L'opéra de Limoges monte en grade. Il vient d'obtenir, de la part de la ministre de la Culture, un conventionnement pour cinq ans. Une reconnaissance du travail accompli et peut-être le moyen d'obtenir des moyens supplémentaires.
"Théâtre lyrique d'intérêt national" : Alain Mercier, directeur de l'opéra de Limoges depuis 2010, ne boude pas son plaisir.
Il existe trois crans pour les labels décernés aux opéras : les opéras nationaux en région : Bordeaux, Montpellier, Lyon, Strasbourg ou Nancy, les Théâtres Lyriques d'intérêt national (Lille, Rouen, Dijon, Tours et désormais Limoges) et les scènes conventionnées. Pour faire simple, l'opéra de Limoges vient donc de monter en Ligue 2. Ce label a été obtenu grâce à l'élaboration d'un projet sur cinq ans. Tout ne va pas changer du jour au lendemain, mais les actions de l'opéra vont s'étoffer dans de nombreux domaines.
Soutien à la création
"C'est inédit en France. Le label reconnaît nos efforts en termes de création lyrique, mais aussi en termes de création contemporaine pour la danse", explique Alain Mercier. C'est notamment grâce à l'absorption par l'opéra de la scène danse du centre culturel Jean Moulin, du bâtiment et du personnel et de sa transformation en pôle danse, que cette distinction a été possible. Ce rattachement a fait de l'opéra de Limoges le deuxième pôle derrière Bordeaux en région Nouvelle-Aquitaine.
Solidarité avec les artistes de la région
Dans le cadre du conventionnement, l'opéra va pouvoir mettre ses moyens à disposition pour les artistes de la région. "Nous sommes déjà autonomes pour des créations en interne. Désormais, nous allons pouvoir mettre nos outils à disposition. La compagnie Bordelaise Surprises a pu ainsi bénéficier d'un appui financier et logistique, puisque nous avons construit les décors de leur prochaine création, Médée et Jason".
Adaptation aux mutations de la société
"Nous nous engageons également à accompagner les mutations de la société. À la fois, par les thèmes de nos créations qui vont parler de transition écologique ou des violences infligées aux femmes, mais aussi par nos actes".
L'opéra va ainsi s'engager dans une politique de réemploi, notamment des décors. "Ils sont protégés par le droit d'auteur, mais l'idée est de prévoir, dès leur conception, des moyens de leur donner une seconde vie".
Consolider le lien avec la population
"Enfin, ce conventionnement va nous inciter à consolider encore notre relation avec les habitants et pas seulement avec nos spectateurs. Nous le faisons déjà avec Opéra Kids, par exemple. Mais l'idée est d'aller à la rencontre des gens en leur montrant que l'excellence n'est pas seulement de notre côté, mais aussi du leur… Ils ont aussi des choses à nous apporter. Il faut casser les barrières et le côté impressionnant de l'opéra". Une coopérative citoyenne de 600 personnes tirées au sort a ainsi été montée. Elle permet de faire des rencontres et des échanges d'expérience avec des habitants qui ne connaissaient pas la structure.
L'opéra veut inciter les Limougeauds à franchir ses portes. "Nous sommes plus connus dans les quartiers par l'arrêt de bus qui porte notre nom que par la musique". Il faut que les gens traversent la rue pour du coworking, pour boire un café dans un espace convivial avec le personnel, pour déposer leurs enfants dans une garderie temporaire. L'opéra compte devenir un point de repère dans la cité.
Ce nouveau label, c'est donc plein de nouveaux projets, mais également un atout. La signature du conventionnement sur cinq ans donne de la visibilité et une assise financière. C'est aussi l'opportunité de refaire un tour de table avec les financeurs : ville, département, région et métropole, pour essayer d'avoir des moyens supplémentaires. C'est enfin la possibilité d'inciter les mécènes à renouveler ou amplifier leurs contributions.