Le retour à l'école va se faire lundi 26 avril en maternelle et en primaire. Le protocole sanitaire a commencé à être esquissé par le gouvernement. Il est accueilli avec beaucoup de lassitude par les parents et les enseignants désappointés par les effets d'annonce à répétition.
Un cas de covid égal une classe fermée. C'est une des annonces fortes du protocole qui va s'appliquer à partir de lundi avec le retour des écoliers dans les établissements.
Cependant les attentes des professeurs et des parents étaient grandes. Le confinement devait permettre le retour en classe dans des conditions plus sereines et force est de constater que pour beaucoup, ça ne sera pas le cas.
"Le problème c'est qu'on est jeudi 22 avril et que nous allons enfin avoir quelques précisions sur ce qui va se passer pour la rentrée de lundi. Pour nous, les parents, je trouve déjà que ce timing est gonflé, mais que les enseignants soient prévenus si tard par voie de presse, c'est plus que gonflé c'est inadmissible !" s'emporte Séverine Pineau co-président de la FCPE de Haute-Vienne.
Une réaction qui donne le ton. Les"comme d'habitude" reviennent au fil des entretiens. S'ils sont prélude à l'amour chez Claude François, ils marquent ici la grande lassitude des professionnels et des parents dont la rancoeur envers le ministère continue de monter.
"Je croyais que le but du confinement était de vacciner un maximum de professeur. Là encore c'était un bel effet d'annonce mais peu suivi d'effet", continue Séverine Pineau. "Le gouvernement nous avait annoncé une campagne de vaccination massive pour mars puis avril et maintenant pour les plus de 50 ans à partir de juin" explique Marianne Corrèze du SNES-FSU.
85 % des enseignants ont moins de 55 ans dans l'académie
Pendant les vacances, seuls les plus de 55 ans étaient éligible aux créneaux de vaccinations spécialement ouverts pour les professions de la seconde ligne. 40 doses par jour du vaccin Astrazeneca leur étant dédiées. Mais ils ne représentent que 15% des effectifs d'enseignants, soit 200 à 300 personnes sur l'académie de Limoges. Très peu reviendront donc en cours fin avril début mai en étant vaccinés. "Encore faut-il qu'ils aient concrètement été prévenus. Le courriel du rectorat a été envoyé sur les boites professionnelles pendant les vacances !" explique Fabrice Premaud du SNUIPP-FSU. "Ca fait des semaine qu'on demandait une campagne de vaccination massive notamment pour les collègues de maternelle qui sont face à des enfants sans masques. On est encore trop loin du compte. Le gouvernement joue un jeu de poker menteur et va nous renvoyer aux grandes vacances pour la campagne de vaccination".
Attente déçue concernant la vaccination mais aussi concernant le nombre d'élèves par classe. L'éventualité de travailler avec des demi-groupes semble ne va pas être généralisée et ne concerne que les lycées dans notre région. Le manque de remplaçants déjà chronique avant la crise sanitaire complique tout. Dès qu'un enseignant est malade, les collègues récupèrent ses élèves. Pas terrible en temps de Covid. "Ce que j'aimerai voir figurer dans le protocole, c'est une disposition qui stipule que si nous sommes incapables de respecter les règles sanitaires notamment en terme de nombre d'élèves par classe, nous soyons en mesure de renvoyer les enfants chez eux."
Autre disposition qui fait bondir : les tests. Ils vont être massivement déployés : 50 millions d'auto-tests à destination des lycées dans un premier temps et éventuellement aux collèges par la suite. Dans quelles conditions ? "C'est encore très flou" se désole Marianne Corrèze. "J'entends qu'on va demander à des enseignants formés d'encadrer les tests dans les établissements. Ce n'est pas à eux de le faire, ce n'est pas leur métier" s'indigne Séverine Pineau. "Que va-ton nous demander par la suite ? : Tester nos enfants nous-mêmes avec les auto-tests. C'est sûr que c'est rassurant, tets négatif : tu peux aller à l'école. Mais la recrudescence de test va forcément mettre à jour de nombreux cas et faire fermer des classes".
Ce deuxième confinement de l'éducation nationale laissera des traces. "Il y a une grande lassitude, un fatalisme chez les collègues" confie Fabrice Premaud. "Je ne sais pas dans quel état les enseignants vont retrouver nos enfants. J'ai un mal fou à maintenir mon fils qui est en 4e au travail. Les cours sur écran au début c'était ludique. Ca ne l'est plus du tout".