C'est une pratique qui se développe à Limoges : soigner le cancer à domicile. Plutôt que de se rendre à l'hôpital, plusieurs dizaines de patients du CHU de Limoges reçoivent leurs injections de médicaments chez eux. Pour eux, cela s'avère plus confortable. Pour l'établissement, cela représente moins d'engorgement.
Quand elle descend de sa voiture en blouse blanche pour se rendre chez un patient, Magalie, infirmière au CHU de Limoges, semble effectuer une intervention des plus classiques. Pourtant, la caisse réfrigérée qu'elle transporte contient des produits inattendus : des médicaments anticancéreux. Travaillant au service d’hospitalisation à domicile, elle se déplace directement chez les malades pour leur administrer leur traitement. "Ce sont des produits cytotoxiques, explique-t-elle. Il faut que le patient ait toute sa dose, mais ce sont des produits avec lesquels on ne doit pas être en contact, donc nous, on doit se protéger."
Ce matin, Magalie rend visite à Jean-Pierre, retraité habitant à Boisseuil. Son traitement implique une injection par jour pendant une semaine. Heureusement, la venue d'une infirmière lui évite de longs déplacements. "On est servi sur place", relate-t-il. Odette, son épouse, renchérit : "Il faut se garer, là-haut ! Trouver une place, déjà ! S'il y a quelque chose qui ne va pas, je téléphone, tout de suite, on me répond."
Les mêmes produits et la même sécurité qu'à l'hôpital
Grâce aux avancées de la recherche, les molécules dites "externalisables" sont de plus en plus nombreuses. Elles doivent être stables pour résister au transport et être injectées rapidement, avec de simples seringues ou des perfusions de courte durée. "Les conditions de sécurité sont identiques entre l'hôpital de jour et l'hospitalisation à domicile, assure Gaëlle Maillan, pharmacienne au CHU de Limoges. Les mêmes produits sont préparés dans les mêmes conditions, avec le même sérieux et la même sécurité."
Chaque cure doit débuter à l'hôpital. C’est là qu’est délivrée la première injection. La prise en charge est orchestrée par les médecins, qui proposent dès que possible l'hospitalisation à domicile. William, patient atteint d'un cancer, habite par exemple à une heure du CHU. Pour lui, ce dispositif de plus en plus répandu est un soulagement : "Quand on est fatigué, vraiment fatigué des cures de chimiothérapie, l'attente à l'hôpital, la route, c'est épuisant." Marie-Mathilde Auboiroux, hématologue CHU de Limoges, insiste sur l'importance de "privilégier la qualité de vie" : "Si nous, on peut leur apporter cela, c'est vrai que c'est un plus pour le malade. Il faut faire le maximum pour le malade, qu'il soit le mieux possible."
Autre avantage : le désengorgement des hôpitaux
Au-delà du bénéfice pour le patient concerné, cette pratique permet aussi de désengorger l'hôpital, dans un contexte de plus en plus tendu. Plus de place libre, c'est plus de confort et d'attention pour les cas les plus complexes.
À Limoges, les professionnels de santé ont la chance de s'appuyer sur une expérience d'une quinzaine d'années déjà. "Ces procédures qui ont permis d'externaliser des molécules dans le passé permettront d'externaliser de nouvelles molécules avec beaucoup de facilité, se réjouit Mohammed Touati, chef du service d'hématologie clinique au CHU de Limoges. Il suffit de faire quelques modifications et adaptations."
Aujourd’hui, tous les services qui suivent les cancers en France ne s’appuient pas sur l’hospitalisation à domicile. Ce principe encore méconnu est pourtant appelé à se développer partout.