Le 10 juin 2014, un sapeur-pompier était gravement blessé dans l'explosion au gaz du bar-tabac Le Macao rue François Perrin à Limoges. Son gérant, également blessé dans les décombres, comparaissait ce vendredi devant le Tribunal correctionnel de Limoges, pour blessures involontaires mais dégradations volontaires. Le jugement a été mis en délibéré au 4 novembre 2022
C'est avec beaucoup d'émotion que le sapeur-pompier gravement blessé lors de l'explosion du Macao s'est présenté comme partie civile, ce vendredi 9 septembre 2022, au procès du Gérant du bac-tabac.
Sa vie s'est arrêtée ce 10 juin 2014. Depuis, ce ne sont que douleurs, physiques et psychiques. Un corps brisé, une identité perdue par son visage ravagé par le souffle de l'explosion. Sa voix s'étrangle à l'énoncé du lourd tribu payé.
"J'ai tout de suite compris que c'était grave avec mon expérience de secouriste auprès de nombreuses victimes... j'arrivais à faire rentrer deux doigts dans mon visage détruit... mon petit a eu peur de son papa pendant plusieurs années... ma famille me porte..."
Et d'énumérer les longues interventions chirurgicales, l'impossibilité de se lever pendant des mois, la station assise qui arrive enfin, en fauteuil roulant, la mâchoire attachée, l'interdiction de se moucher pour la cicatrisation...
Avant j'étais sportif, le responsable des plongeurs de la Haute-Vienne, je courais, je skiais... Plus rien n'est possible aujourd'hui, j'ai toujours le sifflement de l'explosion en permanence dans mon oreille, je fais des cauchemars toutes les nuits
Sapeur-pompier gravement blessé lors de l'explosion du Macao
Il a retrouvé l'un des policiers présents ce soir du 10 juin 2014, les premiers à être arrivés sur les lieux. Ses collègues, également choqués, n'ont pu se présenter à l'audience. Il est le seul à raconter et regrette l'attitude du prévenu :
"Je pense à un remerciement par rapport à sa famille puisqu'elle a quand même été sauvée grâce à notre intervention et celle des pompiers, non aucune reconnaissance, une ingratitude totale"
Regrets que confie également l'Avocat du SDIS 87, Maître Philippe Clerc "on a la situation particulière d'un prévenu qui a créé la situation explosive et la moindre des choses quand on a en face de soi un pompier assis parce qu'il ne peut pas témoigner debout compte-tenu de ses blessures et qui vient raconter les conséquences, on a un peu de respect, d'empathie à défaut d'avoir des excuses".
Un prévenu "à l'attitude détestable" selon le Procureur
Tous les yeux se sont tournés vers le gérant du bac-tabac Le Macao, convoqué ce vendredi pour répondre de dégradations volontaires en ayant ouvert une bouteille de gaz et provoqué une explosion, et de blessures involontaires.
Huit années sont passées mais rien dans le comportement de l'homme qui comparait à la barre ne laisse apparaitre compassion et regrets.
Avec assurance, il répond aux questions de la Présidente et son assesseur : "non je n'étais pas alcoolique, non je n'étais pas addict aux jeux, non je n'ai pas allumé la bouteille de gaz"
Bien que sérieusement blessé sous les décombres dans le sous-sol, Claude Mouchague dément et s'offusque des conclusions de l'enquête et de l'instruction.
Je n'ai jamais tenté de me suicider, c'est ce que voulait me faire dire la Police, j'avais des projets de moderniser mon établissement et comme l'a dit la magistrate, j'avais de bons résultats commerciaux.
Claude Mouchague
Son avocat, Maître Jean-Christophe Romand, prend le relais dans sa plaidoirie "comment mon client peut-il être poursuivi pour blessures involontaires et destructions volontaires ? rien n'a été volontaire dans cette affaire... Il lui est reproché d'avoir créé une atmosphère explosive et pas une explosion, sans même prouver qu'il est à l'origine de l'étincelle... Donc le caractère intentionnel manque pour qu'il puisse être poursuivi. Et on ne peut pas présenter d'excuses quand on plaide une relaxe"
Et faute de preuve à ses yeux de la culpabilité de son client, il a plaidé la relaxe de Claude Mouchague "cette affaire n'a rien à faire au pénal" a t-il soutenu.
7 ans de prison requis
Le Procureur a requis contre Claude Mouchague, sans casier judiciaire, 7 ans de prison, non assortis de sursis ni d'obligation de soins, et ce, compte-tenu de son attitude détestable, le fait qu'il ait réponse à tout sans remise en question, et de l'incohérence de ses versions qui n'ont cessé d'évoluer tout au long de l'instruction.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Elle sera rendue le 4 novembre prochain.