C'est un métier qui se développe mais qui reste peu connu : les infirmiers en pratique avancée. Grâce à des compétences plus poussées, ils peuvent notamment prescrire des médicaments. En psychiatrie, ils assurent un rôle d'écoute particulièrement précieux face au manque de médecins.
Dans son bureau du centre hospitalier Esquirol, à Limoges, Caroline Roux reçoit Isabelle, une patiente qu'elle connaît bien. La séance du jour porte sur une éventuelle reprise de la conduite, malgré des troubles psychiques. Au sein de cette unité spécialisée dans la psychiatrie des personnes âgées, Caroline n'est pas médecin, mais dispose tout de même d'un pouvoir de décision sur la question. Son métier : infirmière en pratique avancée (IPA). "On est là pour être entendu, elle prend le temps pour cela, assure Isabelle. En tout cas, moi, cela me fait avancer."
Profession méconnue, les IPA se développent pour faire face au manque de médecins. Elles permettent à des professionnels paramédicaux d'exercer des missions plus poussées, comme la prescription de médicaments, d'examens ou d'actes de suivi. "Je n'ai pas fait les mêmes études que les médecins, mais je pense qu'effectivement, j'améliore avec l'usager sa qualité de vie", affirme Caroline Roux.
Prendre de nouveaux patients plus rapidement
Avec un nouveau diplôme de niveau master 2, Caroline Roux travaille en lien étroit avec les praticiens, à travers des réunions régulières, pour parler des personnes prises en charge. "On fait un suivi que l'on peut déléguer à l'IPA, ce qui va nous permettre de nous décharger de patients stables et de pouvoir prendre de nouveaux patients plus rapidement", détaille Benjamin Calvet, psychiatre.
Le centre hospitalier Esquirol compte aujourd'hui neuf infirmières en pratique avancée. Nadège Sohier, par exemple, œuvre dans l'unité des troubles alimentaires. Elle reçoit les patients en consultation, qui s'habituent peu à peu à ce nouveau rôle : "Au début, une infirmière qui prescrit des médicaments, c'était nouveau... Mais maintenant, ça se fait très bien, avec de l'explication, tout se passe bien."
On n'utilise pas de bistouri, mais notre écoute doit être chirurgicale.
Philippe NubukpoPsychiatre.
Ces compétences nouvelles et élargies constituent un changement important pour les médecins aussi, qui ont dû accepter de déléguer certaines responsabilités. "Il vaut mieux qu'un patient soit vu par une infirmière en pratique avancée que par personne, affirme Philippe Nubukpo, psychiatre. Le plus que va apporter l'infirmière de psychiatrie, c'est la qualité de l'écoute. La psychothérapie est notre outil principal. Nous, on n'utilise pas de bistouri, mais notre écoute doit être chirurgicale."
Si la pénurie de médecins s'accroît dans les prochaines années, le nombre d'infirmières en pratique avancée augmentera, transformant encore plus le soin en véritable travail d'équipe.