À Limoges (Haute-Vienne), les cinq salariés d’un hôtel du centre-ville n’ont pas reçu de salaire depuis trois mois. Sans nouvelles des gérants, ils vont porter l'affaire aux prud’hommes. En attendant, ils continuent de faire vivre l'établissement, dont la fréquentation est presque à l’arrêt.
À première vue, l'hôtel "Enzo" semble fonctionner normalement. Des couloirs, des portes, des chambres. Un détail - et non des moindres - fait défaut : les clients. Jessica Milazzo, la directrice, montre les réservations sur son écran d'ordinateur : "Là, on est en septembre 2024, par exemple. Le taux de remplissage est d'un peu plus de 60%. C'était un bon mois. On travaillait correctement. Et on passe sur un mois de janvier avec une dizaine de réservations..."
Quand le premier salaire n'est pas tombé, le discours du gérant, c'était que ça allait prendre un peu de retard. Après ça, plus rien.
Jessica MilazzoDirectrice de l'hôtel "Enzo"
En quelques semaines, la fréquentation s'est effondrée. Les trois gérants de l'établissement, situé place Jourdan, à Limoges, ne paient plus les factures. Depuis trois mois, même les salaires ne sont plus versés aux cinq employés. "Quand le premier n'est pas tombé, le discours du gérant, c'était que ça allait prendre un peu de retard, car on a eu des soucis d'ordre financier en octobre, raconte Jessica Milazzo. Après ça, plus rien."
Depuis, les salariés n'ont rien perçu. Inès a travaillé dans l'hôtel, en CDI, de septembre 2022 à novembre 2024. Elle attend encore un solde de tout compte d’environ quatre mille euros. "Pour moi, c'est très important pour payer mon loyer, témoigne cette dernière. J'ai un retard de loyer de cinq mois, car depuis que j'ai arrêté, je n'ai pas réussi à trouver un boulot."
Une procédure d'urgence aux prud'hommes
Contactés, les trois associés gérants de l'établissement - franchisé indépendant - n'ont pas souhaité répondre à nos questions.
Le groupe ENZO Hôtels, quant à lui, dénonce également ce comportement et affirme n'avoir pas été payé par ces gérants pour l'appartenance à la franchise, depuis trois ans.
Pour l’avocat qui défend les salariés, cette procédure doit se régler rapidement. "Visiblement, on est dans un contexte d'entreprise qui laisse un peu la situation se détériorer, affirme maître Romain Lagrange. Soit ils sont licenciés dans le cadre de la procédure collective à venir, soit l'employeur fait le nécessaire pour que la situation ne perdure pas."
En attendant, les salariés continuent de faire vivre l’établissement. Sans nouvelles de leurs patrons, ils ont saisi le conseil des prud'hommes pour une procédure de référé. L’audience se tiendra ce vendredi 31 janvier, à neuf heures, à la cité judiciaire de Limoges.