Retraites : combien de grévistes à battre le pavé à Limoges ? Un chiffre scruté à la loupe par l’intersyndicale

Le nombre de manifestants sera scruté de près tant par les syndicats que par le gouvernement. Cela donnera une idée de l’ampleur de la contestation et de la suite à donner au mouvement. Les précédentes réformes des retraites, en tout cas, ont fortement toujours mobilisé en Limousin.

Limoges, pays de naissance de la CGT en 1895, terre de résistance et des luttes sociales, va-t-elle se mobiliser massivement à l'appel de l'intersyndicale contre la réforme des retraites défendue par la première ministre Elisabeth Borne ? "C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses", dit-on à la campagne. Le chiffre de la mobilisation est dans la tête de tous les leaders syndicaux qui attendent pas moins de 5000 manifestants. En dessous, disent certains, ce sera un flop.

1995 

En 1995, c’est déjà une marée humaine qui déferlait dans les rues de Limoges. La réforme des retraites, portée par Alain Juppé, correspond à la mobilisation la plus importante depuis 1968. À Limoges, ils sont entre 12 à 25 000 personnes à battre le pavé.

Dans le cortège, la colère est vive chez les manifestants : « On a la sécurité sociale, la semaine de 40 heures et on a les congés payés. Mais ils veulent nous les bouffer ! On n’est pas d’accord ! », rage un gréviste particulièrement remonté. « La bourse a du pognon ! On nous prend pour des c... », ose un gréviste chaudement habillé à l’adresse de la foule qui reprend la rengaine en chœur.

19 mai 2003

30 à 40 000 manifestants sont dans la rue contre la réforme de François Fillon et Jean-Pierre Raffarin. Un cortège de près de 3 kilomètres de long.  

« La retraite, on s’est battu pour la gagner ! On se battra pour la garder ! », hurle un manifestant dans le mégaphone à mesure que la marche évolue vers la préfecture.

 

Record battu en 2010 contre la nouvelle réforme Fillon

Les syndicats recensent alors jusqu’à 45 000 manifestants. Chiffre évidemment contesté par les autorités qui n’en comptent que 10 000.  

« Macron, si tu savais, ta réforme, où on se la met ! », ambiance survoltée, langage de grève, on ne s’embarrasse pas des précautions de langage. Car la coupe est pleine.

2019

Dernière grosse manifestation le 5 décembre 2019. Edouard Philippe porte un projet de réforme par point. 20.000 Limousins sont dans la rue.

 À quoi s’attendre ce jeudi de débrayage ? L’unanimité syndicale inédite sur ce sujet depuis 2010 pronostique une très forte mobilisation.

Les raisons de la colère ?

Rencontre avec Martine Lévêque, secrétaire de la CFDT 87.

Parmi les raisons qui vous amèneront à manifester ce jeudi, il y a justement le sujet de l’emploi des seniors. Qu’est-ce qui manque à cette réforme pour l’accompagner ?

Le projet de réforme ne prévoit que la création d’un index senior pour les entreprises de 300 salariés. Ce qui occulte 60% de la totalité des salariés de ce dispositif. Et il faut savoir que cet index n’est aucunement obligatoire, et ne constitue aucune contrainte pour les entreprises. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de pénalités si les entreprises n’emploient pas des personnes de plus de 60 ans.

Quel autre argument vous pousse à manifester ce jeudi ?

C’est une réforme totalement injuste et brutale. Injuste à 3 niveaux : parce qu’elle va pénaliser les personnes, les salariés qui ont commencé à travailler tôt. Ça va constituer une différence avec les personnes qui ont travaillé plus tard. À titre d’exemple, un maçon qui peut prétendre à partir à la retraite à 62 ans, avec la totalité de ses annuités, demain avec cette réforme, ne pourra partir qu’à 64 ans alors qu’il a la totalité de ses annuités. Il va devoir travailler deux ans de plus. Pour une personne qui a commencé à travailler plus tard, prenons un cadre, par exemple, parce qu’il a fait des études longues, il va partir à 64 ans avec ses annuités, mais il sera parti à 64 ans, quoi qu’il en soit, mais il n’aura pas travaillé deux ans de plus pour avoir droit à une retraite complète.

 

Aujourd’hui la pénibilité n’est pas retenue, il y en a quatre qui ne sont plus retenues depuis 2017 et vous avez envie qu’elles soient prises en compte.

La CFDT a beaucoup insisté dans la phase de concertation pour que ces critères de pénibilités soient pris en compte. Il s’agit du port de charges lourdes, des vibrations mécaniques, des postures difficiles, et tout ce qui relève d'une exposition aux produits chimiques.

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