Didier Jamot, 62 ans, est le PDG d'une grande surface aux abords de Limoges. Depuis 2016, il tourne une soixantaine de vidéos par an pour parler de ses produits locaux et/ou de saison. Un influenceur des réseaux sociaux, à taille humaine.
Tisser du lien avec ses clients, - en dehors des horaires d’ouverture du magasin -, créer une communauté… c’est l’objectif des petits commerces comme les grandes entreprises actives sur les réseaux sociaux. Les newsletters, on connait. Les vidéos des start-up et jeunes pousses, aussi.
Le patron de cette grande surface proche de Limoges a donc eu envie de faire des vidéos pour coupler l’authenticité, sa personnalité et vendre des produits. « Didier est exactement dans les vidéos comme dans le quotidien, il ne fait pas de mise en scène, il parle simplement et développe un lien particulier avec ses clients. », explique Fabien Thibaut, conseiller en communication, basé à Limoges.
Mes gars avaient commandé deux fois trop de charentaises. Une vidéo avec les pieds sur la table a permis de tout écouler, s’amuse Didier Jamot.
A raison d’une soixantaine de vidéos par an, le responsable vante des produits de saison, locaux ou des vins pour associer un plat. Et ça marche !
Je ne m’y connais pas trop en vin, je l’ai suivi et il m’a convaincu sur ce coup-là, j’en ai acheté, confie un client régulier.
L'ancien responsable d'achats est devenu une figure à taille humaine, un influenceur accessible que les clients ont plaisir à saluer dans le magasin. « Il y a quelques anciens qui se sont mis sur Facebook. Si je dis une connerie, ils savent me le dire quand ils me croisent dans le magasin ! »
Il y a 42 000 références dans le magasin, mon rôle est de sortir les produits locaux pour leur donner de la visibilité.
1 000 personnes suivent la vie du magasin et des produits en ligne. Avec les partages et les réactions, les vidéos sont regardées encore plus largement que dans les « fans » de la page Facebook du magasin. Le directeur diffuse ses vidéos dans un périmètre précis, il a déterminé une limite dans les 15 minutes qui entourent sa grande surface, afin d’attirer des clients.
On n’a pas coupé le lien social, au contraire, on maintient un lien de proximité, indique Fabien Thibaut.
Il n’y a pas que le patron qui est gagnant, et content. Il y aussi les producteurs ! Quelques vidéos ont été tournées chez des maraîchers, éleveurs et plus récemment apiculteurs. Une publicité directe et plus efficace « par l’humanisation ».
Les vidéos, tournées par une agence en consulting, sont volontairement amateures et artisanales, pour coller à la réalité. A l’heure où toutes les générations tournent des vidéos avec son smartphone. « Nous développons une relation d’épicier-commerçant avec ses clients, avance le conseiller en entreprise, c’est un retour en arrière. Par les écrans, on n’a pas coupé le lien social, au contraire, on maintient un lien de proximité. »Le prospectus tient la corde
Didier Jamot n’a pas baissé pour autant son budget papier pour l’instant. Preuve qu’une partie de la clientèle n’est pas touchée par les vidéos et que le passage à l’achat à travers le prospectus reste pertinent. Ce qu’il regrette, quand on sait que près de 40 kg sont déposés dans les boîtes aux lettres des Français chaque année.