Ce week-end du 19 et 20 octobre, la France se colore en rose en soutient aux femmes atteintes d'un cancer du sein. En Aquitaine, plusieurs d'entre elles racontent leurs parcours de vie et de soins. Elles témoignent d'années difficiles, qui leur ont toutefois permis de se découvrir et d'apprécier davantage la vie.
"Au début, on pleure beaucoup. On se dit : pourquoi moi ?", raconte Marie-Chantal, diagnostiquée d’un cancer du sein en 2007. Après quinze ans de parcours médical, marqué par de nombreuses récidives, son regard a évolué : "finalement, ce cancer, je le vis plutôt bien." Preuve en est, malgré une récente opération, la septuagénaire revient tout juste d’un voyage au Monténégro avec un club de marche. "C’était mon rêve", confie-t-elle, le sourire aux lèvres, quelques jours avant de participer aux marches solidaires d'Octobre rose.
L'importance de la parole
"La majorité des femmes touchées par le cancer du sein souhaitent passer à autre chose après la guérison, remarque Briac Levaché, médecin oncologue à Périgueux, en Dordogne. Alors, elles ne racontent pas leur vécu. Les femmes qui en parlent, à l’inverse, ce sont celles qui souffrent toujours du cancer, poursuit le professionnel de santé. J’aimerais que toutes puissent s’exprimer, qu’on les entende. Le cancer est un évènement de vie majeur, que l’on peut traverser."
Pour accompagner les femmes dans leur parcours médical, en particulier lorsqu’il s’agit d’un cancer du sein, les professionnels de santé travaillent autant que possible main dans la main, qu’ils soient médecins, psychologues, sexologues ou sophrologues. Cette "alliance thérapeutique" permet aux femmes, selon Briac Levaché, d’être "parfaitement informées sur la maladie, son avancée et sa gravité, mais également sur le parcours médical qui va suivre et la manière de le vivre au mieux."
L’équipe de soin est comme une locomotive à laquelle chaque patiente se raccroche.
Briac LevachéMédecin oncologue
Cette démarche, Badia l'a particulièrement appréciée dans sa guérison. Elle aussi a été diagnostiquée d’un cancer du sein. "J’ai rencontré trois professionnels au sein d’un comité. Il y avait un gynécologue, un oncologue et un radiothérapeute, raconte la quinquagénaire. Ils m’ont annoncé ce que j’avais et les démarches que je devais suivre. Ce n’était pas une annonce de pitié, ils m’ont simplement mise devant mes responsabilités. Je ne me suis pas sentie comme une victime et ça m’a plu."
Lire aussi : Octobre Rose : 38 ans de communication réussie, mais un objectif toujours pas atteint
Se redécouvrir
Avec du recul, Badia sait que ses activités l'ont aidée dans son parcours de soins. "Mon métier m’a toujours appris qu’il fallait collaborer, explique la coach et entrepreneure. Les médecins me prennent en charge et, de mon côté, je soigne mon corps et mon esprit pour supporter les traitements", poursuit-elle. Sommeil, alimentation, activité physique et spirituelle... Badia a opté pour une hygiène de vie irréprochable. Elle se souvient : "même après mes chimiothérapies, qui me mettaient à plat, je faisais toujours vingt minutes de yoga."
"Finalement, je suis contente d’avoir vécu ce cancer du sein", confie Badia. Et pour elle, les raisons sont nombreuses. "Déjà, j'ai changé physiquement et je m'apprécie davantage aujourd'hui. Mon identité a également évolué : je m'affirme mieux et je suis à l'écoute de mes besoins, poursuit-elle. Avant de conclure : Aujourd'hui, je prends de la hauteur sur la vie et je sais ce que j'attends d'elle. Ce qui est sûr, c'est que je l'apprécie davantage."