Une nouvelle jeunesse pour la vénérable chapelle Saint Aurélien, joyau du patrimoine limougeaud

Dans les tuyaux depuis 2016, la nécessaire rénovation de la chapelle Saint-Aurélien, symbole s’il en est, de la ville de Limoges et de son quartier de la Boucherie, va enfin débuter. Une rénovation prévue en quatre phases, dont les deux premières vont être lancées juste au lendemain de la prochaine Frairie des Petits Ventres, en octobre prochain.

C’est un joyau cher au cœur des Limougeauds, et peu importe qu’ils soient croyants, ou même amateurs de viandes et autres tripailles : la chapelle des bouchers, la chapelle Saint Aurélien.

Construite entre 1471 et 1475 à l’instigation de la confrérie des Bouchers, au cœur même de leur fief limougeaud, la chapelle Saint Aurélien n’a connu depuis que peu de transformations : une première vers 1652, avec un agrandissement du chœur et le déplacement du clocher, l’autre vers 1775, avec une modification de la façade.

Quant aux derniers travaux importants de rénovations, ils remontent aux années 1960.

Des travaux nécessaires

Mais, point de miracle, le temps a fait son œuvre.

Et même si, comme le souligne Pierre Lamige, premier syndic de la confrérie de Saint Aurélien, aujourd’hui propriétaire de la chapelle, "le bâtiment n’est pas en péril et ne menace pas de s’effondrer, il souffre tout de même de pathologies importantes, au niveau de sa maçonnerie, de sa charpente et de sa toiture."

Et c’est en 2016 que ces importants travaux ont été pour la première fois évoqués, lors d’une réunion chez le père Jean-Marie Gaudron, président de la commission d’art sacré au diocèse de Limoges, à laquelle participait également Jean-Marie Brachet, membre de la confrérie et aujourd’hui en charge de la restauration.

Une onéreuse restauration

Restauration donc nécessaire, mais alors presque vœu pieux, tant elle s’annonçait onéreuse… Et compliquée, la chapelle étant inscrite aux Monuments Historiques.

En 2022, un coup de pouce est donné au projet par la Fondation du Patrimoine, qui le sélectionne dans le cadre de ses missions, et annonce un financement de 170 000€.

Restait tout de même à trouver la quasi-totalité du financement, le coût total des travaux étant estimé à près d’1.2 millions d’euros.

Si les collectivités locales et le ministère de la Culture, via la DRAC, ont annoncé des subventions, une campagne de dons et un appel au mécénat ont également été lancés, alors qu’études préalables et appels d’offres étaient réalisés.

Et une somme suffisante a été ainsi réunie pour débuter les deux premières phases de la rénovation, sur les quatre prévues.

Une rénovation locale

"Il était primordial pour nous que ce soient des entreprises locales qui réalisent les travaux."

Les souhaits de Pierre Lamige ont été exaucés, puisque les entreprises Blanchond, Maciéjowski ou encore l’Atelier du vitrail vont intervenir sur les travaux, conduits par le cabinet d’architecte bordelais BDF (mais dont le D n’est autre qu’Aurélien Dufour, limougeaud).

Le calendrier

À partir du 21 octobre prochain, au lendemain de la Frairie des Petits Ventres 2024 (18 octobre), la chapelle va, dans un premier temps, être entièrement recouverte d’un échafaudage bâché.

C’est le leader mondial du secteur, le groupe Altrad, qui va s’en charger. Détail non sans importance : cet échafaudage a un coût de près de 75 000€, mais c’est le groupe lui-même qui le prend en charge, via une opération de mécénat. 

Une fois la chapelle recouverte débuteront les travaux, principalement sur la toiture, la charpente, sur la maçonnerie extérieure, et sur les vitraux.

"Beaucoup de choses vont changer. Par exemple, les bardeaux actuels en châtaigner, qui connaissent tant de problèmes liés à l’humidité, seront supprimés. On va revenir, comme à l’origine, à de l’ardoise et du cuivre, qui remplacera également le zinc", souligne Pierre Lamige. "Mais il faut bien le comprendre, on change les matériaux, il n’y aura aucun changement sur l’édifice lui-même."

Si tout se passe bien, ces deux premières phases de rénovation devraient s’achever au printemps 2025, fin avril ou début mai.

Saint Aurélien toujours accessible

Une période durant laquelle la chapelle restera accessible.

"Il était indispensable pour nous que les offices puissent continuer à se dérouler, et les visites aussi. Mieux, l’échafaudage a été spécialement conçu pour que le chantier soit lui aussi visitable. On pourra également y accéder mais, contrairement à la chapelle, nous organiserons ces visites, pour des conditions de sécurité évidentes."

L'avenir

Quant à la suite, les phases 3 et 4 du projet, le calendrier reste plus flou.

"À ce moment-là débuteront les travaux sur la maçonnerie intérieure, sur l’électricité, puis enfin sur les décors, avec la restauration du retable, du statuaire et du mobilier. Ce financement-là n’est pas encore bouclé, mais nous y travaillons. La collecte de dons et l’appel au mécénat ne sont donc absolument pas terminés. Nous en avons plus que jamais besoin, d’autant que ces deux phases seront plus dures, car alors, pour des raisons évidentes, la chapelle ne sera plus accessible."

Pierre Lamige espère tout de même que tout pourra vite senchaînerr.

"Au mieux, nous souhaiterions que tout soit terminé en 2027, car la confrérie de Saint Aurélien organisera un grand événement français et européen, en accueillant des confréries de Pénitents. Au pire, il faudrait que ce soit fait pour les prochaines Grandes Ostentions, en 2030. Ce serait alors la fin de mon deuxième septennat à la tête de la Confrérie. Beau symbole peut-être, mais le plus tôt sera évidemment le mieux."