Second tour des municipales : le maire de Limoges le veut en juin, ses opposants plus tard

Émile-Roger Lombertie, le maire sortant (LR) de Limoges, a cosigné une tribune dans le Journal du Dimanche de ce 17 mai, appelant à la tenue du second tour au mois de juin prochain. Son adversaire désigné par le premier tour, Thierry Miguel (LUG) n'y est pas favorable.

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Ne transformons pas le confinement sanitaire en un confinement démocratique qui serait néfaste à l'avenir de la France et organisons le deuxième tour des élections municipales dès le mois de juin.

C'est ainsi que se termine cette tribune, cosignée par trente-six élus de tous bords politiques, dont Émile-Roger Lombertie, le maire de Limoges, mais également par Anne Hidalgo, maire de ParisNicolas Florian, maire de Bordeaux, Jean-François Fontaine, maire de La Rochelle ou encore Jérôme Baloge, maire de Niort, dans l'édition du Journal du Dimanche de ce 17 mai.

Un appel à un second tour en juin principalement motivé par deux principes : l'un démocratique, l'autre économique

La tribune développe donc plusieurs arguments pour justifier cet appel à la tenue du second tour au mois de juin. Pour faire simple, on peut les résumer en deux axes : l'un démocratique, l'autre économique.
Voici, ci-dessous, deux citations de cet appel :
  • Comment demander aux Français, qui malgré leur inquiétude se sont déplacés pour venir voter le 15 mars, de refaire un premier tour pour les communes concernées? Comment le justifier auprès des milliers de bénévoles et personnels ayant participé à la tenue du scrutin?
  • 70% de la commande publique sont réalisés par les communes et les intercommunalités. Elles sont le bras armé essentiel à notre économie et à nos emplois. Or, faute de tenir rapidement le second tour des élections municipales, il ne sera pas possible d'installer les exécutifs des communes et des intercommunalités avant la fin de l'été et par conséquent les mesures qui conditionnent le rétablissement de la croissance durable ne pourront être votées.

La réalité du premier tour

Avant de voir les différentes positions à Limoges, petits rappels concernant le premier tour des municipales du 15 mars dernier :
  1. Un premier tour tout d'abord, organisé huit heures après la fermeture des bars, des restaurants, des salles de spectacles, et clos quarante heures avant le début du confinement, qui aura vu une abstention record en France, de 55,34% au niveau national, contre 36,45% en 2014, et même de 62,9% à Limoges, contre 39,52% précédemment.
  2. Un premier tour ensuite, qui avait déjà, début avril, vu plus de 2 800 recours déposés contre lui. On ne trouve d'ailleurs plus trace de cette comptabilité désormais, même s'il semble, selon certaines préfectures, notamment de celle la Sarthe, que ces recours peuvent être déposés jusqu'au 25 mai prochain.
  3. Un premier tour après, qui a vu l'élection de près de 30 000 conseils municipaux, sur près de 35 000, mais qui n'a pas pu encore permettre l’installation des équipes élues, les sortantes étant à l'époque enjointes d’assurer les affaires courantes. Cette installation doit, selon un décret publié au Journal officiel du 15 mai 2020, se dérouler ce lundi 18 mai, avec la tenue des premiers conseils entre le 23 et le 28 mai.
  4. Un premier tour enfin, qui en appelle surtout un second dans 4 816 communes, dont 1 541 communes de plus de mille habitants, soit au total, un peu plus d’un tiers des 47,7 millions de personnes inscrites sur les listes électorales.

Ce qui est pour l'instant prévu ou envisagé pour le second tour

Mais la tenue de ce second tour n'est pas encore définie.
Si la loi d'urgence sanitaire du 23 mars dernier la prévoit avant la fin du mois de juin, le gouvernement voulait s'appuyer sur la remise d'un rapport du Conseil Scientifique à ce sujet, remise originellement prévue pour le 23 mai prochain, mais potentiellement avancée.

En attendant, toutes les hypothèses étaient envisagées, avec avantages et inconvénients, et partisans et opposants :
  • Tenue effective en juin, vraisemblablement le dimanche 21 ou le 28.
  • Tenue à la rentrée, fin septembre ou début octobre, mais avec vraisemblablement l'obligation de refaire deux tours là où le premier n'avait pas suffit.
  • Tenue voire même carrément avril 2021 !

Pourtant, avec le début du déconfinement, depuis ce 11 mai, les partisans de la tenue de ce deuxième tour avant la fin juin se font plus nombreux, tous bords politiques confondus, et donc notamment, les trente-six signataires de la tribune.

Les opinions politiques limougeaudes sur ce second tour

Nous avons donc joint par téléphone, ce dimanche 17 mai, et Émile-Roger Lombertie, qui, pour rappel, était arrivé en tête à Limoges au premier tour, avec 46,20% des suffrages exprimés, et Thierry Miguel (LUG), arrivé en deuxième position avec 21,58%, et seul à pouvoir se maintenir contre le maire sortant, et Bernard Drobenko (LVEC), 9,05%, et enfin Monique Boulestin (LUC), 7,65%.

Si cette dernière n'a pas souhaité s'exprimer au sujet de ce second tour, pas avant, nous a-t-elle dit « d'avoir connaissance de tous les avis, en premier lieu celui des constitutionnalistes, puis celui du Conseil Scientifique, puis du gouvernement », les trois premiers autres ont eu des positions, sans surprise, pas forcemment semblables.

Sur l'aspect démocratique tout d'abord

Signataire de la tribune, le maire sortant de Limoges a bien entendu débuté par ce point.

