La guerre en Ukraine continue de faire rage. En France, des centaines de réfugiés arrivés en 2022 pour fuir les bombardements vivent comme entre parenthèses, dans l'attente de la fin des combats et d'un retour au pays. Volya, une association nantaise, multiplie les actions pour aider ces familles souvent démunies. À l'approche de Noël, elle collecte des cadeaux et des dons pour les enfants ukrainiens d'ici et de là-bas.
"J'étais en première ligne quand les premières familles sont arrivées à Nantes, raconte Nataliya, Je faisais les traductions bénévolement pour la Croix-Rouge et à l'hôpital et quand j'ai vu les Français se mobiliser, cette solidarité avec des gens qui ne parlaient pas leur langue, je me suis dit qu'en tant qu'Ukrainienne, je devais faire davantage". Silence. "Je ne vois pas comment j'aurais pu réagir autrement."
Nataliya Batarina est originaire de Khmelnytski, une ville située à l'ouest de l'Ukraine. Venue en France dans le cadre du programme Erasmus, elle vivait à Nantes depuis 12 ans lorsqu'elle a assisté en février 2022 à la "première vague" des réfugiés d'Ukraine. Pour cette Européenne convaincue, militante associative, qui, à l'âge de 15 ans, manifestait pour la révolution Orange et pour l'indépendance, impossible de rester impassible devant le sort fait à ses compatriotes.
Dès le mois d'août 2022, la jeune femme et son compagnon Youcef posent les bases de leur association baptisée Volya, Liberté et Volonté, en ukrainien.
Très vite, avec des bénévoles, ils lancent une première collecte pour offrir des cadeaux de Noël aux enfants réfugiés. Pour envoyer aussi des denrées alimentaires et des jouets en Ukraine. "À l’époque, concède Youcef, c'était plus facile, on pouvait envoyer des semis remorques remplis. Aujourd'hui c'est plus compliqué en termes de délais de collecte, de passages aux frontières…".
Le temps a passé, l'émotion et l'indignation unanimes ressenties aux premiers mois du conflit se sont petit à petit étiolées. Mais pas pour Nataliya, Youcef, et les 70 bénévoles qui s'investissent à leurs côtés.
Pas question de lâcher ces familles qui ont tout quitté pour ne pas mourir sous les bombes. "Notre projet associatif, c'est vraiment de continuer l'accompagnement social, favoriser l'inclusion des familles déplacées et de continuer à sensibiliser sur leurs situations" insiste Nataliya.
Pour orchestrer tout cela, Youcef a quitté son travail d'ingénieur informatique. Nataliya, elle, continue de travailler en dédiant tout son temps libre à l'association.
Une "école ukrainienne" pour ne pas perdre racine
L'une des premières actions de Volya a été de créer une "école du samedi". Un temps partagé chaque semaine avec une cinquantaine d'enfants âgés de 4 à 14 ans. C'est l'école primaire Blanche de Castille qui met ses locaux à disposition. Les encadrants, eux, sont des bénévoles ukrainiens. Enseignants ukrainiens, "déplacés" eux aussi.
"On a de l'espace, des locaux qui sont agréables pour accueillir les enfants, explique Nataliya. Le but de "l'école du samedi", c'est de préserver l'identité ukrainienne. On y donne des cours de langue, de littérature, d'histoire de l'Europe, on parle des liens entre la France et l'Ukraine. On fait aussi beaucoup de choses autour de l'art, de la culture. Cela a aussi des vertus thérapeutiques pour évacuer les émotions et les choses dont les enfants ne parlent pas. En deux ans, on a vu un changement énorme, les enfants se sont ouverts. Ils sont plus épanouis".
Et des cours de français pour soutenir l'inclusion
Pour les adultes, l'association dispense aussi des cours de français, et une aide administrative et humanitaire. Pour les petits comme pour les grands toutes les activités sont gratuites. Car la plupart des déplacés doivent faire face à la précarité du quotidien. Certes, ils bénéficient d'une "protection temporaire" et donc d'un droit à travailler et de certaines aides, au logement par exemple, mais les budgets ne pèsent pas lourd.
"Certaines personnes continuent de travailler à distance en Ukraine, mais il faut savoir que le SMIC de base, c'est 200 euros. Ce n'est pas du tout adapté au niveau de vie français. Ils peuvent aussi toucher des aides sociales, mais les montants sont assez faibles, environ 500 euros pour une famille de quatre, explique Youcef. Beaucoup d'entre eux ont recours aux Restos du Cœur et à d'autres associations humanitaires pour vivre".
Les besoins sont d'autant plus grands que les mouvements de population depuis l'Ukraine ne cessent pas. Ces dernières semaines, "plusieurs personnes âgées sont venues à Nantes, rejoindre leurs enfants. Ils ne voulaient pas quitter l'Ukraine, mais ils ne peuvent plus supporter les conditions de vie là-bas. Ils ont froid et n'ont pas de chauffage. Plusieurs familles sont dans cette situation et vivent plus nombreux dans de tout petits logements" précise encore Youcef. Aujourd'hui, Volya estime à un millier le nombre de déplacés ukrainiens réfugiés dans la métropole nantaise.
Une collecte de Noël
À l'approche de Noël, les bénévoles ukrainiens et français de Volya préparent une fête que Nataliya souhaite la plus légère possible. "Pour donner le sourire aux enfants" et oublier un instant les tourments de l'exil. "C'est un moment pour s'offrir des petits cadeaux, créer des rencontres et échanger en français".
À cette occasion, l'association collecte des jouets, mais aussi des vêtements chauds ou des aides financières. Le surplus sera envoyé dès que possible vers l'Ukraine.
Une permanence de collecte de dons est organisée chaque samedi de 15 h à 17 h, au pôle associatif le Ripaillon, 31 rue Esnoul des châtelets à Pirmil (en bord de Sèvre)