Les sinistrés de l'archipel sont pour la plupart privés d'eau courante et d'électricité depuis le passage dévastateur du cyclone Chido, samedi 14 décembre. Un calvaire pour leurs proches qui tentent sans relâche d'obtenir de leurs nouvelles depuis la Normandie.
De sa famille à Mayotte, Maoulana a reçu des nouvelles rassurantes de ses sœurs et de sa mère. Toutes sont saines et sauves, miraculeusement épargnées par le cyclone Chido. Mais son père, quatre jours après le drame, reste introuvable... "On vit en suspens en attendant de savoir. Les images que je vois me font peur. Je n'arrive plus à les évacuer de ma tête", témoigne l'Alençonnais, président de l'association culturelle mahoraise (Acma).
Des boucles WhatsApp pour s'informer
Ces images sont celles du samedi 14 décembre. Des bidonvilles entiers terrassés par des vents à 200 km/h. Des victimes ensevelies sous les décombres de tôles. La désolation des sinistrés, privés de leurs biens. "Presque personne n'a accès à internet ou au réseau là-bas. C'est très difficile d'avoir des nouvelles et de nombreuses familles sont dans le même cas que moi", regrette Maoulana, suspendu aux notifications qu'il reçoit sur son téléphone portable.
Le problème c'est que presque personne n'a accès à du réseau ou à internet à Mayotte. Nous sommes sans nouvelles.
Maoulana AliPrésident de l'Acma
Dans l'urgence, des boucles géantes de messagerie WhatsApp ont été formées par les habitants de l'île pour contacter leurs proches en métropole. C'est grâce à une connaissance de son village d'origine − Chiconi, au centre ouest de l'archipel −, que les premières informations lui sont arrivées : "Il n'y a pour le moment pas de blessés mais les dégâts matériels sont importants et ne laissent rien présager de bon pour la reconstruction à venir".
À Alençon (Orne), l'association culturelle mahoraise fédère plusieurs familles originaires de Mayotte. Si les photos des dégâts causés par le cyclone Chido circulent en grand nombre, le recensement des victimes prend du temps. Mardi 17 décembre, au moins 100.000 personnes se trouveraient sans toit ni eau sur le département le plus pauvre de France, où certains villages reculés n'ont pas encore été secourus. Un bilan provisoire fait état d'une vingtaine de morts et de 200 blessés graves.
Une cagnotte de soutien
Pour Zouriati, c'est un calvaire qui prend fin. La jeune femme a réussi à téléphoner à ses deux frères hier, puis à sa sœur ce mardi. La fratrie qui réside à Acoua, au Nord de l'île, a pu accéder à un réseau de télécommunication provisoire en se rendant à Mamoudzou et dans les grandes villes voisines. "C'est un grand soulagement, je n'avais pas de nouvelles de ma famille depuis vendredi alors que nous nous téléphonons tous les jours", témoigne-t-elle.
Chacun essaye de diffuser les informations qu'il a en sa possession pour réconforter les familles.
Zouriati AbdouTrésorière de l'Acma
Sur la boucle Whatsapp des habitants d'Acoua, Zouriati suit en direct les premières étapes de la reconstruction. La maison familiale, construite en dur, tient encore debout "même si les portes et les fenêtres vitrées ont été soufflées par le cyclone". Du côté du moral, ses proches font comme ils peuvent : "Ils vivent dans des conditions terribles. La nourriture qu'ils avaient stockée dans les congélateurs a été perdue. Ils ont perdu le sommeil. C'est très compliqué", explique la trésorière de l'Acma.
Zouriati et sa famille avaient prévu de passer les fêtes de fin d'année à Mayotte mais le cyclone Chido en a décidé autrement. Est-ce qu'il y aura de l'eau potable ? Quand arrivera l'aide alimentaire ? Les questions ont eu raison de leur voyage, prévu de longue date. Aux côtés des membres de l'association mahoraise d'Alençon, la jeune femme œuvre pour la création d'une cagnotte pour Mayotte. Le département n'avait pas connu de cyclone d'une telle violence depuis au moins quatre-vingt-dix ans.