B Cell Design et sa division ArkAb sont basés à Limoges (Haute-Vienne). Neuf salariés, huit chercheurs, mais ne vous fiez pas à sa petite taille. Le laboratoire mène de grandes recherches sur la lutte contre la Covid-19 : l'une sur des tests, l'autre sur un traitement.
Tests, vaccin, traitements, la recherche ne cesse de s'emballer pour trouver des moyens efficaces de lutter contre l'épidémie de Covid-19. Toutes les options sont sous les microscopes de nombreux laboratoires.
A Limoges, B Cell Design travaille sur des tests sérologiques à base d’anticorps dits “protecteurs” et sur une approche thérapeutique. Tout cela mérite quelques explications.
Les tests sérologiques livrés au 2e semestre 2021
C'était le parti pris du laboratoire depuis le début de l'épidémie : mettre au point un test qui, non seulement serait capable de dire si une personne a été exposée au virus, mais qui, en plus, serait capable de déterminer si les anticorps développés sont protecteurs de la maladie. Si en juin 2020, les recherches étaient encore en cours, Gaël Champier, directeur de B Cell Design annonce que ces tests incluant les outils de sa société seront mis sur le marché durant le deuxième semestre 2021.
La thérapie par collutoire
Autre domaine d'investigation de B Cell Design, la thérapie. Le laboratoire travaille depuis longtemps sur les muqueuses, portes d'entrée des infections, et notamment sur le cancer colorectal et le cancer digestif.
En se concentrant désormais sur les muqueuses du nez, les chercheurs vont tenter de mettre au point un collutoire (spray) qui distribuerait en aérosol, un anticorps de synthèse capable de neutraliser le virus avant son entrée dans le corps.
Trump versus muqueuses
Essayons de faire simple. L'immunothérapie est une piste sérieuse pour plusieurs professeurs de médecine. Il s'agit "d'un apport rapide d'anticorps qui persistent quelques semaines" et " ce traitement permet de désamorcer le virus, désamorcer la bombe avant qu'elle n'explose" explique ainsi le professeur Djillali Annane à nos confrères de Franceinfo.
C'est ce médicament expérimental qui a été administré à Donald Trump quand il a contracté la maladie. L'Allemagne a annoncé, dimanche 24 janvier, qu'elle avait commandé 200 000 doses de ce traitement. Mais il s'agit là d'une immunothérapie à base d'IgG de synthèse (anticorps présents naturellement dans le sang). "Il n'est pas question de le donner à grande échelle puisque c'est un traitement en intraveineuse" précise Djillali Annane.
Or, l'approche thérapeutique de B Cell Design est différente car elle se base sur les IgA, anticorps présents dans les muqueuses. Reproduits de manière artificielle, ces anticorps igA pourraient être déposés directement dans le nez, dans un geste beaucoup moins invasif et tout aussi efficace pour bloquer "la porte d'entrée" au virus”.
Cette approche va être déployée sur un axe anti-infectieux qui ne ciblera pas que la Covid, mais aussi d'autres indications. Il s'appuiera sur les données obtenues lors de notre approche sur le cancer digestif.
Traitement versus vaccin
Pour le directeur de B Cell Design, "ce n'est pas vrai que le vaccin est voué à l’échec, car il va générer une protection”. Mais il ne faut pas attendre qu’il fasse disparaitre la Covid du jour au lendemain.
“Le vaccin est la bonne stratégie pour éviter d’encombrer les hôpitaux. C’est d'ailleurs la seule solution.” En revanche, l'approche thérapeutique à base d’igA permettra de disposer de solutions alternatives si les vaccins se révélaient peu ou pas efficaces contre des mutants émergents.
L'avantage du concept de l'anticorps, c'est qu'il peut être rapidement adapté aux nouveaux variants si les mutations en altéraient l'efficacité.
L'aérosol à base d’anticorps igA devrait être déployé dans 18 ou 24 mois dans le cadre du projet Protectdiag, pour le compte de la direction générale de l’armement.