À 8 mois des JO en France et alors que le champion olympique Florent Manaudou vient d'affirmer que "la France n'est pas un pays de sport", la visite des installations sportives de l'université de Limoges sur le site de La Borie confirme le manque d'investissement depuis des années. La vétusté est telle que les étudiants ont lancé une pétition et les deux principaux responsables du sport universitaire viennent de démissionner.
En ce dimanche matin, les quelques coureurs présents sur la piste d'athlétisme de La Borie partagent tous le même constat : "ce n'est plus une piste, c'est un gruyère avec des trous et des rustines partout, et il ne reste tellement plus de tartan, que le sol est aussi dur que du bitume".
Mise en danger des étudiants
Cette piste illustre l'état des installations sportives de l'Université de Limoges, aujourd'hui dénoncé par une pétition lancée par le collectif des étudiants en STAPS.
Ils tirent la sonnette d'alarme car "les équipements sportifs connaissent une dégradation progressive qui atteint aujourd'hui des niveaux particulièrement alarmants : terrain de football en stabilisé impraticable, terrains de rugby avec de nombreux trous, piste d'athlétisme dégradée parsemée de trous et recouverte d'une mousse glissante, gymnase au plafond défectueux, au parquet endommagé et aux vestiaires fermés".
Le collectif estime que "ces éléments remettent en cause la possibilité de pratiquer dans de bonnes conditions et constituent une mise en danger des étudiants" et il réclame "une intervention immédiate".
Le sautoir de saut à la perche vient d'ailleurs d'être interdit pour des raisons de sécurité.
Démissions des deux responsables
Cette pétition intervient après les démissions du directeur du SUAPS (Service Universitaire des Activités Physiques Sportives) qui encadre les activités de pratique sportive de loisirs des étudiants, et de la directrice du STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) qui supervise la formation de plus de 650 étudiants dans les métiers du sport à Limoges (4 licences et 1 master).
Ces deux enseignants, Thomas Bauer et Sabine Villard ont, selon le collectif, jeté l'éponge face à une situation qui se dégrade et au "manque de considération de l'équipe présidentielle actuelle de l'Université".
La rénovation de l'ancienne bibliothèque préférée aux installations sportives
Sabine Villard estime que "chaque équipe à la tête de l'université rejette la faute sur la précédente et finalement ne fait rien".
Mais elle a surtout très mal vécu que la vice-présidente en charge de la vie étudiante, Barbara Bessette, ait choisi d'utiliser une réserve financière de 1,9 million d'euros pour financer le projet de transformation de l'ancienne bibliothèque de La Borie en salle de concert, alors que les installations sportives sont obsolètes.
Selon Sabine Villard, "la rénovation de la piste d'athlétisme est estimée à 1 million d'euros et celle du gymnase à environ 500.000 euros, ce qui aurait pu être financé avec cette réserve. D'autant que les collectivités locales sont prêtes à participer au financement de la rénovation des installations sportives, car elles sont également utilisées librement par tous les sportifs de la ville et des clubs".
Le collectif des étudiants rappelle d'ailleurs dans le texte de sa pétition, que "chaque étudiant contribue à hauteur de 100 € par an au CVEC (Contribution de Vie Etudiante et Campus qui représente environ 1 million d'euros par an à Limoges) et France Université (Association qui rassemble les dirigeants de l'enseignement supérieur en France) préconise que 15% de ces fonds soient fléchés pour le soutien au sport, alors que la vice-présidente vie étudiante de l'université de Limoges s'y oppose fermement".
La présidente de l'Université à l'écoute des étudiants
La Présidente de l'Université de Limoges, Isabelle Klock-Fontanille affirme "qu'il n'y a pas d'agressivité des étudiants à son égard, qu'un vrai dialogue s'est instauré et qu'elle n'est pas dans un rapport de force".
Elle ajoute que le directeur du SUAPS a démissionné pour des "raisons personnelles, bien avant le lancement de la pétition".
Elle a rencontré le collectif des étudiants, mercredi 15 novembre, pendant près de 3 heures et leur a annoncé que "les travaux de rénovation du gymnase (plancher, plafonds et vestiaires) vont débuter avec la perspective d'une rénovation achevée d'ici juin 2024, pour un montant de 500.000 €".
Une commission de sécurité devra très rapidement évaluer si, en attendant, le gymnase doit être fermé pour éviter tout incident.
La Présidente de l'Université ajoute qu'elle suit "personnellement" cette question et espère trouver le moyen de rénover la piste d'athlétisme, "dans le cadre d'un dialogue avec le Préfet et les collectivités locales".
Elle précise également que le CVEC devra se prononcer pour attribuer 100.000 € par an à la rénovation des installations sportives.
Pas de candidat pour remplacer les démissionnaires
À ce jour, "il n'y a aucun candidat pour remplacer les deux directeurs démissionnaires", affirme Sabine Villard et c'est, à court terme, l'enseignement et la formation des étudiants qui sont menacés, car "la pratique de l'athlétisme représente deux semestres de formation et près de 2h par semaine et les autres installations sportives et notamment la piste municipale de Beaublanc sont déjà très largement occupées par les clubs".
Un colloque européen sur les politiques sportives
Cette crise au sein du sport universitaire à Limoges intervient à quelques jours d'un colloque européen au stade Beaublanc, vendredi 24 novembre. Ce 27ᵉ colloque Europa a justement pour thème : "les politiques publiques du sport en Europe, pour faire gagner les territoires et porter les valeurs".
À cette occasion, Sabine Villard et le collectif STAPS souhaitent interpeller Marie-Amélie Le Fur, 9 fois médaillée aux Jeux Paralympiques et présidente du Comité d'organisation des Jeux Paralympiques de Paris 2024, sur la prise en compte du sport à l'université.