L'inflation est là. Amplifiée par l'invasion de l'Ukraine. 13% d'augmentation du pétrole en une semaine. Avec elle, l'explosion du coût de la vie. En milieu rural, ces augmentations frappent peut-être encore plus durement. Nous sommes allés à la rencontre de ces Français modestes pour qui la vie est devenue encore plus difficile.
"Il y a des gens qui ne payent plus. Ils n'y arrivent pas. Le fioul a augmenté de 50 centimes le litre en un an. Sans compter les variations dues à tous les effets d'annonce possible et imaginables au niveau géopolitique. Rien que sur la semaine dernière, ça a pris 10 centimes"
Avec le recul la parole de ce livreur de fioul paraît presque prophétique.
Au volant de son camion citerne, Mathias Besse écume la campagne Corrézienne. Avec les températures froides de décembre et janvier, la nécessité des remplir les cuves se fait ressentir.
Ce matin là, direction Uzerche. Une ville qui se distingue par un record dont les habitants se passeraient bien. Un tiers des foyers se chauffe toujours au fioul selon l'INSEE. Une énergie dont le prix a bondi de 50%.
Premier arrêt chez Dylan Parcelier. Il vient de louer son logement dans le cœur historique et ne sait pas trop à quelle sauce il va être mangé.
"Je chauffe à 17° la journée et 19° la nuit". La livraison de 600 litres ne lui permettra clairement pas de faire tout l'hiver. Mais la facture est déjà très salée. 1,03€ le litre, il était à 60 centimes il y a un an. Un chiffre en constante augmentation qui risque de connaitre une nouvelle hausse très brutale avec la guerre d'Ukraine.
Comme Dylan, le livreur a de plus en plus affaire à des clients qui ne remplissent pas totalement leur cuve ou qui demandent à payer en plusieurs fois.
Ces difficultés on les retrouve aussi avec le gaz. Son prix a bondi de 45% l'an dernier. S'il ne représente que 17% des importations françaises, le gaz russe faisant vraisemblablement défaut va encore augmenter la facture.
Un bouclier tarifaire a été mis en place par le gouvernement. Mais il ne concerne pas tout le monde.
Fait peu connu, le propane échappe a tout encadrement et n'est pas concerné par la trêve hivernale. Un dispositif qui empêche les coupures de gaz de ville et d’électricité pendant l'hiver pour les mauvais payeurs.
Michel Fontaine, un habitant de Fursac en a fait l'amère expérience. Consterné, il nous montre la cuve enterrée qui permet de chauffer 5 petits pavillons, chacun ayant son propre compteur. Ses factures de propane ont atteint des sommets cette année. A tel point qu'il a du vendre sa voiture pour les honorer.
"J'ai une voiture de location prêtée par mon patron. J'ai vendu la mienne pour régulariser ma facture de propane de 1400 euros. Il y avait de gros travaux à faire dessus, j'ai dû faire un choix".
Un choix radical, effectué dans l'urgence face à la menace d'une coupure imminente.
"La trêve hivernale des coupures ne concerne effectivement que l’électricité et le gaz naturel en réseau. Pour le gaz propane avec les personnes qui ont une cuve chez elles ou comme ce monsieur, un réseau de gaz propane, malheureusement les textes sur la trêve hivernale et l'interdiction des coupures ne n’appliquent pas" confie Caroline Keller, responsable communication du médiateur national de l'énergie.
Michel Fontaine envisage donc de quitter son logement au plus vite.
L'inflation a été de 3% l'an dernier. Une donnée nationale qui cache de grandes disparités au niveau local.
"C'est dans les régions les plus rurales que l'inflation est sous estimée parce que le poids des carburants pour le transport ou le chauffage est plus important dans les zones rurales" explique Céline Meslier enseignante chercheuse en économie au laboratoire Lape de l'université de Limoges.
Retrouvez l'intégralité de cette enquête de région dans vos journaux France 3 Limousin cette semaine et mercredi 2 mars à 23h15.