Cinq membres des Pompiers de l'Urgence Internationale se sont rendus en Moldavie, aux portes de l'Ukraine du 10 au 13 mars 2022. Objectif : apporter une aide logistique et opérationnelle et veiller au bon acheminement de dons collectés à Limoges. Une équipe de France 3 Limousin a pu les suivre.
Dès le 8 mars, le commandant Philippe Besson, président des Pompiers de l'Urgence internationale (PUI) était parti en éclaireur avec quatre collègues en Moldavie pour préparer l'opération. Ils sont rejoints par d'autres bénévoles de Limoges et Caen.
JEUDI 10 MARS, voyage en Moldavie
Partis très tôt de Limoges, cinq membres des Pompiers de l'Urgence Internationale ont décollé de Roissy pour Vienne en Autriche puis second vol vers Iasi en Roumanie. De là, ils ont pris la route pour Chisinau la capitale de la Moldavie, petit état de 2,6 millions d'habitants, au sud de l'Ukraine.
Le soir, l'équipe fait un point d'étape avec la protection civile moldave qui espère que le conflit ne va pas s'étendre à leur pays : "Il y a toujours un risque d'escalade dans cette guerre mais on ne pense pas que la Moldavie sera en danger" indique un responsable.
Les PUI, d'ordinaire déployés à l'étranger après des catastrophes naturelles sont cette fois sur un autre type de terrain. "Etre dans une région où il y a un conflit, c'est une première. Mais on prendra toutes les précautions pour ne pas se mettre en danger" assure Alain Choplain, vice-président des PUI.
VENDREDI 11 MARS, au milieu d'un camp de transit
Après deux heures de route, depuis la capitale, les pompiers et notre équipe, Philippe Mallet, journaliste et Margaux Blanloeil, reporter d'images sont arrivés à Palanca, petite commune de 2000 habitants près de la frontière ukrainienne.
Dans la campagne, un immense camp de transit a été monté, dans le froid hivernal avec une température de – 8 degrés. De nombreux Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants qui ont fui leur pays en guerre font étape ici, se réchauffent et se reposent un peu. Ils souhaitent en fait continuer vers la Roumanie, la Pologne ou plus à l'ouest.
Certaines familles restent deux ou trois nuits dans de grosses tentes. On trouve aussi des Français qui vivent en Ukraine. "200 sont passés par ici" assure un représentant du ministère français des affaires étrangères en mission ici. "Certains sont arrivés en voiture, d'autres carrément à pied".
A une heure d'ici, Odessa, ville portuaire ukrainienne sur la mer Noire de presque un million d'habitants, attaquée par les Russes. Les femmes rencontrées sur place acceptent rarement de témoigner sur leur fuite. Celles qui veulent bien le font avec retenue : "ils ont tiré sur ma maison, j'étais effrayée" raconte en anglais cette jeune femme. "Je suis avec ma mère, mon père est resté combattre. J'avais prévu de partir étudier à Kiev, la capitale".
"Ca va mieux ici, je me sens plus calme" dit cette maman brune aux yeux très clairs. "J'avais peur pour ma vie et celle de mes enfants mais en voyant la situation plus paisible, je me sens beaucoup mieux".
A 500 mètres de là, des cars circulent sur ce qu'on appelle, "la route verte", la route de l'espoir. A leur bord, des familles qui arrivent d'Ukraine et qui vont pouvoir souffler un peu, loin des bombardements ordonnés par Vladimir Poutine.
SAMEDI 12 MARS, récupération des camions de dons
Les pompiers bénévoles sont de retour dans la capitale. Objectif cette fois : mettre la main sur trois semi-remorques partis de Limoges avec de l'aide humanitaire collectée en Haute-Vienne, pour les Ukrainiens et les réfugiés (médicaments, pansements, vêtements, couvertures et jouets pour les enfants).
Bloqués pour l'instant dans un entrepôt des douanes, les secouristes décident d'aller prêter main forte dans un gymnase non loin de là. Près de 250 Ukrainiens, souvent épuisés et stressés y ont trouvé refuge et dorment là, sur des lits de camp, sans intimité.
Un homme est là, avec sa famille, venus d'Odessa : "Maintenant c'est enfin plus calme pour nous" dit-il soulagé. Une autre vision de la guerre qui touche un pays de 44 millions d'habitants, aux portes de l'Union européenne.
Les PUI auront finalement le feu vert des autorités pour accéder aux camions et prévoyaient de commencer à distribuer les dons des Limousins à partir de ce lundi 14 mars. Une mission de plus pour l'ONG agréée par les Nations-Unies pour secourir les populations sur tout le globe.