Rentrée scolaire du 11 mai : la classe de l'après confinement sera très différente

Ce n'est un secret pour personne, la réouverture des écoles le 11 mai prochain suscite des inquiétudes chez les parents d'élèves et du stress chez les enseignants. A Limoges, la mairie s'attèle à la tâche du respect du protocole sanitaire nationale dans toutes les écoles. 

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Protocole sanitaire du ministère

Chaque école est un cas particulier. Et la classe de l'après confinement sera très différente. Et pour cause, le protocole sanitaire publié le 29 avril par le gouvernement est très strict.

Jeux de ballons interdits, 4 mètres carrés par élèves, limitation du brassage des élèves, prise de température des enfants et des enseignants avant chaque départ à l'école, distanciation sociale systématique d'un mètre au moins, échanges de crayons, livres, feutres, gommes proscrits ... 

Ce protocole sanitaire devra être mis en place dans toutes les écoles, dans tous les contextes et dans tous les espaces. Y compris dans les cours de récréation. 

Le port du masque est obligatoire pour les enseignants. Pour les enfants, seuls ceux des écoles primaires peuvent en porter s'ils sont en mesure de le supporter mais c'est déconseillé en cas de risque de mauvais usage. Il appartient aux parents de fournir les masques aux enfants lorque les masques seront accessibles aisémént à toute la population. 

Dans l'attente, le ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse "dote chaque école en masques de même qualité que ceux mis à la disposition des enseignants (masques "grand public" de catégorie 1) afin qu'ils puissent être fournis aux élèves qui le souhaitent ou doivent en être équipés et qui peuvent l'utiliser à bon escient" explique très concrètement le communiqué du ministère. 

Les classes de cours devront être ventilées très régulièrement. Au moins 10 minutes à chaque fois. Avant l'arrivée des enfants le matin, à chaque récréation, au moment du déjeuner et après la classe lors du nettoyage des locaux. 

Le brassage des élèves devra être limité strictement. La stabilité des classes et des groupes d'élèves est ainsi préconisée. 

 
 

Un contexte inédit pour les parents d'élèves et les enseignants


A Limoges par exemple, un groupe scolaire est en travaux depuis plusieurs années, car les écoles Condorcet et Roussillon ont été regroupées. Aujourd'hui encore, depuis le mois de septembre 2019, certaines classes sont dispensées dans des algécos. Des bâtiments assez petits. Des questions se posent alors pour le respect des distances sociales. 

"J'habite en face de ces algécos. Je les vois les enfants aller travailler dans ces préfabriqués depuis pluieurs mois. Ce qui pose question c'est la promiscuité des ces enfants dans ces bâtiments. C'est une aberration. Il faudrait mieux faire reprendre l'école aux enfants au mois de septembre"
-une voisine de l'école Roussillon-Condorcet.
 

Cette voisine de ce groupe scolaire explique que ses deux petits enfants de 17 et 18 ans, eux, ne vont pas retourner en cours. Ils habitent à Saint-Hilaire-les-Places en Haute-Vienne. Ils devraient donc prendre les transports en commun. "Beaucoup trop risqué" pour cette dame de 68 ans. 
 

Toutes ces interrogations de la population en général et des parents d'élèves, la mairie de Limoges semble les entendre mais elle est déterminée aujourd'hui à faire appliquer le protocole sanitaire du ministère. 

"Même pendant ces vacances de printemps, on a travaillé avec les enseignants, la direction des écoles. Week-end compris. La mairie prévoit une communication pour les directeurs aujourd'hui et mardi ou mercredi pour les parents d'élèves. Pour chaque école ou presque, un protocole spécifique est envisagé. Concernant les algécos du groupe Roussillon-Condorcet, pas plus de 5 élèves feront classe dans ces bâtiments" explique Vincent Jalby, adjoint au maire de Limoges chargé des affaires scolaires, joint par téléphone ce lundi 4 mai au matin. 

La vraie question pour toutes les écoles, le taux de présence des enseignants. Combien vont-ils être à exercer leur droit de retrait ?
Selon Vincent Jalby, "on va faire une gestion école par école. Nous ne sommes pas à l'abri que certaines écoles de Limoges ne puissent ouvrir leurs portes le 11 mai prochain". 

Du côté du nombre d'élèves, beaucoup d'interrogations également. L'adjoint au maire de Limoges, Vincent Jalby, s'attend à voir venir 25% des élèves des écoles.

Le chiffre de 50% me paraît surestimé

Les écoles vont tout de même rouvrir le 11 mai prochain, mais beaucoup de parents hésitent encore à y renvoyer leurs enfants. Certains tergiversent et n'arrivent pas à se décider.

Selon les dernières études médicales de la Société Française de Pédiatrie, le risque de contamination des plus jeunes et de propagation demeure pourtant beaucoup plus faible que pour les adultes. Les données scientifiques sont désormais plutôt rassurantes en particulier pour les moins de 10 ans. 
Les enfants ne seraient pas des "super-propagateurs" du Covid-19.

De plus, grâce au confinement, peu d'enfants arriveront en étant malades à l'école.

Du côté des syndicats enseignants, le téléphone ne cesse de sonner depuis ce matin. Au bout du fil, l'inquiétude des professeurs d'école. 

"Cette situation est catastrophique. J'ai eu ce matin un responsable du rectorat de Limoges qui a produit un vademecum pour les enseignants. Les exigences sont drastiques. Comment faire pour tout respecter à la lettre ?"
- Fabrice Prémaud, co-secrétaire départemental SNUIPP - FSU 87

Autre question cruciale, que vont faire les enseignants qui sont parents d'adolescents ?

Pour ces enfants-là, aucune date de reprise des cours n'est annoncée par le gouvernement pour le moment. "Quelle solution allons-nous avoir ? Zéro ! Sauf à les faire retourner en classe dans un établissement qui ne serait pas le leur !" assène le syndicaliste. "Car leurs parents enseignants n'auront plus de solution de garde pour eux à partir du 11 mai prochain".
 

Et le programme scolaire ?

Difficile aujourd'hui de savoir si le respect du programme scolaire est une priorité pour le gouvernement. Pour les syndicats elle ne peut l'être, étant donné que tous les enfants ne seront pas scolarisés. 

"On est prêt ou on ne l'est pas ! La reprise doit se faire de façon obligatoire pas sur la base du volontariat"
- Fabrice Prémaud, co-secrétaire départemental SNUIPP - FSU 87

Des mots qui retranscrivent une grande inquiétude de discrimination vis-à-vis des plus faibles, les "décrocheurs". Car ce sont eux qui ne vont pas reprendre le chemin de la classe. "Alors si les professeurs souhaitent reprendre le programme là où ils en étaient avant le confinement, cela sera tragique pour les enfants qui vont rester chez eux. Le pire serait de vouloir rattraper le temps perdu. C'est impossible et injuste. Il ne faut pas creuser les écarts" s'injurge le co-secrétaire départementale du SNUIPP FSU de la Haute-Vienne. 

Autant dire que les notions d'apprentissages qui auraient dues être abordées d'ici le 4 juillet ne seront pas enseignées. Reste à espérer que le mois de septembre 2020 sera propice aux révisions et surtout au rattrapage. 

 

 




 
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