Dans une tribune intitulée « Pour de vrais horizons ! » en date du 26 janvier 2023, une cinquantaine d’acteurs culturels de la Haute-Vienne alerte sur la fragilité du secteur et dénonce des « soutiens aveugles aux projets à court terme et non viables », prenant l’exemple du festival Urban Empire dont l’organisateur, l’association Horizons Croisés, a été placée en liquidation judiciaire fin 2022.
C’est un cri d’alarme qui est lancé par une cinquantaine d’acteurs de la vie culturelle en Haute-Vienne. Dans une tribune en date du 26 janvier 2023, ils dénoncent de « nombreuses dérives actuelles qui portent atteintes à nos projets et génèrent des interrogations graves sur le fonctionnement et le futur des ressources artistiques et culturelles en Haute-Vienne".
Parmi les signataires, on retrouve les festivals Urbaka à Limoges, Graines de Rue à Bessines-sur-Gartempe ainsi que le Buis Blues Festival et Rock en Marche, mais aussi des responsables de structures comme Martin Palisse, directeur du Sirque et du festival Multi-Pistes à Nexon ou Thomas Desmaison, directeur du Théâtre du Cloître et du Festival National de Bellac.
Dans ce texte intitulé « Pour de vrais horizons ! », les mots sont choisis afin d'alerter sur un secteur culturel faisant face à « une situation de fragilité sans précédent ». Les signataires indiquent ainsi : « les attaques contre nos projets se multiplient depuis plusieurs années, singulièrement dans la capitale du département. Les baisses de financements, les suppressions d’activités, les structures mises en difficultés, les équipes et lieux fragilisés durablement sont devenus monnaie courante. »
Urban Empire, « miroir aux alouettes » ?
Les signataires de la tribune appellent à impérativement se questionner sur les critères de soutien et la valorisation des activités, prenant l’exemple du festival Urban Empire, dont l’organisateur, l’association Horizons Croisés, a été placée en liquidation judiciaire fin 2022. « Si nous ne pouvons nous réjouir de la disparition d’une association culturelle, la liquidation judiciaire de l’association Horizons Croisés, organisatrice, entre autres, du Festival Urban Empire à Limoges, met en lumière le risque de se laisser entraîner dans les mirages du "miroir aux alouettes" relayés par des couvertures médiatiques grandiloquentes, peut-on lire dans le communiqué.
"Accusant une dette de plus d’un million d’euros, et malgré des créances qui s’évaluaient déjà à plus de 800 000 € en 2019, cette association a pu bénéficier d’un soutien significatif des collectivités publiques et poursuivre ses activités, sans qu’un déficit d’une telle ampleur n’inquiète ou n’interroge les partenaires institutionnels. Et cela, au moment où les autres structures départementales se battent pour survivre, pour garder des équilibres financiers stables, pour rémunérer les salariés, les artistes et les prestataires ».
Contactée par notre équipe de reportage, la Mairie de Limoges, déjà accusée par son opposition lors du conseil municipal mi-novembre 2022, de mener une politique de renoncement, « taillant dans la culture et le monde associatif » n'a pas souhaité s'exprimer. Depuis le printemps de cette même année, les choix de la majorité municipale sur la réorganisation des centres culturels, bibliothèques et musées suscitent des inquiétudes de la part des personnels et des usagers.
Du côté du département de la Haute-Vienne, en revanche, Annick Morizio, première vice-présidente, conteste ces accusations : "Depuis toujours, nous avons maintenu, même dans les périodes les plus difficiles, celle que l'on connait aujourd'hui notamment, nous maintenons le même niveau d'accompagnement. Lors de la prochaine séance plénière qui aura lieu le 2 février prochain, nous allons valider l'engagement de la collectivité à un peu plus d'1,5 million pour le monde de la culture."