Retour à la rue pour Abdel*, 13 ans, et sa famille, ce lundi matin. L'association Les Autres se mobilise

C'est une situation insupportable pour les bénévoles qui les soutiennent : après avoir bénéficié d'un hébergement d'urgence pendant quelques jours, cette famille de cinq enfants, que nous avions rencontrés ce 18 janvier, s'apprêtait à passer une nouvelle nuit dehors à Limoges. L'association a donc, de nouveau, trouvé un hôtel.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Nous avons payé leurs nuits d'hôtel de lundi à jeudi. Vendredi, l'hôtel nous a appelés et nous a dit que le 115 les prenait en charge pour vendredi, samedi et dimanche, et ce matin, ils sont dehors."

Ce lundi 22 janvier, la colère et la tristesse teintent la voix de Jean-Pierre Orfèvre. Aujourd'hui président de l'association "Les Autres", il est engagé dans des œuvres caritatives depuis fort longtemps, et ne peut se résigner à accepter les situations de détresse qu'il côtoie jour après jour.

Moi je ne peux pas supporter qu'on laisse une famille dehors avec des enfants. Ce n'est pas possible.

Jean-Pierre Orfèvre

président de l'association Les Autres

La famille d'Abdel, que nous avions rencontré ce jeudi 18 janvier, il l'accompagne depuis le mois de novembre. Régulièrement son association paye des nuits d'hôtel (autour de 80€ la nuitée) aux parents et à leurs cinq enfants, âgés de trois à quinze ans. Ce soir encore, "Les Autres" vont pallier les carences de l'État. "On ne va pas les laisser dehors cette nuit, on va payer leur nuit d'hôtel, mais on ne peut pas payer 150 nuits ", nous confie-t-il.

Financée uniquement par des dons, l'association ne perçoit aucune subvention, par choix, pour garder sa liberté de parole. Dès que l’occasion se présente, Jean-Pierre Orfèvre nous explique qu'il interpelle le préfet sur telle ou telle situation, et réussit à obtenir des solutions, toujours provisoires. "On n'en sort pas" déplore-t-il.

Une autre famille menacée de retourner à la rue

Jean-Pierre Orfèvre s'inquiète aussi de ce qui attend une autre famille suivie par "Les Autres" : une mère et quatre enfants âgés de 3 à 15 ans, hébergés jusque-là à l'hôtel par le 115, qui vient d'apprendre qu'ils vont devoir quitter les lieux ce jeudi. "Une autre famille va vous remplacer", leur aurait-on dit.

"À partir de vendredi, on ne sait pas ce qui va leur arriver. S'ils perdent leur hébergement au 115, ils perdent tout. Ils n'ont plus droit aux repas gratuits à la Bonne Assiette" s'alarme-t-il. "On a envie de les aider, c'est dur".

Il y en a plein qu'on ne connaît pas.

Jean-Pierre Orfèvre

Président de l'association Les Autres

La situation d'une autre famille a été révélée par France Bleu : inquiétés par la fragilité d'un élève de six ans, les enseignants de l'école élémentaire René Blanchot de Limoges ont découvert que cet enfant, sa sœur de trois ans et leurs parents, sont dans une telle situation de précarité qu'ils dorment régulièrement dehors, et se mobilisent pour leur venir en aide, selon les informations de nos confrères

Jean-Pierre Orfèvre n'a pas connaissance de cette situation en particulier, mais ça ne le surprend pas. Entre crainte et honte, de nombreuses familles taisent leurs difficultés : "Il y en a plein qu'on ne connaît pas, estime Jean-Pierre Orfèvre. Les gens ne veulent pas parler, c'est très compliqué."

À Limoges, plus d’une vingtaine d’enfants dormiraient régulièrement dans la rue avec leurs parents, estime Chantal Beauger, bénévole de l’association "Les Autres".

Sollicitée et informée de la situation de ces familles, la préfecture ne nous a pas répondu à l'heure où nous publions ces lignes.

L'article L.121-7 du Code de l'action sociale et des familles indique qu'il revient à l'État de prendre en charge les mesures d'hébergement des familles en grande difficulté.

*Sur demande de la famille, le prénom a été modifié.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité