Crise sanitaire : sale temps pour les conservatoires de l’ex-Limousin

Les cours ont pu reprendre dans les conservatoires du Limousin, avec seulement des cours pour les mineurs en présentiel. Fortement perturbées par l'épidémie de Covid, les activités tournent au ralenti. Comment font-ils face à la crise sanitaire ?

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Au conservatoire de Limoges, ce jour-là, c’est un peu comme une nouvelle rentrée des classes. Les jeunes élèves se retrouvent enfin dans la joie, pour des cours en présentiel. Fini les leçons en visioconférence avec les problèmes de connexion, mais les élèves n'ont pas trop perdu le rythme. "Globalement, ça peut aller. Il y a de petites choses à mettre en place, mais ça va, il n’y a pas trop de retard", rassure Mylène Muller, Professeur de formation musicale.

A Limoges, tous les cours ont repris sauf pour les adultes qui ne sont pas en approfondissement et pour les disciplines autour du chant. On peut même jouer ensemble si on est moins de 15.

"On ne pouvait pas jouer en même temps, sinon on ne pouvait pas s’entendre", explique Rosa, une élève qui apprend le luth, son camarade Esteban raconte sa joie de retrouver ses copains en présentiel "quand des fois on fait des fautes, eh bien on peut se rattraper avec les autres et tout ça quand on joue tout seul, ça s’entend énormément".

Le confinement est arrivé peu après la rentrée, après seulement une poignée de cours. Difficile pour les débutants. Pour les autres, c'est le lien déjà existant qui a permis de tenir.

De l'avis de  Béatrice Pornon, sa professeur de Luth, "tous les paramètres essentiels de la musique on les  apprend ensemble  après c’est le long terme qui permet d’affiner, de jouer de plus en plus propre. C’est le travail technique. Mais la joie, c’est dans le partage des moments de vie."

Après deux confinements, c'est encore une nouvelle organisation pour le conservatoire.

Le directeur regrette un manque d'autonomie pour gérer la crise.

"Si au niveau d’un territoire on pouvait gérer en accord avec le préfet par exemple le nombre d’élèves qu’on accueille, lesquels et comment, ça nous permet d’anticiper et de nous organiser. Sauf que là, c’est un décret national qui fixe les règles", s’exaspère Damien Royannais Directeur du Conservatoire de Limoges

Pendant l'épidémie, le conservatoire à rayonnement régional n'a perdu qu'une centaine d'élèves sur 1500. Mais l'avenir est toujours incertain.

En Corrèze, seulement les cours en présentiel pour les  mineurs ont également pu reprendre. "Ils sont 436 élèves à être revenus sur les 600 que compte le conservatoire à rayonnement départemental de la ville de Tulle. A mon arrivée, explique le nouveau directeur, on avait jusqu’à 700 inscrits, mais après la rentrée de septembre on a perdu une centaine d’élèves" regrette Davy Dutreix.

A noter que les 38 enseignants que compte l’établissement sont tous revenus en présentiel. En ce qui concerne les cours de Jazz et de musique actuelle, les élèves peuvent également continuer les cours mais nous avons pris toutes les précautions (distance avec séparation en plexiglas, masques obligatoires tout le temps). Les cours de solfège (formation musicale) se font en présentiel.

Les cours de chant en revanche se passent en distanciel, notamment pour les cours des adultes qui se passent  obligatoirement en distanciel. La ville de Tulle a installé un site de visioconférence local pour ne pas passer par un opérateur extérieur pour les besoins des cours à distance et ça fonctionne depuis sa mise en place en novembre.

Facilités

Le conservatoire fait des efforts pour faciliter la vie des usagers. Les droits d’inscription à Tulle sont fractionnés par trois et le premier tiers a été réduit de moitié. On a également mis en place un espace numérique de travail, pour les élèves danseurs (culture chorégraphique, anatomie) pour qu’ils ne perdent pas trop pied, mais aussi et surtout enrichir leur culture musicale. Une centaine de danseurs sont concernés (danse contemporaine, danse classique).

En Creuse, le conservatoire Emile Goué a également rouvert aux mineurs en présentiel. Comme à Tulle, et Limoges, tous les cours ont lieu sauf pour le chant et les orchestres. Les orchestres n’ont pas repris, rappelle Bruno Adam, directeur du Conservatoire car plus de la moitié des effectifs sont des adultes. Pour ces derniers, tous les cours d’instrument se dispensent en visioconférence.

Pour les formations musicales (anciennement le solfège), les cours sont en ligne avec des exercices et des corrections possibles par le professeur. Le conservatoire de la Creuse compte 13 antennes dans tout le département. Et conformément au décret du 14 décembre, les cours peuvent aller jusqu’à 21h.

"Seul problème aujourd’hui, poursuit Bruno Adam, les nombreux enseignants que compte le conservatoire habitent dans l’Allier. Et comme là-bas, le couvre-feu risque de passer à 18h, sans dérogations, ces professeurs-là ne pourront pas venir faire cours. Et cela poserait un sérieux problème supplémentaire au conservatoire".

Cela dit, si le couvre-feu dans l’Allier passait à 18h, tous les cours seraient assurés par ces enseignants en visioconférence. Le conservatoire s’engage à garantir la tenue des cours.

L’autre problème, c’est que depuis la rentrée de septembre, on commence à voir arriver beaucoup de radiations, rien que cette semaine, on en a reçu une quinzaine.

"Que les parents se rassurent, en juin on fera une ristourne sur les droits d’inscription. Le conservatoire de la Creuse est un syndicat mixte, contrairement à celui de Limoges. On va faire cette remise, assure Bruno Adam, mais elle va faire très mal au budget qui est de deux millions cent mille euros".

Erosion

En Creuse, "le conservatoire a compté jusqu’à 800 inscrits, rappelle Bruno Adam, nous en sommes à 760 aujourd’hui. Ça m’effraie un peu cette érosion, car à mon arrivée en 2013, on avait beaucoup de projets d’ouverture de classe Cham. Cette crise est en train de porter un sacré coup aux activités culturelles. Je comprends qu’il y ait des jeunes qui abandonnent, j’ai d’ailleurs l’un de mes collègues qui a fait des démarches auprès de la médecine préventive pour avoir du soutien psychologique. On est lucides, et on sait qu’on ne reprendra pas une activité normale avant la rentrée prochaine. Mais moralement c’est très dur. En plus pour les professeurs qui travaillent depuis chez eux, ils travaillent deux fois plus. Après ce sont des fonctionnaires territoriaux, ils ont des salaires qui sont assurés, mais au niveau des conditions de travail c’est une vraie surcharge de travail".

Parler de qualité sonore à travers un écran c’est impossible, et c’est très frustrant.

Bruno Adam, directeur du conservatoire Emile Goué, en Creuse

 

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