Quarante-huit heures après le séisme qui a coûté la vie à 2400 personnes (bilan provisoire), les ONG de secours rongent leur frein. Le Maroc n'a toujours pas donné le feu vert à leur intervention. Un pompier de l'association, déjà sur place pour raison personnelle, nous donne des éléments de contexte qui expliquent, en partie, cette attente.
S'ils ne sont pas encore autorisés à partir en mission, bien que déjà prêts à intervenir, les pompiers de l'Urgence Internationale ont déjà un émissaire au Maroc : Christophe Bezzazi, membre des PUI et marocain d'origine, était sur place pour des raisons privées. Il a pu effectuer, en éclaireur, une reconnaissance avec un 4x4 et des guides de haute montagne dans la zone concernée. Son constat est glaçant. "Ce sont des endroits complètement paumés, avec des hameaux disséminés sur près de 100 km, rasés à 100%. Ce type de construction avec un séisme de cette magnitude (6,8) ne résiste pas. Il y a une grosse mobilisation du gouvernement et de la population, mais tout se fait à dos d'âne".
Une complexité qui explique, en partie, le temps que le Maroc met à solliciter l'aide internationale : "Les villages touchés sont inaccessibles, dans la chaîne de montage de l'Atlas. Il faut du temps pour que les autorités locales puissent déblayer les routes et construire des ponts provisoires pour accéder à ces zones et évaluer les besoins", explique Philippe Besson, président et fondateur des Pompiers de l'urgence internationale, interviewé sur France Bleu et France 3 ce matin.
En attendant qu'une intervention internationale se dessine, Christophe rend compte et prépare le terrain.
En fonction de ce que je vois, de ce que je vis, je rends compte des besoins au siège des PUI. Les besoins à l'heure actuelle : de quoi faire des soins, de la potabilisation d'eau, des tentes, en revanche pas de couvertures ni de matelas, ils en ont.
Christophe Bezzazi, membre des Pompiers de l'urgence internationaleà France 3 Limousin
À Limoges, les équipes sont déjà prêtes. Une quarantaine de personnes sont susceptibles de partir, au pied levé, avec des chiens et plusieurs tonnes de matériel. Mais il faut encore attendre.
"Ce n'est pas la peine de partir tout de suite avec 40 personnes et tout le matériel pour être bloqué par les douaniers", explique encore Philippe Besson. Les pompiers humanitaires français, une autre ONG française, en ont fait l'amère expérience.
Pourtant, quatre pays, notamment le Qatar, ont été autorisés à apporter leur aide. Ce qui ne choque pas outre mesure Philippe Besson. "Tous les pays ont des relations privilégiées. Nous, par exemple, on a ce type d'accord avec les Philippines ou le Pérou. S'il se passe quelque chose là-bas, il suffit de quelques coups de fil pour que l'on parte."
Problème : l'heure tourne et les chances de retrouver des victimes vivantes s'amenuisent. 90% sont habituellement retrouvées dans les 72 heures. "Il peut rester des survivants plusieurs jours après. Mais on a affaire à des maisons anciennes en zone montagneuse faites de pierre, de torchis, de paille, de bois. Ça a un avantage : c'est plus léger que du béton armé, mais aussi un inconvénient, tous ces matériaux vous tombent dessus et il y a très peu d'espace de survie, ce qui explique ce bilan très lourd", déplore le président des PUI.
À noter que les Secours Populaire organise d'ores et déjà une collecte pour venir en aide aux victimes du séisme.