitation soit rentable. S'ils trouvent, ils voudront exploiter", affirme-t-il.

De son côté, Yves Guise ne peut écarter complètement la possibilité d'une exploitation des ressources localisées. Mais il s'appuie sur "le temps long" nécessaire à son activité : "Ce sont des projets à très long terme. Si jamais il devait y avoir exploitation, ce serait dans dix ou quinze ans", déclare-t-il. 

"La mine en Limousin, on l'a connue jusqu'en 2001. On sait ce qu'elle fait"

Expert en droit de l'environnement, ancien enseignant-chercheur à la fac de droit de Limoges, Antoine Gatet a administré de multiples associations environnementales, et demeure bénévolement actif auprès des associations Sources et Rivières du Limousin, et Stop Mines 87. Il s'appuie sur l'histoire de l'exploitation minière en Limousin et ses conséquences pour rejeter la possibilité de nouvelles expériences. "La mine en Limousin, on l'a connue jusqu'en 2001. On sait ce qu'elle fait. À ceux qui voulaient rouvrir les mines, on a dit ok, mais commencez par dépolluer les anciens sites. Ceux qui s'y sont essayés sont partis en courant face à l'ampleur et au coût de la tâche".

Le président de la CMA affirme que la prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux est une préoccupation majeure de son travail d'exploration. "Nous réalisons des études environnementales sur trois années. La ressource en eau est un enjeu fondamental." Fort de sa longue expérience des mines de charbon, il déclare aussi que l'exploitation minière aujourd'hui n'a rien à voir avec celle d'il y a vingt-cinq ans ou plus : "Aujourd'hui les camions chargent le minerai, mais les chauffeurs les pilotent depuis une plateforme, à l'aide d'une console".

" C’est la grosse arnaque de la mine propre, s'exclame Antoine Gatet. Le principe de la mine n'a pas changé : le forage pour extraire les minerais libère des polluants, jusque-là enfermés dans la roche, qui viennent polluer les cours d'eau. Puis, on concasse la roche extraite dans une usine, on la traite avec des produits chimiques et ça génère des quantités considérables de déchets".

Une nécessité réfutée

Yves Guise et les deux employés de la compagnie Minière Arédiennes, sont venus rencontrer les habitants, élus et acteurs économiques des territoires qu'ils explorent, dans un esprit de conciliation : "On a constaté qu'il y a des gens pour et des gens contre. On ne dépose pas un permis pour que ça débouche sur de la bagarre. Ça ne sert à rien de faire des réunions pour expliquer les choses. On va mettre une sondeuse sur le terrain et on conviera les riverains à voir concrètement ce que c'est et poser des questions", explique-t-il tranquillement.

Antoine Gatet affirme que, hormis les maires de Saint-Yrieix-la-Perche et La Chalard, tous les élus de la dizaine de communes concernées sont contre l'idée d'une nouvelle mine. "Dégommer les paysages, polluer et se retrouver à gérer les conséquences pendant des années, c'est pas ça le développement du territoire dont on rêve. On ne veut pas qu'ils commencent les premières étapes parce qu'on connaît les suivantes. Ce n'est pas nous les opposants. Nous, on ne s'oppose pas à quoi que ce soit. C’est cette compagnie qui s'oppose au développement du territoire en cours, qui se construit avec les habitants."

Si on a besoin d'or pour des composants électroniques, il y en a plein à la Banque de France !

Antoine Gatet

président de France Nature Environnement

D'autres explorations en cours

Les défenseurs de l'environnement aspirent à une définition collective de l'usage des ressources collectives, et déplorent que l'État concède, sans consultation, l'exploitation de ses ressources à des entreprises privées étrangères. "En France, il n'y a plus d'expertise minière", justifie Yves Guise.

Fortes de leurs autorisations, les compagnies minières poursuivent sereinement leurs prospections. Outre la CMA, la compagnie Aurélius Ressources, filiale française de la société britannique Aurelius Resources Ltd, a obtenu de l'État, en janvier 2024 un permis exclusif de recherches de mines (PERM), dont le périmètre, à cheval sur la Haute-Vienne et la Dordogne, inclut l’ancienne concession minière du Bourneix. Et les gisements d'or et de lithium en Creuse font aussi l'objet de convoitises.

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