La conciergerie du souvenir est une micro-entreprise, la seule du Limousin. Elle propose d'entretenir les tombes des défunts à la demande des vivants, particuliers comme collectivité. Lancé depuis bientôt deux ans, son nombre de clients a doublé. Bien plus qu'un service, c'est un moyen de perpétuer la vie.
Elle aime la vie, mais elle fréquente assidûment les cimetières. Christelle Villamor a créé, il y a presque deux ans, sa micro-entreprise "la conciergerie des souvenirs". Elle pratique un métier étonnant qui n'a pas de nom, pourtant fort utile : s'occuper des tombes.
Viviane Vergne, une habitante de Masléon a délégué à Christelle l’entretien des tombes de ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Pour Viviane, c'est un soulagement : " Ce sont des tombes en ciment. Elles sont jointées avec du ciment. Au bout de plusieurs années, avec les intempéries, les joints se disloquent. Donc, il faut quand même rendre les tombes respectables."
Prévenir les effets du temps
La mousse est le principal outrage du temps que doit combattre Christelle, sans aucun produit et à la main. "On peut effectuer le nettoyage complet du monument. Comme on peut le voir, désigne Christelle d'un mouvement de main. Il y a eu tout de même pas mal de destructions du joint et même du ciment. Ça, je peux faire. C'est ce qui permet de donner aux monuments une meilleure mine et de prolonger sa vie dans le temps."
Un problème pour les communes
Dans ce cimetière à Neuvic-Entier, Joël Forestier, maire de la commune, rencontre un problème : une trentaine de tombes sont abandonnées. Après trois ans de démarches, un appel d’offres lancé, Christelle lui a fait des devis. "Ça implique une procédure avec une exhumation des corps qui sont à l'intérieur, explique Joël Forestier.
Les restes osseux vont être déposés dans des urnes et nous, il faut qu'on ait un ossuaire pour déposer l'ensemble de ces urnes."
C'est des dossiers que la concierge des souvenirs connaît bien puisqu'elle est ancienne fonctionnaire. "J'ai passé un peu plus de vingt ans même, en secrétariat de mairie. J'étais en charge de la gestion du cimetière, donc de la vente de concession et aussi la reprise de tombes abandonnées. Maintenant, je suis fossoyeur. J'ai passé mon habilitation de fossoyeur. C'était important pour moi, ça me permet de faire un tout : d'apporter une offre de service globale, pour les particuliers et pour les collectivités."
Restauration de plaques et fleurs
Mais tout ne se fait pas qu’au cimetière. Quand la fossoyeuse n’est pas chez le fleuriste, pour choisir les plantes qui plairont à une famille, elle va dans son bureau, qui est aussi son atelier. Cette professionnelle restaure aussi les plaques à la feuille d’or.
"J'ai eu la chance d'être formée par une doreuse de Limoges et qui m'a transmis son savoir, commente-t-elle. Ça me permet avec le nettoyage des tombes de pouvoir aussi embellir les ornements. Je viens du service public, mais un peu comme une branche, je suis encore au service du public. Ça me permet de retrouver aussi humainement."
"Un cimetière est une bibliothèque de mémoire"
Dans l’univers des cimetières, Christelle y trouve beaucoup de chaleur humaine.
"Contrairement aux apparences, c'est très vivant un cimetière, confie-t-elle. Il y a des fleurs, on croise des visiteurs et ne, ce serait-ce qu'une plaque d'ornement sur un caveau : "à mon mari" "à mon fils" "à mon oncle", c'est des messages que les vivants ont laissés, à un instant T, mais qui continue de vivre puisqu’on les lit, ces messages-là. Les cimetières, ce sont des lieux chargés de souvenirs, d'histoire, et que les vivants perpétuent. Finalement, c'est un lieu de vie, un cimetière, une bibliothèque de la mémoire"
Dans son métier, Christelle Villamor porte finalement bien son nom.