Dans le quartier du Val de l'Aurence à Limoges, l’épicerie sociale AESSEL vient en aide aux étudiants et aux familles précaires depuis 2018. Elle distribue des colis alimentaires et lutte, au quotidien, contre l’exclusion sociale. Dans le cadre du programme de rénovation urbaine, elle doit déménager. Mais pour l’instant, elle n’a pas de locaux assez grands pour l’accueillir.
Dans la partie sud du Val de l’Aurence, c’est le seul « commerce » au cœur du quartier. C’est aussi l’un des rares lieux de vie qui subsiste dans ce secteur en pleine mutation. L’épicerie sociale et solidaire AESSEL a été créée en 2018 sous l’impulsion d’une femme, Nadia Medjoubi. Arrivée d’Algérie, cette mère de famille, qui vit toujours au Val de l’Aurence, n’a pas hésité à reprendre des études pour recommencer sa vie en France. Elle a donc intégré la faculté de Limoges. C’est là qu’elle a découvert les conditions de vie difficiles de certains étudiants et a eu l’idée de créer cette épicerie sociale.
Avec l’aide de la Banque alimentaire de la Haute-Vienne et la ville de Limoges, l’association s’est mise à préparer des colis alimentaires, et à distribuer également des produits d’hygiène dans les différents Crous de Limoges. Aujourd’hui, plus 2200 étudiants bénéficient de son aide.
En parallèle de ces colis, l’AESSEL a ouvert un local pour répondre à la demande des familles les plus précaires du Val de l’Aurence sud. Dans ce quartier prioritaire, plus de 62% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Actuellement 500 familles y viennent régulièrement.
La fin du bail précaire
Installée initialement rue Joliot Curie, l’épicerie a dû déménager une première fois. Le bâtiment dans lequel elle se trouvait a été détruit dans le cadre du programme de rénovation urbaine. Depuis, elle occupe trois appartements dans l’un des bâtiments emblématiques du quartier, le « grand S ». Au rez-de-chaussée, on trouve la partie « magasin » avec, d’un côté, les produits alimentaires et de l’autre, les produits d’hygiène, des chaussures, des jouets, etc.
C’est vraiment moins cher que dans les magasins. Sans ça, je ne m'en sortirais pas.
Claudie DéribetHabitante du Val de l'Aurence Sud
À l’étage, les bureaux de l’association accueillent également les personnes, notamment les jeunes, pour les dossiers administratifs, professionnels ou de formation.
Mais aujourd’hui, l’association est inquiète, car son bail précaire se termine le 30 juin prochain. Le « grand S » où elle est installée va être également démoli.
Pour l’heure, sa seule solution de relogement est un local mis à disposition par Limoges Habitat. Situé au 1 rue Marcel Madoumier, soit un peu plus d’un kilomètre du lieu actuel, cette ancienne antenne de mairie est classée ERP (Établissement recevant du public) et dispose d’un accès handicapé. Ce qui correspond aux critères de l’association. Mais ce local, de 65 m², est trois fois plus petit que les locaux de l’association.
On passe de 180 m2 à un peu plus de 60 m2. Donc c’est compliqué, déjà par rapport au stocks, aux frigos. Et pour accueillir les gens correctement et dignement, pendant les distributions, ça va être compliqué aussi.
Xavier PingaudVice-président de l'AESSEL
De son côté, le bailleur social Limoges Habitat assure faire son possible pour trouver une solution. En plus de l’ancienne antenne mairie, il recherche un ou plus autres locaux ou appartements, pas trop loin du Madoumier, qui pourraient accueillir l’activité de l’association. Il reconnait le rôle de mixité sociale qu’apporte l’association au Val de l’Aurence et souhaite son maintien dans le quartier.
On a besoin d’associations, de commerces et d’habitants impliqués. Et notre rôle en tant que bailleur, c’est d’accompagner les projets qui permettent de maintenir des quartiers vivants avec une vraie dynamique.
Laurent GorceDirecteur-adjoint de la direction proximité de Limoges Habitat
Voici le reportage réalisé le 22 mai pour découvrir le nouveau local qui pourrait accueillir l'épicerie sociale.
Au plus près des habitants
Grâce à son activité et à ses partenariats avec les associations (Chapeau Magique, l’Alsea Interval…) et les médiateurs du Val de l’Aurence, l’AESSEL est devenue un lieu de vie à part entière dans ce quartier prioritaire particulièrement difficile. Composée de trois salariés (un médiateur social, un chauffeur et un coordinateur social), l’association réunit chaque semaine une quarantaine de bénévoles pour assurer la distribution des colis et préparer les produits qui sont proposés dans la petite épicerie. Le lieu est une véritable ruche où se croisent des habitants du quartier et des étudiants qui viennent de l’extérieur.
J’ai fait du bénévolat en faisant des récoltes alimentaires et ça m’a fait du bien et je suis contente de pouvoir aider à mon tour des personnes qui m’aident aussi tous les jours.
Marine CarréEtudiante à la fac de lettres
En octobre 2023, nous étions allés à la rencontre de l'équipe de l'épicerie sociale. L'occasion de croiser les nombreux bénévoles, salariés et bénéficiaires de cette association.