Situation humanitaire aux frontières de l'Ukraine : 4 questions à Philippe Mallet, journaliste de retour de Moldavie

Une équipe des Pompiers de l'Urgence Internationale, ONG de Limoges, est actuellement en mission humanitaire en Moldavie. Philippe Mallet, journaliste à France 3 Limousin les a suivis et revient sur leur travail ainsi que sur la situation politique dans le pays.

Les Pompiers de l'Urgence Internationale (PUI) sont depuis la semaine dernière en Moldavie, petit pays de 2,5 millions d’habitants confronté au passage de nombreux réfugiés ukrainiens qui fuient la guerre dans leur pays. Indépendant depuis 1990 après la chute de l’URSS, l'Etat a été engagé dans une guerre de sécession à cette époque qui s’est traduite par la création de la Transnitrie, une république autoproclamée aux mains des russes et d’une de ses armées, la 14 ème armée.

C’est aussi un État très pauvre : le PIB par habitant ne dépasse pas les 6000 dollars. Enfin, c’est un pays qui n’appartient ni à l’OTAN ni à l’Union Européenne.

Qu'avez-vous ressenti sur place en Moldavie ? 

C'est un Etat tampon en quelque sorte, divisé entre communautés russes, bulgares et roumaines. Entre pro et anti-occidentaux. Sans véritable armée. Bref, un pays sans sentiment national. Notre chauffeur ne parlait qu’en russe et critiquait avec férocité la jeune présidente moldave pro-occidentale. A l’inverse, un vieil homme dans la rue s’exprimant en roumain dénonçait l’attitude de Moscou. Il disait qu'il avait combattu pour l’indépendance de son pays. Alors, dans ces conditions, la population se demande si son pays ne va être à son tour envahi. Dans la capitale moldave, les rumeurs se multiplient. Par exemple que la Russie va couper l’approvisionnement en gaz, que l’essence va être rationnée ou encore que les réservistes vont être rappelés. Mais c’est vrai que de l’autre côté de la frontière, la guerre est bien réelle.  

Comment se passe la mission des PUI ?

Les pompiers -tous bénévoles- doivent tenir compte de cette situation complexe. Sur place, leur mission est celle d’un appui logistique. Et c’est loin d’être évident. D’abord parce que Palenka, le principal camp de réfugiés, le plus au sud, à la frontière avec l’Ukraine, à une trentaine de km d’Odessa, est à quatre heures de route de la capitale. Une route souvent enneigée et verglacée à cette époque de l’année. Sur place, les températures descendent jusqu’à moins 10.

Ensuite parce que l’aide venue du Limousin met du temps à arriver dans les camps. Cinq jours de route, avec des contrôles incessants aux frontières. Et des douanes en Moldavie aux mains des pro-russes qui freinent les déchargements. Et pour finir la lourdeur de l’ONU qui ne facilite pas les choses. Cela étant dit , trois camions venus de Limoges sont arrivés à Chisinau et les réfugiés ont pu depuis hier, lundi, commencer à bénéficier des dons des Limousins.

Les réfugiés ukrainiens, dans quel état d’esprit sont- ils ?

Souvent stressés, épuisés. Des femmes, des enfants, des vieillards, quelques hommes. Je vous rappelle que ceux qui ont entre 18 et 60 ans doivent rester en Ukraine pour combattre. Ce qui crée des situations déchirantes. Mais les personnes que nous avons abordées, jeunes ou âgées, étaient toutes impressionnantes de dignité, retenues dans leur malheur. Elles ne font que passer en Moldavie. 3000 réfugiées par jour environ. Elles cherchent à rejoindre leurs familles, leurs amis, leurs connaissances en Pologne, Roumanie, Allemagne, Royaume-Unie et aussi parfois en France.

Quelle va être maintenant la suite de la mission des PUI ?

La première équipe reviendra à Limoges le 18 mars. Une deuxième équipe est attendue sur place le 16. Elle restera en Moldavie jusqu’au 24 mars. Leur mission est la suivante : récupérer et stocker les dons, participer à l’installation de nouveaux camps et monter un poste médical avec du matériel venu de Limoges.

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