Les deux chauffeurs qui ont emmené les dons des Limougeauds en Roumanie seront de retour mercredi. Ils sont très marqués par ce qu’ils ont vus à la frontière ukrainienne, mais heureux d’avoir pu se sentir utiles.
Il y a quelques jours, les Limougeauds se sont mobilisés pour remplir le hall d’entrée de la mairie de Limoges, qui a relayé un appel aux donc des pompiers de l’urgence internationale.
Des vêtements, des couvertures ou des produits d’hygiène ont été récoltés. Une partie de ces dons a été acheminée en Moldavie, et l’autre en Roumanie.
Deux chauffeurs de la mairie se sont portés volontaires pour prendre le volant d’une semi-remorque. Ils ont effectué un périple de 2600 kilomètres jusqu’à la ville roumaine de Siret, proche de la frontière ukrainienne.
Neige et nids de poules
Gilles Villeneuve et Thierry Versavaud ont accepté cette mission par solidarité dans ce contexte très tendus. Ils sont partis aider les ukrainiens sans aucune arrière-pensée.
Ils sont tous deux habitués à parcourir de très longues distances. Si la route est plutôt bonne en Allemagne, Autriche et Hongrie, tout se complique en arrivant en Roumanie : "On a mis 11 heures pour faire 460 km. Il n’y a pas d’autoroute. La chaussée est vraiment dégradée et pas facile. Les charrettes à cheval circulent à côté des semi-remorques. On a redoublé de vigilance. La situation n’est pas courante pour nous."
Déchargement
Gilles et Thierry devaient décharger les dons à Suceava, à une quarantaine de kilomètres de l’Ukraine. On leur a finalement demandé de se rendre à Siret, à 2 kilomètres de la frontière.
Cette petite ville se situe dans une zone très montagneuse avec beaucoup de neige à cette époque de l’année. Par prudence, ils n’ont pas souhaité passer le dernier col de nuit. Ils sont donc arrivés samedi matin pour décharger.
Le choc
Les deux chauffeurs de Limoges ont été accueillis sur place par un élu local roumain. Ce dernier a tenu à leur montrer le camp de réfugiés situé à quelques encablures.
J’ai vu la peur dans leur regard. Nous n’étions pas préparés à voir toute cette tristesse. J’ai vu un enfant qui pleurait dans les bras de sa maman qui emmenait aussi la caisse du chat. Ils emportent toute leur vie sans savoir où ils vont.
Gilles Villeneuve, conducteur de poids lourds.
Très pudiquement, Gilles Villeneuve a pris quelques photos, sans trop s’approcher pour respecter ces réfugiés : "En ce moment, ils sont 600 à 800 par heure à passer la frontière, 7 jours sur 7, 24 heure sur 24 ".
Ceux qui fuient la guerre arrivent en bus jusqu’à la frontière. Ils traversent à pied et sont accueillis en Roumanie par des ONG : "On les dirige vers des tentes de chaque côté de la route où ils peuvent boire, manger et se reposer un peu. Ensuite, en fonction de leur projet, ils repartent ou sont acheminés vers des camps, s’ils n’ont pas d’autre possibilité".
Gilles et Thierry n’étaient pas préparés à assister à ce chaos. Ils sont toujours très éprouvés par ce qu’ils ont vu. Ils sont actuellement sur le chemin du retour. Ils arriveront mercredi en fin d’après-midi à Limoges.