A l'occasion d'une conférence sur la santé et la qualité de vie au travail, jeudi 16 février à l'Espace Cité de Limoges, nous avons rencontré Marie Pezé, docteur en psychologie, ancien expert judiciaire, spécialiste du burn-out. Elle nous en donne la définition et quelques pistes pour en sortir.
Le burn-out est-il un mot à la mode ?
•Marie Pezé : Pourquoi utiliser des anglicismes. Le burn-out, c'est l'épuisement professionnel. Les victimes présentent un tableau d'épuisement, ils s'écroulent, physiquement. La musculature, le coeur, le cerveau s'épuisent. Ce sont cela les signes biologiques du burn-out.Le burn-out est-il tabou ?
•Marie Pezé : Il n'est plus tabou, mais on en parle trop. Il ne faut pas tomber dans l'effet de mode comme avec le harcèlement moral dans les années 2000. Il ne faut pas tout mettre dans le même syndrome. Bien soigner un burn-out, c'est poser le bon diagnostic.Mais il est vrai qu'aujourd'hui, ce n'est pas le plus intelligent ou le plus fort qui réussit, mais le plus rapide. Le salarié doit faire face à une organisation folle !
Est-ce que l'entreprise est responsable ?
•Marie Pezé : Il ne faut pas tomber dans le cliché du bourreau et de la victime. Aujourd'hui, des personnes à responsabilité sont aussi victimes de burn-out. C'est le fonctionnement du monde de l'entreprise en général qui peut être responsable. Réorganisation, compétitivité, il existe un chaos qui empêche la stabilisation du savoir-faire, une dislocation du collectif.
Burn-out, fantasme ou réalité ?
•Marie Pezé : J'ai ouvert la première consultation sur le burn-out en 1996. Il en existe 130 aujourd'hui. Mais l'épuisement professionnel n'est pas la seule pathologie liée à la souffrance au travail. Il faut des consultations spécifiques pour analyser précisément les causes pour trouver les remèdes. Le burn-out entraîne des arrêts de travail de 18 mois ! Notre objectif est de réduire cette période à 6 mois. Le travail ne doit pas être le lieu où l'on perd sa santé.