Dans le cadre du projet Ruches et Céramique, un habitat d’art pour l’abeille, le Réseau Réfractaires développe à Limoges (87) différents modèles de ruches utilisant le matériau céramique.
Un projet aussi artistique que scientifique. A Limoges (Haute-Vienne), le réseau Réfractaires, collectif réunissant neufs artistes, a pour ambition, depuis plus d'un an, de créer des ruches pour abeilles en céramique.
Une idée qui s'appuie sur les travaux de Bernard Bertrand concernant les ruches de biodiversité; il proposait d'utiliser un mélange d'argile, de cendre et de bouse de vache... Comme une évidence, le collectif limougeaud a choisi celle de la limousine, et a remplacé l'argile par de la porcelaine.
Notre client, l'abeille, a un cahier des charges. Cela pose des défis techniques intéressants. La porcelaine n'est pas poreuse. L'abeille transpire, cela représente des contraintes au niveau de l'isolation.
Axelle Labrousse, membre du Réseau Réfractaires
L'or blanc du Limousin face à la fière limousine rousse. Afin d'obtenir un torchis blanc Limoges, l'équipe d'artistes s'est orientée vers un enduit de finition à base de sable, fibres courtes, terre concassée et de chaux.
Travaux de recherche pour élaborer LA ruche parfaite
Une colonie d'abeilles dégage de la chaleur, ce qui provoque de la condensation. De ce fait, les abeilles souffrent de l'humidité. Les ruches doivent donc être construites dans un matériau poreux, permettant la bonne circulation de l'air.
Or, cuite à haute température, la porcelaine est vitrifiée et donc non poreuse. Afin de contourner cette contrainte, Axelle réalise de multiples expériences pour trouver le type de porcelaine le plus approprié à l'abeille : "J'ai fait des tests avec de la semoule, des causses de noix et de noisettes... On s'est aussi entouré d'ingénieurs", explique l'artiste.
L'installation d'une chamotte organique, matériau qui brûlera à la cuisson, permettra de laisser un vide à la place. Ainsi le marc de café s'est présenté comme une bonne solution car assez fin et facile à trouver. L'intérieur de la ruche sera alors respirant tout en étant isolé.
Des ruches "non-récoltantes"
Ces ruches artificielles n'ont pas pour objectif de récolter du miel, mais d'accueillir un essaim qui s'y développera sans que l'humain n'intervienne. On parle ainsi de ruches "non-récoltantes", qui participeront à la diversité génétique et à la sauvegarde des abeilles. "Il y aura du miel à l'intérieur, mais on n'y touchera pas. L'abeille sera indépendante et va créer son propre système", sourit Ava Fischbach, artiste au sein du collectif.
D'ailleurs, elle aussi crée sa propre ruche, en paille tressée, en collaboration avec Matthieu Durey, vannier s'installant prochainement à Limoges. Lier le fonctionnel et l'esthétique est un vrai défi.
Cette ruche va devoir être protégée. Je vais la draper pour obtenir une forme énigmatique, qui va retravailler la matière de la céramique et de la porcelaine en elles-même, censées être figées, solides en un aspect de mouvement infini, en reprenant aussi le motif de la vannerie et l'idée romantique de la danse de l'abeille.
Ava Fischbach, artiste du Réseau Réfractaires
Une fois finies, toutes ces ruches iront rejoindre les espaces verts de la ville de Limoges.
Le Réseau Réfractaires présentera les recherches menées au cours de la fête de la science à Limoges, les vendredi 14 et samedi 15 octobre de 9 heures à 18 heures.
La semaine suivante, le mercredi 19 octobre dès 18 heures aura lieu le vernissage de l'exposition, visible dans la Crypte de l'Espace Noriac, et ce jusqu'au 19 octobre prochain.