La saison estivale est bien entamée et face à la pénurie de sauveteurs, certaines piscines ont été contraintes d'ouvrir avec des dérogations leur permettant de faire travailler des surveillants de baignade à la place des maîtres-nageurs. (Republication du 26 mai 2023)
Alors que la noyade représente la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans, les professionnels peinent à recruter des maîtres-nageurs et des surveillants de baignade titulaires d'un Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA).
"On est obligé de demander une dérogation"
En Haute-Vienne, faute de recrutement, la piscine municipale d'Isle a ouvert ses portes au public le 17 juin dernier avec une dérogation lui permettant de remplacer ses maîtres-nageurs par des surveillants de baignade. "J'ai beaucoup de mal à recruter des maîtres-nageurs qui ont un diplôme pour enseigner la natation et les cours d'aquagym. Cette année, on en a reçu, mais ils ont signé dans d'autres piscines, donc nous, on est obligé de faire travailler que des BNSSA et de demander une dérogation", constatait Nicolas Laylavoix, responsable des services sports de la ville d'Isle, fin mai 2023.
Attractivité du métier
Maîtres-nageurs et surveillants de baignades deviennent des perles rares, convoitées par les municipalités. Selon plusieurs fédérations, il manquait, fin mai, jusqu'à 5 000 maîtres-nageurs sauveteurs en France. Un constat symptomatique d'un changement sociétal, constaté par la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), qui entraine les futurs sauveteurs.
Il y a dix ans, les jeunes voulaient faire la saison et travailler pendant un ou quatre mois, donc on n'avait pas de mal à recruter. Maintenant, ils veulent tous avoir un mois de congé et bien souvent, c'est le mois d'août. Le métier n'est pas assez bien payé également.
Stéphane GayvramaDirecteur de la SNSM 87
Maître-nageur et surveillant de baignade : quelles différences ?
La carence en sauveteurs professionnels est devenue un véritable enjeu de sécurité publique. Récemment, le dossier est même arrivé sur la table du ministère chargé des Sports et des Jeux Olympiques après l'interpellation du sénateur Yves Detraigne.
Dans celle-ci, le député soulignait, entre autres, la différence importante de formation entre un maître-nageur sauveteur (MNS) et un surveillant de baignade titulaire du Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). Aussi, il revenait sur les dérogations préfectorales autorisant les surveillants de baignade à surveiller, en autonomie, les établissements de baignade "pendant une durée maximale de quatre mois par an", peut-on lire sur le site du Sénat.
En pleine accélération du nombre de noyades, le ministère chargé des Sports doit plutôt travailler à une meilleure reconnaissance des MNS qui dénoncent les conditions de travail qui se dégradent, le manque de postes ouverts à la formation sur l'ensemble du territoire, les horaires en coupe, la paie peu attractive.
Yves DétraigneSénateur de la Marne (Union Centriste), dans une question écrite à l'attention de la ministre chargée des Sports et des Jeux Olympiques
Chaque année, en Haute-Vienne, la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) forme une cinquantaine de futurs sauveteurs, qui surveillent les plages de nos lacs et de certaines piscines publiques ou privées.