Trois sangliers ont été abattus par l’Office français de la biodiversité en plein Limoges, ce mardi 27 février, après avoir provoqué des dégâts dans un jardin et blessé la propriétaire. L'apparition de ces animaux est d’ordinaire cantonnée aux abords de la ville, notamment en zone nord. Est-ce un incident isolé ? Éléments de réponse.
Ce n’est clairement pas l’endroit où l’on s’attend à trouver un sanglier. Trois bêtes se sont pourtant installées, pendant une semaine, dans le jardin d’une habitante rue Aristide Briand à Limoges. Cherchant à chasser ces squatters, la dame a été mordue. Un comportement qui ne surprend pas la fédération des chasseurs : "Le sanglier s'adapte et se retranche dans des zones où il est peu chassé, où il trouve de la tranquillité et de la nourriture, et c'est vrai que les zones urbaines et périurbaines répondent très bien à ces critères-là", nous explique Natacha Poirier, porte-parole de la fédération des chasseurs de Haute-Vienne.
Des solutions existent
Nul besoin d’aller très loin à Limoges pour trouver des traces. Mais c’est la première fois qu’ils s’aventurent si près du centre-ville. Il faut dire qu’en seulement quelques décennies, le nombre de sangliers en France a bondi de 250 000, en 1970, à un million actuellement sur le territoire national. En suivant les voies ferrées ou les voies vertes, l'animal est amené à faire de plus en plus d’incursions au cœur des villes. Selon Philippe Goursaud, chef de l'Office français de la biodiversité en Haute-Vienne, cette expansion s'explique, notamment, par "le réchauffement climatique, la modification des pratiques culturales et une augmentation du taux de fécondité augmentée par une alimentation beaucoup plus riche", sont à l'origine du développement de cette espèce à grande adaptabilité.
Mais des solutions existent pour limiter le phénomène et les dégradations, selon Philippe Goursaud, chef de l'Office français de la biodiversité en Haute-Vienne : "C'est d'essayer de réguler, de gérer cette espèce, lui interdire, par l'intermédiaire des infrastructures linéaires ferroviaires, et des lieux dédiés aux espaces naturels, de lui interdire l'accès - dès son approche de la zone urbaine - par des clôtures, par des systèmes de prévention.
"Arrêter l'agrainage" ?
Pour le naturaliste Marc Giraud, cette présence résulte d’une mauvaise gestion de l’espèce par les chasseurs : "ils maintiennent beaucoup trop leur population. En plus, ils les agrainent, ça veut dire qu'ils leur donnent du grain et des choses pour les nourrir, soi-disant pour les mettre hors des cultures, alors que ça les fait proliférer. Donc la première mesure à faire contre les sangliers serait d'arrêter l'agrainage."
Si des sangliers viennent camper dans votre jardin, le bon interlocuteur à contacter est la direction départementale des territoires (05 19 03 21 00). Cette dernière peut mandater des lieutenants de louveterie chargés d'abattre ou de capturer les visiteurs inopportuns.
Le reportage de Nicolas Chigot et Julien Privat :