Il est légitime que nous puissions faire ce second tour.
On ne peut pas avoir élu une partie des conseils municipaux le 15 mars dernier, et faire comme si de rien n'était pour les autres.
Pourquoi jonglerait-on avec le scrutin universel ?
Et il y a le problème de toutes les élections à venir, celles prévues d'ici à 2021.
Puisque la loi l'avait prévue, que les écoles rouvrent, que le travail reprend, si l'on respecte toute les conditions sanitaires, pourquoi ne pas se poser la question de la démocratie ? [Émile-Roger Lombertie, maire sortant (LR) de Limoges]


Sons de cloches différents chez ses opposants.

Ils appellent à déconfiner la démocratie, mais la démocratie ne doit jamais être confinée !
Cela est due à cette drôle de période, mais surtout au fait que le premier tour ait été maintenu !
Moi je pensais qu'il n'aurait pas lieu. [Thierry Miguel (LUG)]

Ce premier tour a été un non-sens, il n'y a qu'à voir l'abstention. Il n'y a pas de légitimité dans ces élections, et cela ne changera pas fin juin ! [Bernard Drobenko (LVEC)]

J'entends, mais il faut aller jusqu'au bout du raisonnement.
Si l'on craignait pour la participation, il fallait tout annuler.
Cela n'a pas été fait. Maintenant, il faut donc aller jusqu'au bout de cette élection. [Émile-Roger Lombertie, maire sortant (LR) de Limoges]

Oui, mais je ne vois pas en quoi ce serait différent fin juin.
Les gens ne seront pas prêts, notamment psychologiquement, à aller voter.
Il risque donc d'y avoir à nouveau une participation très faible, et un vote illégitime. [Thierry Miguel (LUG)]

Sur l'aspect économique ensuite

Peut-être plus encore que sur l'aspect démocratique, c'est sur cet aspect que le maire sortant a voulu insister.

Nous sommes face à un enjeu majeur : faire repartir notre pays.
Et nous sommes en première ligne, et de la crise sanitaire, et de la crise économique qui arrive.
Comment faire sans moyen ?
Comment, sans élire les conseils municipaux, préparer la rentrée ?
Comment faire fonctionner les intercommunalités ?
Comment relancer les grands chantiers ?
Comment faire fonctionner durablement les nouveautés mises en place, comme la multiplication de l'aide alimentaire ?
J'ai d'ailleurs lancé un audit et une démarche de prospective, pour tester l'impact de la crise sur Limoges. [Émile-Roger Lombertie, maire sortant (LR) de Limoges]


Un argumentaire que ne partagent pas totalement ses opposants, sans le réfuter pour autant. Thierry Miguel par exemple reconnaît la réalité et la problématique liées à la commande publique. Mais il y voit, justement à cause du maintien du premier tour, « une véritable prise d'otage, pour tous d'ailleurs, à droite comme à gauche, pour les sortants comme pour les candidats, et pas seulement à Limoges mais partout en France. ».

Les craintes sur la campagne à venir

Une fois les grands principes exprimés, puisqu'il s'agit de politique, son jeu inhérent ne tarde pas à revenir, même si tous s'en défendent. Un second tour proche ou lointain, et chacun d'y voir des avantages pour ses adversaires, et des inconvénients pour lui, tout en réfutant, à grands mots mais à grand peine, les polémiques.

Je rappelle que notre appel est signé par toutes les tendances confondues. C'est bien la preuve qu'il n'y a pas de jeu.
Et si le gouvernement devait décider fin mai, pour un second tour mi ou fin juin, qu'on ne me dise pas qu'il n'y aurait pas le temps pour faire campagne. Ce serait même scandaleux.
Je rappelle que la campagne, ou les possibles alliances, tout cela a déjà eu lieu, et que celle de l'entre-deux tours ne dure normalement qu'une semaine.
Quant à vouloir se servir de l'argument de la gestion de la crise, cela ne tient pas sur ce second tour ! [Émile-Roger Lombertie, maire sortant (LR) de Limoges]

C'est sûr que de décaler les élections pourrait faire évoluer les positions. Qui sait si à Limoges par exemple, on ne serait pas en triangulaire ?
Moi, j'ai demandé à mes équipes de travailler pour l'après, pas sur le pendant de la crise.
Mais c'est vrai qu'on a vu, et pas qu'à Limoges, partout, des maires sortants en communication permanente, sur le sujet des masques notamment. Et les opposants ne pouvaient pas s'exprimer, sauf à rentrer dans de vaines et stériles polémique.
Quant à dire que je souhaiterai plus de temps pour une éventuelle alliance, moi, je ne crois qu'à celle des électeurs. [Thierry Miguel (LUG)]

Vu ce qu'a démontré cette crise, pas qu'au niveau local, à tous les échelons, bien des résultats pourraient changer.
Mais à Limoges, vu ce que j'ai vécu le 16 mars au matin, si vous me parlez d'alliance, moi je ne changerai pas de position ! [Bernard Drobenko (LVEC)]

Cela dit, tous s'accordent sur un point : c'est l'état de l'épidémie qui devra fixer le calendrier électoral, de Thierry Miguel qui concède que « n'étant pas décideur, quoiqu'il arrive, on se mettra en ordre de marche », jusqu'à Émile-Roger Lombertie qui reconnaît « qu'en cas de deuxième vague, ou pire, de reconfinement, sa signature à la tribune du JDD deviendrait par la force des choses caduque. ».
Et, pour les deux candidats normalement désignés pour ce second tour, que la date du 28 juin serait probablement plus judicieuse, "notamment après les annonces d'une Fête de la Musique maintenue le 21 juin, annonces peut-être mal comprises ou interprétées, et qui renforcent le doute dans la tête des gens.".
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