Risques d'inondations : connaissez-vous cette taxe locale prélevée aux habitants propriétaires pour protéger les cours d'eau ?

Connaissez-vous la Gemapi ? Derrière ce sigle, que vous avez peut-être déjà vu sur votre relevé d'impôts locaux, se cache la "Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations". Une compétence des intercommunalités pour restaurer les cours d'eau et les protéger des risques liés au dérèglement climatique. On vous explique tout.

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Vous l'avez peut-être déjà remarquée sur votre relevé d'impôts locaux. Les collectivités qui le souhaitent peuvent prélever la "taxe Gemapi" aux habitants propriétaires déjà soumis à la taxe foncière. 

Aussi appelée "taxe inondation", cette contribution permet de financer les travaux visant à limiter les risques d'inondations. Cela passe, par exemple, par la restauration des zones humides, l'aménagement des bassins versants, de lacs ou encore de cours d'eau. 

Des travaux pour "l'intérêt général"

Cette "Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations" (Gemapi) a été confiée aux intercommunalités depuis 2018. Et pour comprendre comment cette compétence se met en place, direction Cheissoux, en Haute-Vienne.

Dans ce village aux portes du plateau de Millevaches, les vaches limousines de Michel Pouiller piétinaient les rives du ruisseau lorsqu'elles s'y abreuvaient. Les berges s'affaissaient et le cours d'eau a fini par s'obstruer.

"On a construit une mare pour alimenter un abreuvoir. Une fois que le cours d'eau a été clôturé, pour que les vaches puissent traverser d'une parcelle à l'autre, on a créé un passage avec une buse enterrée sous le lit du ruisseau", détaille Estelle Gilles, chargée de mission Gemapi au sein du Pôle d’Équilibre Territorial et Rural (PETR) Pays Monts et Barrages.

Coût du chantier : 18 000 € dont seulement 30% à la charge de l'éleveur. Michel Pouiller se réjouit. Sans ce dispositif, il n'aurait probablement pas réussi à financer ces travaux qui sont, selon lui, "un plus pour les bêtes et pour l'environnement". 

Même si l'eau passe chez l'agriculteur, elle reste un bien commun. Il faut la préserver pour l'intérêt général.

Estelle Gilles

Chargée de mission GEMAPI Pays Monts et Barrages

Un réseau de vigies

Autre exemple des obligations Gemapi à Domps en Haute-Vienne, où un affluent de la Combade était totalement ensablé il y a encore quelques mois. L'eau ne pouvait plus s'écouler. Il a fallu sortir la pelleteuse, gratter, puis installer une buse afin que les poissons migrent de nouveau.

 

"Il y a un côté satisfaisant à retrouver le lit originel. Il faut imaginer qu'avant la réalisation des travaux, il y avait plus de 150 centimètres de sédimentation. Quand on débouche cela, on retrouve ce que les poissons devraient avoir dans ce milieu si particulier", commente Pierre Pommeret, directeur de la Fédération de pêche 87. 

Ce travail est important parce qu'il permet aux cours d'eau de retrouver leurs missions principales qui sont d'assurer le transit hydraulique et de permettre la vie aquatique.

Pierre Pommeret

Directeur de la Fédération de pêche de Haute-Vienne

Cette gestion des cours d'eau nécessite un important travail de vigie mené par de nombreux acteurs : élus locaux, pêcheurs ou agences de l’eau... Chacun participe avec ses compétences à la protection du milieu.

Qui dit bon état des cours d'eau, dit bonne qualité et bonne quantité de la ressource qui est ensuite utilisée comme eau potable, usages récréatifs ou économiques.

Hélène Thuret

Chargée de mission à l'Etablissement Public du Bassin de la Vienne

La surveillance du réseau hydrographique est un facteur important pour limiter les risques d'évènements climatiques extrêmes. Si le Limousin a la chance d'être peu artificialisé, la bétonisation rend de nombreux territoires plus vulnérables, comme la région de Valence en Espagne qui a récemment connu des inondations meurtrières. 

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