Portrait. Jacques Détré, un ophtalmologiste qui a l'oeil dans les courses de chevaux

Figure de la polyclinique Chénieux de Limoges, Jacques Détré en est aussi une dans les courses de chevaux d'obstacle. Devenu propriétaire il y a plus de trente ans, il est aussi devenu un éleveur hors-pair. Ce dimanche 18 octobre, ses deux champions disputent le Grand steeple-chase de Paris.

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Deux couleurs sur sa casaque comme deux casquettes dans la vie. Jacques Détré, 65 ans, chirurgien-ophtalmologiste à la clinique Chénieux est aussi propriétaire et éleveur de chevaux de course près de Limoges. Des chevaux d’obstacle plus précisément.

50 ans de passion

A l’âge de quinze ans, Jacques Détré est poussé par ses parents vers les chevaux et lui paient des leçons pour apprendre à monter. Un ami viticulteur de ses parents, propriétaire d’une dizaine de chevaux, donne sa chance au jeune charentais qui prend une licence pour monter en course en tant qu’amateur (gentleman-rider, dit-on). Avec une troisième place en dix courses, Jacques Détré ne se fait pas de faux espoirs. « J’étais pas très doué, mais j’aimais ça », lâche-t-il.
 

Le mauvais gentleman que j’étais est devenu un heureux propriétaire. Mais la route fut longue.

Jacques Détré, à Jour de Galop, novembre 2017


Voilà plus de trente ans que le limougeaud a acheté son premier cheval. Au départ, c’étaient plutôt des « pattes » avec d’autres propriétaires. « Dès que j’ai eu trois sous, j’ai foncé », confie-t-il. Puis, Jacques Détré fait la rencontre déterminante de Guillaume Macaire, un entraîneur originaire de Dordogne, encore peu connu, qui devient une référence nationale. Et c’est toujours le cas.

Après les quelques chevaux en association, le propriétaire part seul à l’aventure. Un investissement rapidement récompensé puisqu’il glane dès 1994 son premier succès au plus haut niveau (groupe I). Au fil des années, le palmarès s’allonge. Lui qui voulait de « bons chevaux pour courir à Auteuil », le temple de l’obstacle, glane les plus grandes courses françaises. Il ne lui manque que les prix Alain du Breil où sa championne De Bon Cœur (13 victoires en 16 courses) a chuté en 2017 et le Grand steeple-chase de Paris, auquel il a participé trois fois.

Décalée de mai à octobre à cause du confinement, les plans ont été chamboulés. « Il a fallu faire redescendre de pression des athlètes de haut niveau que l’on avait fait monter en intensité », explique-t-il.

Deux premières chances

Ce dimanche, Jacques Détré aura deux chances de décrocher le Graal. Et pas des moindres. Bipolaire, 9 ans, deuxième en 2019, « est un cheval qui performe à l’automne, lorsque le terrain s’est assoupli par la pluie ». Son compagnon d’écurie est une étoile montante dans cette discipline, Figuero n’a que 5 ans. « C’est un jeune cheval qui devra être patient, il a gagné la course préparatoire mais le Grand steeple, c’est 6 000 mètres, un parcours très long, comme aucun autre, et sommés d’embûches », précise son heureux propriétaire.
 

Les deux champions sont entraînés près de Royan chez François Nicolle, le meilleur entraîneur d’obstacle en 2019.
 

Mon bonheur, c’est d’aller voir mes chevaux grandir le week-end. Je fais travailler des petits éleveurs en Limousin que sont Michel Parreau-Delhote, Pierre Senamaud et Jean-Charles Escalé

Jacques Détré


Cet homme de passion prend encore plus de plaisir dans l’élevage où il essaye de créer un cercle vertueux pour le Limousin, une terre historiquement riche pour les courses hippiques avec Pompadour ou la présence de grands propriétaires comme le baron de Nexon.
 
L’élevage, c’est sans doute son plus grand succès. Avec les chevaux qu’il a achetés, il a produit avec ses poulinières des champions comme la fameuse De Bon Cœur, fille de Vision d’Etat, (placé du prix de l’Arc de Triomphe, en plat et vainqueur de grandes courses en Angleterre et jusqu’à Hong Kong) ou Monpilou.

Une passion souvent mal vue et incomprise. Les courses de chevaux ont la vie dure face aux clichés. Alors, quand on interroge Jacques Détré sur l’argent :
 

Le cheval, c’est le rêve. L’argent que vous mettez dedans, vous le perdez. Et parfois, on vous le redonne. On n’investit pas pour gagner de l’argent. Et d’ailleurs, je réinvestis tout ce que je gagne.

Jacques Détré


Les comptes ne sont pas au beau fixe avec l’interruption de la compétition pendant le confinement tandis que sa trentaine de chevaux est restée à l’entraînement et continuait de générer des frais. « C’est arrivé dans la période où la saison bat son plein, où financièrement c’est le plus intéressant », déplore-t-il. Un « cauchemar » que Jacques Détré aimerait oublier et transformer en rêve, celui de gagner la course reine, celle qui lui manque.

Rendez-vous ce dimanche 18 octobre à 16 h 25 sur Equidia et M6.



 
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