Le 17 mars est désormais la journée nationale des aides à domicile, et c'est une première. L'occasion de mettre en lumière cette profession essentielle mais peu plébiscitée ou valorisée. Ce métier est exercée à plus de 90% par des femmes dans le Limousin. Sur le territoire, 500 postes sont actuellement à pourvoir.
"J’ai fait deux jours d’immersion chez ADN 87 et ce fut une révélation. Je suis à ma place", témoigne Alexandra Chossière, auxiliaire de vie depuis deux ans et demi après une reconversion. Couturière dans une usine, elle est licenciée lors du premier confinement. L'occasion pour elle de réfléchir à son avenir professionnel. Avec son époux, boulanger, qui assure alors la distribution de pain, elle aide lors de cette période de crise sanitaire les personnes âgées de son lotissement. C'est là que se fait le déclic. Elle rejoint l'agence de service d'aide à domicile limougeaude, réalise deux jours d'immersion ainsi qu'une semaine de formation, sur le terrain, en binôme. "Le fait d’aider toutes ces personnes, je servais à quelque chose finalement. J’étais importante dans la vie de tous les jours." Après quelques mois en CDD, Alexandra Chossière signe un CDI chez ADN 87.
Comme elle, 8000 personnes exercent le métier d'aide à domicile dans le Limousin. Plus de 90% d'entre elles sont des femmes, selon les chiffres du gérontopôle de Nouvelle-Aquitaine et il reste 500 postes à pourvoir sur le territoire. Ces professionnels, en première ligne lors de la crise sanitaire, sont pourtant peu valorisés. Notamment par le salaire : souvent un smic en temps plein avec des horaires à rallonge. "On ne compte pas nos heures, confirme Alexandra Chossière. Les week-ends et les jours fériés... La vie de famille en prend un coup. Mais on s’adapte, on s’arrange. Moi, personnellement, je me sens bien dans ce métier", poursuit, positive, cette professionnelle de 50 ans.
"Ça permet de remonter dans l'estime sociale"
Le 17 mars est la date choisie pour la journée nationale des aides à domicile. Une façon de les mettre en lumière. Elodie Clerc a toujours voulu le devenir. Pour le contact, les personnes âgées, et surtout son utilité. Son métier, elle l’a dans la peau. Cette journée nationale dédiée à son travail représente beaucoup pour elle : "Ça nous revalorise un peu. Notre métier n'est pas trop pris en compte. Au moins, cela se voit qu'on est là pour aider nos aînés. C'est un métier très important donc, au moins, je suis contente, ça permet de nous remonter un peu dans l'estime sociale."
S'il est indispensable, le métier reste difficile. "Il faut que toutes les parties prenantes soient là, les auxiliaires de vie, les manager de service à domicile de manière à ce qu'on puisse enclencher des réflexions sur les plannings matin et soir, autour de comment on peut lutter contre les TMS (Troubles musculosquelettiques) ?, comment peut-on parler de ces métiers qui ont beaucoup de sens, un peu en déprise et pour autant il faut vraiment les réhabiliter, car sans elles, il n'y a pas de domicile possible pour les bénéficiaires", souligne la directrice du gérontopôle Nouvelle Aquitaine, Muriel Bouin. Ce 17 mars, elle est en immersion avec une aide à domicile pour tenter de l'améliorer.
Reportage de Margaux Blanloeil et Matthieu Degremont
Pour cette journée nationale, ce vendredi soir, la compagnie du théâtre de l’Hydre de Priest-Taurion organise une projection du film de François Ruffin "Debout les femmes" qui met justement à l'honneur ces métiers. C’est à 20 heures à l’Espace Vienne Taurion.
Enfin, dimanche, le Limoges handball 87 invite 200 aides à domicile de Limoges à leur match. Elles seront aussi invitées à venir en ouverture de la rencontre, sur le parquet de Beaublanc pour être applaudies. Objectif : les remercier d'être tout simplement essentielles.