Condamné à 6 mois de prison avec sursis pour escroquerie et abus de confiance en mars 2022, Grégory Hugue avait contesté la décision du tribunal de Tulle. Devant la cour d'appel de Limoges, le syndicaliste policier, ex-adjoint au maire de Tulle, réfute toujours sa culpabilité dans les faits qui lui sont reprochés.
Responsable, mais pas coupable. C’est en gros la ligne de défense de Grégory Hugue depuis que l’Association Nationale d’Action Sociale des personnels de la Police Nationale et du ministère de l’Intérieur (ANAS) a porté plainte contre lui après avoir constaté qu’il avait « prélevé » à son profit près de 20 000 € dans la caisse.
« J’ai fait un prêt. Ça s’est fait à la bonne franquette. Ça ne fait pas de moi un voleur », nous explique encore Gregory Hugue au téléphone, comme il continue de le plaider face aux magistrats de la cour d’appel de Limoges lors de l’audience du 11 janvier.
Il ne nie pas avoir « emprunté » 20 000€ aux œuvres de la Police, mais il affirme que cela s’est fait avec l’accord tacite de l’association, une pratique courante, selon lui, à l’époque.
"Au niveau éthique, il est vrai que c’est pas top".
Grégory Hugue
Responsable syndical du syndicat Unité UGP-Police, Grégory Hugue avait emprunté de l’argent à l’ANAS en créant un dossier sous un faux nom pour payer les frais de son divorce. Il était président de cette association en Haute-Vienne.
Il avait ensuite changé de syndicat, passant chez Alliance, ce qui aurait suscité des jalousies et allumé une rivalité syndicale dont il aurait, selon lui, été le bouc-émissaire.
Bref, face aux magistrats, Grégory Hugue se présenterait presque comme une victime. Sans trop de succès apparemment puisque, lors de l’audience, l’avocat général a qualifié son comportement d’« indigne d'un fonctionnaire de police ». Et d'ajouter "il a inventé le concept de l'action sociale unipersonnelle".
Pour Me Chirac-Kollarik, l'avocate de l'ANAS, "la ligne de défense de Grégory Hugue est inaudible et infondée. C'est un écran de fumée pour ne pas assumer sa responsabilité pénale".
En première instance, à Tulle, le procureur avait insisté sur le fait qu’une enquête de l’IGPN avait clairement établi et caractérisé les faits délictueux reprochés à Grégory Hugue.
Affaire judiciaire et politique
En marge de l’instruction judiciaire, cette affaire avait aussi eu des retentissements politiques puisque Grégory Hugue était également adjoint au maire de Tulle dans l’équipe du maire socialiste Bernard Combes.
Il avait fallu plus de deux ans après le dépôt de plainte de l’ANAS et plusieurs séances du conseil municipal « animées » pour que le syndicaliste policier soit officiellement remplacé par Michel Bouyou à son poste d’adjoint en avril 2022.
À ce jour, Grégory Hugue est toujours officiellement fonctionnaire de police et continue de percevoir son salaire.
La décision de la cour d’appel de Limoges sera rendue le 22 mars prochain.