Anna et sa fille Mariia ont fui l'Ukraine et ont parcouru 3000 kilomètres. Elles sont arrivées à Limoges (87) ce mercredi. Elles racontent leur peur et leurs incertitudes.
Une mère et sa fille de dix ans, affairées autour d'un cahier de coloriages. Un moment de répit après un trajet de plus de 3000 kilomètres. Anna et sa fille Mariia ont quitté l'Ukraine dès le début de la guerre. Elles sont arrivées mercredi 2 mars à Limoges (87) où elles sont hébergées par un couple franco-russe.
Fuir les bombes
Jeudi 24 février, au premier jour des bombardements à Kiev, Anna est réveillée à 6h du matin par des bruits d'explosion. "J'ai tout de suite compris qu'il fallait partir. L'histoire se répétait, ça faisait longtemps que des troupes étaient massées aux frontières de l’Ukraine."
Le plus important, ce ne sont pas les choses matérielles, c’est que ma famille, ma fille, soient en sécurité. Le reste, on pourra toujours le reconstruire. Hélas, ce n’est pas la première fois que je dois recommencer ma vie à zéro.
Anna, Ukrainienne
Anna et Mariia prennent immédiatement la route. Elles n'ont le temps que de prendre quelques affaires et leur chat. C'est le début d'un long voyage de 800 kilomètres. Direction la Pologne où l'époux d'Anna, qui avait déjà quitté Kiev, attend sa famille.
Mariia était en train de dormir, j’étais en train de conduire pendant 19 heures non-stop. Puis j'ai vu le dernier lever de soleil sur l'Ukraine, c’est là que j’ai compris qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible.
Anna, Ukrainienne
La publication de la photographie du lever de soleil déclenche une chaîne de solidarité sur les réseaux sociaux. Une solution d'hébergement se prépare pour elles à Limoges. Mais la situation de leurs proches restés en Ukraine suscite chez elles inquiétudes et incertitudes.
Mes parents se trouvent toujours à Donetsk et mes beaux-parents, qui sont un peu âgés, sont actuellement à Kiev. J'espère pouvoir les convaincre de quitter le pays.
Anna, Ukrainienne
Tenter de se sentir en sécurité
La mère et la fille sont arrivées à Limoges mercredi 2 mars à minuit, après cinq jours de route. Si Anna affirme se "sentir en sécurité maintenant", elle consulte continuellement son téléphone pour avoir des nouvelles de ses proches. "J'ai tout le temps mon téléphone avec moi. Ça me brise le cœur de garder ces photos, je ne fais que scroller, mais je comprends que si je n’arrive pas à être forte mentalement, je n’arriverai pas à aider ma famille et mon enfant."
Ses proches lui donnent régulièrement des nouvelles. Anna montre sur son portable un cliché, envoyé par un voisin, d'un immeuble proche de leur domicile. Le bâtiment, en proie aux flammes, venait d'être bombardé.
Mariia, elle aussi, maintient le contact avec ses amis sur les réseaux sociaux. Elle pose beaucoup de questions à sa mère.
J’aimerais bien pouvoir lui répondre mais je ne peux pas. J’essaie de la réconforter. Elle me demande : « est-ce qu’on va les revoir bientôt ? », « on va revenir à la maison ? » ou « j’ai laissé ma jupe, mon jouet ».
Anna, Ukrainienne
L'ancienne professeure d'anglais affirme vouloir rester dans le pays.
C'est important que mon enfant comprenne qu’elle est en sécurité. Nous voulons rester si on nous en donne le droit.
Anna, Ukrainienne
La jeune femme a signalé son arrivée auprès des services compétents et doit se rendre ce lundi 7 mars à l'école Beaupeyrat, à Limoges, pour une éventuelle scolarisation.