À la fin du XIXe siècle, le tabac est monopole d'État. Décision est prise d'implanter une manufacture dans Limoges. Pendant des décennies, des machines pour rouler des cigarettes y seront fabriquées. Une histoire à découvrir grâce au riche fonds de cartes postales de la photothèque Paul Colmar.
Alors qu'un arrêté paru au Journal Officiel annonçait une hausse pouvant aller jusqu'à 1€ sur le prix d'un paquet de vingt cigarettes dès le début de cette année 2024, retour sur la manufacture des tabacs de Limoges.
Mai 1888, en grande pompe, l'atelier de construction des tabacs était inauguré (à proximité de l'actuel commissariat sur l'avenue Émile Labussière de Limoges).
Une manufacture sans cigarettes
Ne cherchez pas sur les photos, cibiches, cigares ou clopes à rouler. Dans ce grand bâtiment de cent-six mètres de long sur treize, une soixantaine d'ouvriers y confectionnaient rouets, presses Niemann, écabochoirs... À titre d'exemple, une machine du dernier cri, inventée par un certain Anatole Decouflé, qui produisait dans d'autres usines 2 500 cigarettes par heure. Des appareils Windsor de 35 CV donnaient vie aux ateliers du fer, des machines-outils classiques aux ateliers du bois. Une scie transformait les grumes en plateaux de 130 mm d'épaisseur afin de fabriquer des tiges d'allumettes, à la veille de la Grande Guerre.
Des éclairages un peu particuliers...
L'atelier du fer était éclairé par gaz de ville, lampes à huile. L'atelier du bois illuminé aux ampoules électriques pour éviter tout brasier. Enfin, après une bonne journée de labeur, avant de rentrer dans ses pénates, l'on s'en grillait une petite devant le grand bâtiment d'exploitation qui comptait 92 ouvriers en 1909.
À partir de 1924, la manufacture des tabacs de Limoges formait en trois ans des mécaniciens et des menuisiers pour ses ateliers. Une structure qui dépendait de la Société d'Exploitation Industrielle des Tabacs et des Allumettes (S.E.I.T.A) pour nous vendre gitanes ou gauloises. Le tabac était alors monopole d'État et les campagnes de prévention sur les risques liés au tabagisme n'existaient pas.
Les ateliers déclinèrent à partir de 1975 avant de fermer définitivement en 1984. Les bâtiments furent rasés, les souvenirs de ces années-là partirent en fumée. En lieu et place a poussé un supermarché.