Quel climat en Limousin en 2050 ? On vous explique comment analyser les données des scientifiques

Le changement climatique est en cours et ses effets commencent à se manifester. Les questions liées à l’adaptation nécessitent donc des informations très localisées. Divers outils existent, même si leur consultation nécessite plus de réflexion que d’émotion. L’exemple du Limousin, en ce sens, est significatif. Il va y faire plus chaud, mais aussi plus y pleuvoir. Que comprendre ?

Températures, nombre de jours de canicule, taux de pluie, jours de sécheresse, etc. Notre réalité climatique ne cesse de changer, voire de s’affoler. Et les "dates couperets" (2030, 2050…) d’être érigées.

Mais que se passera-t-il vraiment, à ces horizons ? 

L’accès aux données

Dans le cadre de l’accès aux données, plusieurs portails, développés par le gouvernement, par Météo France et d’autres, existent, comme, depuis 2009, le DRIAS, ou encore le site Climadiag Commune, de Météo France. 

Des sites qui s’appuient sur l'ensemble de l'historique des relevés de Météo France (plus de 110 ans de données), sur le travail des scientifiques du GIEC et divers laboratoires français (CERFACS, CNRM-GAME, IPSL). 

Et France Télévisions vient de développer un outil Internet, compulsant ces données, région par région et département par département, incluant, bien sûr, notre Limousin. 

Quel climat en Limousin en 2050 ?

Sans surprise, comme à l’échelle nationale, il va faire plus chaud, quelle que soit la saison, de deux degrés en moyenne.

Attention, c’est une augmentation moyenne par rapport à une période de référence, calculée entre 1976 et 2005. Il existe des estimations plus basses, mais également plus hautes.

Pour prendre l’exemple de Limoges, la température moyenne à l’automne y est de 11,9°, prévue à 13,7° en 2050. L’estimation basse serait de 12,9°, contre 14,4° pour la haute !

Et l’on retrouve ainsi toute une série d’estimations ; concernant, entre autres, le nombre de jours de gel, prévus en diminution, le nombre de jours de vague de chaleurs ou en très fortes chaleurs (+ de 35°), également prévus en augmentation, le nombre de jours avec sols secs (relativement stables, sauf en été et à l’automne)…

Là où la surprise (apparente) est plus grande, puisqu’on parle de réchauffement climatique, c’est qu’à peu près partout dans notre région Limousin (c’est évidemment moins vrai ailleurs, comme dans le Sud-Est par exemple), le cumul prévu des précipitations va augmentant, sauf sur la période estivale.

On estime ainsi, toujours pour reprendre le cas de Limoges, qu’il y aura un cumul annuel de précipitations supérieur de 24.5 mm à aujourd’hui. Mais qu’il sera en recul de 18 mm sur la période estivale !

Pour qui, et comment interpréter ces données ?

Selon Michel Galliot, ancien directeur de Météo France à Limoges, actuel président de Limousin Nature Environnement, et qui, en 2009, a participé à l’élaboration du portail DRIAS, ces données intéressent tout un chacun, "citoyens, agriculteurs, entrepreneurs, collectivités, jusqu’à l’État ! Où passer ma retraite dans un climat acceptable ? Je consulte. Comment diversifier mon entreprise de chauffage ? Je consulte. Je veux m’établir en agriculture ? Idem ! "

Pour autant, il met en garde quant à l’analyse que des non-initiés peuvent en faire.

"Si l’on prend l’exemple des précipitations, plus de pluie ne veut pas dire moins de sécheresse. Plus de pluie, d’accord, mais de quel type ? On sait que les pluies d’orages ravinent, et qu’on ne peut pas les capter. Plus de pluie ne veut pas dire plus d’eau stockée, et donc pas forcément plus d’eau disponible".

Autre souci selon lui, on s’intéresse plus aux données moyennes qu’aux extrêmes (les estimations basses et hautes). Or, ce sont ces dernières qui sont les plus significatives.

"Là encore, l’exemple des précipitations est parlant. Oui, il devrait plus pleuvoir en Limousin. Mais à quelle fréquence ? S’il ne pleut qu’au tout début du printemps, et que l’on « remplit » ainsi la moyenne de cette période, la sécheresse estivale commencera d’autant plus tôt. Et celle prévisible durant l’été sera d’autant pire !"

Il estime que l’avis des experts sera toujours essentiel. "On ne peut pas simplifier sur un simple slogan. Le seul qui vaille, c’est que le climat change, et que c’est grave. Nos sociétés se sont développées sur un climat relativement stable depuis plusieurs siècles, or ce n’est plus le cas. Alors donner accès aux données, c’est bien, c’est utile et informatif, mais il faudra toujours les étudier, les croiser, et réfléchir. Il faut bâtir le monde futur sur l’intelligence, faire travailler son cerveau plutôt que son émotion. C’est valable partout, et encore plus pour le climat !"

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